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Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Titel: Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sinclair McKay
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Edward Travis envoya une note interdisant l’envoi de télégrammes de célébration, sauf circonstances tout à fait particulières, auquel cas ils devaient lui être soumis pour approbation.
    Pourquoi une telle anxiété ? Tout d’abord, la guerre avec le Japon n’était pas terminée. Ensuite, même dans l’euphorie de la victoire, Travis et d’autres responsables de Bletchley Park avaient bien conscience de la nécessité d’assurer la sécurité face à une nouvelle donne géopolitique plutôt tendue.
    Dans l’esprit collectif figure aujourd’hui l’image d’un jour de victoire avec une foule débordante de joie envahissant les rues de Londres, des hommes et des femmes bras dessus bras dessous, des gens perchés sur les réverbères, des rues baignées de lumière après des années de pannes d’électricité, des gens ivres de bonheur au sens propre, dansant et s’embrassant jusqu’au bout de cette nuit parfaite.
    Malgré les restrictions, rien ne put en effet arrêter les célébrations à Bletchley. Lorsque le jour se leva, se souvient un ancien de la maison, « nous nous sommes rassemblés sur la pelouse, devant le manoir, pour entendre que la guerre avec l’Allemagne était terminée. Il y eut une gigantesque acclamation et un enthousiasme débordant, même si notre joie était tempérée car il restait à s’occuper des Japonais avant de pouvoir rentrer à la maison. Retour à nos machines à déchiffrer. »
    Une autre raison les poussait à se remettre devant leurs machines. Depuis le début de la guerre, la cible des casseurs de codes n’était pas seulement les messages allemands, mais également les communications russes. Et à Bletchley, ainsi qu’au sein de la hiérarchie militaire et du renseignement, tous les regards étaient maintenant tournés vers « la prochaine guerre », à savoir l’éventualité de devoir affronter une Russie dominante ayant des velléités de colonisation de certaines parties de l’Europe.
    Rappelons-nous qu’au début des années 1920, les Britanniques avaient fait de leur mieux pour surveiller le trafic radio secret soviétique. En 1939, rien ne poussait à cesser cette surveillance, surtout face au pacte Molotov-Ribbentrop qui abjurait toute agression entre la Russie et l’Allemagne. Par conséquent, à l’heure de l’invasion russe de la Finlande en 1940, avec l’énorme quantité de messages chiffrés supplémentaires générés, Bletchley parvint à déceler les codes russes. Lorsque les Allemands envahirent la France, les casseurs de codes polonais exilés à Paris furent de nouveau contraints de fuir, cette fois-ci en Grande-Bretagne. Et depuis l’antenne de Stanmore, dans le Middlesex, ces Polonais réussirent à intercepter et lire le trafic radio russe en provenance d’Ukraine.
    Lorsque l’Allemagne envahit la Russie en 1941, l’ours redoutable apparut soudainement comme un allié des Britanniques. On fit circuler officiellement l’information afin que ce pays soit traité en tant que tel et Churchill ordonna que cessent les opérations de renseignement contre la Russie. Mais ce ne fut pas entièrement le cas.
    En septembre 1944, le chef du MI6, Sir Stewart Menzies, eut des discussions avec Sir Edward Travis, Gordon Welchman et le colonel Tiltman. Ces échanges avaient pour thème le besoin urgent de suivre le rythme de l’évolution de la technologie de chiffrement soviétique (voire de prendre une longueur d’avance). Certains membres du baraquement 3, dont un officier américain, reçurent l’ordre de se concentrer sur les équipements de l’Armée rouge les plus évolués. Puis vint le jour de la victoire et il apparut clairement que, même après la défaite des Japonais, un noyau de cryptanalystes demeureraient au sein de l’institution, même s’ils ne resteraient pas au sein du Park proprement dit.
    Bien entendu, à l’instar de tout autre aspect de l’effort de guerre, la victoire de mai 1945 ne se traduisit pas instantanément par la fin des obligations des différents protagonistes. Jean Valentine déclare : « Lorsque la guerre s’arrêta en Europe, ma mère m’écrivit à Ceylan pour me dire : “N’est-ce pas merveilleux que la guerre soit terminée, quand rentres-tu à la maison ?” Ma mère ne voyait pas pourquoi je ne pouvais pas rentrer immédiatement. Je lui ai répondu : “Maman, désolée, mais ce n’est pas fini ici.” »
    Mais ce n’était pas seulement parce que la guerre

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