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Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Titel: Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sinclair McKay
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Hodges, Turing, accompagné de deux jeunes recrues, Robin Gandy et Donald Bayley, s’installa dans un coin d’un laboratoire d’Hanslope. Malgré le caractère résolument militaire de l’établissement, contrairement à Bletchley, Turing demeurait l’archétype de l’expert de guerre, avec ses pantalons brillants, sa chevelure mal peignée et les bruits étranges qu’il faisait inconsciemment lorsqu’il était en plein travail.
    Turing excellait en électronique vu son parcours d’autodidacte, mais c’est Bayley qui apportait un certain sens de l’organisation. Il y eut une période de turbulences quand Turing dit à Bayley qu’il était homosexuel. N’ayant entendu parler de ce genre de choses qu’à travers des blagues salaces, il était horrifié. Le différend, qui aurait pu se traduire par un silence gêné, gagna en intensité et se transforma en concours de hurlements. Mais les deux hommes parvinrent à trouver un terrain d’entente car Bayley continua de travailler avec Turing, et ce malgré son opinion concernant l’orientation sexuelle de son collègue. Leur collaboration devait ainsi porter magnifiquement ses fruits, si tant est que quelqu’un s’en soit aperçu.
    Turing choisit d’abord de dormir dans la vieille maison du domaine d’Hanslope, puis, un peu comme à Bletchley, de s’installer dans un cottage près du potager du Park, en compagnie de Robin Gandy et d’un chat roux. Les deux hommes allaient se promener, curieusement accompagnés du chat. Lorsque Turing était agacé par le travail ou par le comportement de son entourage, il partait courir longuement dans la campagne.
    S’il s’agissait toujours d’une base top secrète, Hansley Park n’était pas Bletchley, tout en étant très similaire sur un point : Turing eut de nouveau une vie sociale, avec un vrai sentiment de communauté. L’âme du lieu était certes plus militaire, avec le port de vestons de tenue de soirée lors de dîners chics (un smoking pour Turing) et autres caractéristiques de ce genre, mais on comptait également des fêtes, de la danse avec des filles de l’ATS, des potins et des intrigues. Turing était plutôt populaire.
    Il associait sa qualité d’expert excentrique à une allure étonnamment jeune, au point que certains pensaient qu’il ne faisait pas ses 34 ans, d’où un certain succès aussi bien chez les hommes que chez les femmes. Son charme opérait indépendamment de toute classe sociale. Il semblait frayer avec les soldats d’origine ouvrière et avec des personnes d’autres horizons avec le même bonheur. Il donnait même des cours de mathématiques de haut niveau.
    À l’aube de 1945, Turing et Bayley continuèrent de s’acharner sur le labyrinthe de câbles et valves du système Dalila, réalisant des calculs toujours plus complexes basés sur des équations et fréquences en kilohertz. Au printemps, ils étaient parvenus à chiffrer un discours de Churchill, la version codée ressemblant au sifflement d’un bruit blanc. Mais le conflit touchait à sa fin et le caractère d’urgence avait disparu. Aussi extraordinaires que pouvaient être les avancées techniques, l’armée avait désormais d’autres choses en tête. Ce genre de chiffrement figurait loin sur la liste des priorités.
    La question était maintenant la suivante : quels pans du travail scientifique de Turing bénéficieraient d’un soutien public, voire privé, en temps de paix ? Son poste d’enseignement et de recherche au sein du King’s College fut renouvelé pour trois ans supplémentaires, ce qui lui rapportait 300 livres par an et lui offrait une liberté universitaire. Il fut également fait officier de l’ordre de l’Empire britannique. Pour des raisons de sécurité, ce genre de récompense était rare. On craignait également que cette citation ne fournisse des indications sur le travail qui avait été effectué.
    Cependant, vu le manque d’enthousiasme pour le système Dalila (il semble que le Post Office travaillait sur ses propres techniques de chiffrement à but commercial), Turing souhaita reprendre la question qui le hantait depuis les années 1930, à savoir la construction d’une machine capable de penser, véritable cerveau électronique. Une machine de Turing universelle, d’une telle complexité qu’elle pourrait non seulement effectuer très rapidement toutes sortes de calculs, mais aussi stocker elle-même une trace du processus utilisé.
    Dans les années 1930,

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