Les chasseurs de mammouths
ou à l’autre, ou si un jeune homme et une jeune femme
désirent créer un nouveau Camp, on peut adopter une sœur ou un frère. Mais ne t’inquiète
pas. J’ai bien des choses que tu pourras offrir, Ayla, et Latie elle-même a
proposé certains des objets qu’elle possède pour en faire des cadeaux.
— Mais j’ai choses à donner, Nezzie. J’ai choses dans
caverne de vallée. Je passe années à faire beaucoup de choses.
— Il n’est pas nécessaire que tu retournes là-bas... fit
Tulie.
Elle pensait à part elle que tout ce que pourrait posséder la
jeune femme élevée chez les Têtes Plates serait probablement d’une facture
grossière. Comment dire à Ayla que ses cadeaux ne seraient sans doute pas
acceptables ? Cela pourrait être embarrassant.
— Je veux retourner, insista Ayla. Autres choses j’ai
besoin. Plantes pour guérir. Nourriture en réserve. Et manger pour chevaux.
Elle se tourna vers Jondalar.
— Je veux retourner.
— C’est possible, je suppose. Si nous faisons vite, sans
nous arrêter en route, nous pourrons y arriver, je crois... à condition que le
temps s’améliore.
— Généralement, dit Talut, après la première morsure du
froid, comme ces jours-ci, nous avons une période de beau temps. Mais c’est
imprévisible. Tout peut changer d’un instant à l’autre.
— Eh bien, si le temps veut bien nous sourire, peut-être prendrons-nous
le risque de retourner à la vallée, déclara Jondalar.
Il trouva sa récompense dans l’un des plus beaux sourires d’Ayla.
Il voulait, lui aussi, rapporter certaines choses. Ces pierres à
feu avaient fait grosse impression, et la berge rocheuse, au détour de la
rivière dans la vallée d’Ayla, en était criblée. Un jour, il l’espérait, il
repartirait chez lui et partagerait avec son peuple tout ce qu’il aurait appris
et découvert : les pierres à feu, le propulseur et, pour Dalanar, la façon
dont Wymez chauffait le silex. Un jour...
— Revenez vite, cria Nezzie.
De sa main levée, la paume tournée vers l’intérieur, elle leur
faisait des signes d’adieu.
Ayla et Jondalar la saluèrent de même. Montés tous les deux sur
Whinney, avec Rapide derrière eux, à la longe, ils dominaient les gens du Camp
du Lion qui s’étaient rassemblés pour leur départ. Ayla avait beau être
surexcitée à l’idée de retrouver la vallée qui l’avait abritée trois années
durant, elle ressentait une pointe de tristesse à laisser derrière elle ceux
qui faisaient déjà pour elle figure de famille.
Rydag et Rugie, de chaque côté de Nezzie, s’accrochaient à elle
en agitant la main. La jeune femme ne put s’empêcher de remarquer le peu de
ressemblance entre eux. L’une était, en plus petit, une reproduction de
Nezzie ; l’autre était à demi Tête Plate. Pourtant, ils avaient été élevés
comme frère et sœur. Ayla se rappela soudain qu’Oga avait nourri Durc en même
temps que son propre fils, Grev, en frères de lait. Grev était entièrement Tête
Plate, Durc ne l’était qu’à moitié : la différence entre était eux aussi
considérable.
Elle fit avancer Whinney d’une pression des jambes, d’un
imperceptible changement de position. Ces signaux étaient devenus pour elle une
seconde nature, c’était à peine si elle pensait guider ainsi la jument. Ils
virèrent, entreprirent la montée de la pente.
Le retour vers la vallée n’eut rien du voyage par petites étapes
qu’ils avaient fait dans l’autre sens. Ils maintenaient une allure régulière,
sans jamais s’écarter de leur route pour explorer les environs ou pour chasser,
sans s’arrêter assez tôt dans la journée pour se détendre ou pour profiter des
Plaisirs. En quittant la vallée, ils pensaient y revenir. Ils avaient donc noté
des points de repère : certains affleurements, des plateaux, des
formations rocheuses, des vallées et des cours d’eau. Mais le changement de
saison avait altéré le paysage.
La végétation avait en partie changé d’aspect. Les vallées
protégées où ils avaient fait étape avaient connu une transformation saisonnière
qui produisait une désagréable impression d’étrangeté. Les bouleaux et les
saules arctiques avaient perdu toutes leurs feuilles ; leurs membres
dépouillés, frissonnants au vent, paraissaient ratatinés, sans vie. A leur
place dominaient les conifères – épicéas, mélèzes, sapins –, robustes
et fiers, dans toute la vigueur de leurs aiguilles
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