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Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Titel: Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sinclair McKay
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malgré le caractère révolutionnaire de la théorie, il restait difficile d’imaginer comment la technologie des valves de l’époque pouvait permettre sa mise en pratique. Puis vint 1943 et la brillante opération de la machine Colossus, avec ses milliers de valves fonctionnant à l’unisson. Soudain, tout un éventail de possibilités s’ouvrit.
    King’s College devrait attendre car les mathématiciens et physiciens du National Physical Laboratory du sud-ouest de Londres avaient eu vent, malgré la sécurité et le secret organisés au cours des dernières années, de la réputation de Turing et ils souhaitaient le recruter. Turing vit là l’occasion de concrétiser enfin sa vision. L’objectif était simple : la logique humaine pouvait certainement être reproduite dans une machine grâce aux impulsions électroniques.
    Dans les mois et années qui suivirent, ses travaux (la construction d’une machine occupant une pièce entière, avec plein de cadrans, câbles et valves) finiraient par conduire Turing à l’université de Manchester. Il s’acheta une maison en banlieue, fit de ses voisins des amis fidèles et commença à prospecter dans les quartiers de la ville renfermant des hommes de même sensibilité et des jeunes gens opportunistes qui se comprenaient rien que par le regard.
    Turing rencontra un jeune homme du nom d’Arnold Murray, qu’il invita à dîner chez lui à plusieurs reprises. Puis il lui proposa de passer la nuit chez lui. Selon Andrew Hodges, leur relation fut immédiatement difficile, étrange et curieusement touchante, le gamin trouvant que l’intelligence et les origines aristocratiques de Turing lui ouvraient les yeux.
    Mais l’argent vint ensuite à manquer. Turing soupçonna aussitôt Murray. Le ton monta entre eux. Après le cambriolage de la maison de Turing, Murray, confondu, avoua qu’il connaissait l’identité du cambrioleur, un certain Harry, rencontré peu de temps auparavant, alors que ce dernier avait prévu de commettre un crime. Turing se rendit à la police avec ces informations sur « Harry ».
    Mais l’histoire se retourna soudain contre Turing. La police attrapa Harry, lequel raconta dans sa déposition les nombreuses visites qu’Arnold Murray rendait au chercheur. Les forces de l’ordre décidèrent alors de s’intéresser à lui.
    Turing ne dissimula pas son comportement homosexuel. Ainsi, alors que l’inspecteur Mills était chez lui, Turing lui offrit du vin et lui joua quelques vieux airs au violon. Il n’avait jamais caché son orientation sexuelle à ses amis les plus proches, au point de lancer des plaisanteries sur les hommes qu’il trouvait séduisants. Mais, en 1952, le thème de l’homosexualité générait une sorte de mini-hystérie en Grande-Bretagne.
    Il y avait eu la célèbre affaire de Lord Montagu et du journaliste Peter Wildeblood, sans parler d’un policier en civil qui avait tendu un piège à l’acteur John Gielgud dans des toilettes publiques. Ce thème faisait sensation, à la une des tabloïds du dimanche. Turing fut inculpé d’attentat à la pudeur. Il ne semblait pas comprendre comment on pouvait l’imaginer auteur d’un crime.
    Au procès de Turing, Max Newman et Hugh Alexander, désormais au GCHQ de Cheltenham, déposèrent comme témoins de moralité. Turing fut jugé coupable mais échappa à la prison. Cependant, dans le cadre de sa liberté conditionnelle assortie d’une mise à l’épreuve d’un an, on l’obligea, pendant environ un an, à se soumettre à une « organothérapie » au Manchester Royal Infirmary. En bref, il s’agissait d’une forme extrêmement primitive de traitement hormonal à base d’œstrogènes. Pendant un moment, Turing se retrouva impuissant et des seins commencèrent à lui pousser.
    Néanmoins, si le procès avait bien entendu fait du bruit au sein de l’université de Manchester et même si le GCHQ avait supprimé son autorisation officielle, il avait été autorisé à conserver son poste. Et, à ce stade, il suscitait l’admiration au sein de la communauté scientifique britannique. Lors des conférences, les mathématiciens se disputaient son attention. Ses travaux sur la machine de Turing Mark II, ordinateur encore plus gros que le premier, étaient en cours. Il parvint même à organiser une réunion avec son ancien collègue, le professeur Bayley, qui vivait désormais à Woburn Sands, près de Bletchley. Par défi, Turing ne se montra pas contrit au sujet

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