Les chasseurs de mammouths
ensemble et, dans un tonnerre de sabots, un envol de
longues queues, gravirent la pente au galop pour retrouver la steppe. Les deux
humains, sur le dos de la jument, s’immobilisèrent pour les suivre des yeux. Le
poulain, qui suivait à la longe, en fit autant.
Rapide, la tête dressée, les oreilles pointées en avant, s’avança
le plus loin possible, puis, le cou tendu, les naseaux élargis, les regarda s’éloigner.
Whinney l’appela d’un léger hennissement, avant de se remettre en marche. Il
revint vers elle, se remit à la suivre.
A vive allure, le jeune couple et les bêtes allaient vers l’amont,
vers l’étroit débouché de la vallée. Ils voyaient devant eux la petite rivière
contourner brutalement sur la droite, dans un tumulte de remous, une avancée de
la muraille et une plage encombrée de rochers. De l’autre côté s’élevait un
imposant amas de grosses pierres, de bois flotté, d’os, de bois, de cornes et
de défenses. Il y avait là les squelettes d’animaux tombés des steppes ou d’autres
qui s’étaient laissé surprendre par une brusque crue, que l’eau avait emportés
et jetés contre la muraille.
Ayla mourait d’impatience. Elle se laissa glisser du dos de
Whinney, grimpa en courant un étroit sentier jusqu’au sommet de la muraille qui
formait une corniche devant une cavité ouverte dans la falaise. Elle faillit y
pénétrer sans ralentir sa course mais se reprit au dernier moment. C’était le
lieu où elle avait vécu seule, et, si elle avait survécu, c’était parce que
jamais, un seul instant, elle n’avait oublié d’être sur le qui-vive en
prévision d’un possible danger. Les êtres humains n’étaient pas les seuls à
chercher abri dans les cavernes. Tout en approchant prudemment le long de la
muraille, elle dénoua sa fronde dont elle s’était entourée la tête, se baissa
pour ramasser quelques cailloux.
Avec précaution, elle regarda à l’intérieur. Ses yeux ne
rencontrèrent que ténèbres. Son odorat, lui, décelait une légère odeur de bois
brûlé depuis longtemps et la senteur musquée, un peu plus récente, d’un
glouton. Mais, là encore, c’était une odeur ancienne. Elle franchit le seuil de
la caverne, laissa à ses yeux le temps de s’accoutumer à la pénombre, avant de
regarder autour d’elle.
Elle sentit ses paupières se gonfler de larmes, s’efforça
vainement de les retenir. Elle était là, sa caverne. Elle se retrouvait chez
elle. Tout ici lui était familier. Pourtant, les lieux où elle avait si
longtemps vécu semblaient abandonnés. La lumière qui entrait par un trou
au-dessus de l’entrée lui montra que son odorat ne l’avait pas trompée. Un
examen plus approfondi amena sur ses lèvres une exclamation consternée. La
caverne était dans un désordre innommable. Un animal ou même plusieurs s’y
étaient introduits et avaient laissé partout les traces de leur présence. Elle
ne mesurait pas encore l’étendue des dégâts.
Jondalar apparut alors à l’entrée, suivi par Whinney et Rapide.
La caverne, pour la jument aussi, avait été son foyer, et c’était le seul qu’eût
connu Rapide, jusqu’au jour de leur arrivée au Camp du Lion.
— Nous avons eu un visiteur, semble-t-il, dit Jondalar,
devant la dévastation. Quel fouillis !
Ayla soupira longuement, essuya une larme.
— Je vais faire du feu et allumer des torches. Nous verrons
alors ce qui a été gâté ou détruit. Mais, d’abord, je vais décharger Whinney,
pour lui permettre de paître et de se reposer.
— Crois-tu prudent de les laisser en liberté ? Rapide
avait l’air tout prêt à suivre ces chevaux sauvages. Peut-être devrions-nous
les attacher. Jondalar n’était pas tranquille.
— Whinney a toujours vécu en liberté, protesta Ayla. Il n’est
pas question de l’attacher. C’est mon amie. Elle reste avec moi de son plein
gré. Il lui est arrivé une fois d’aller vivre avec un troupeau, parce qu’elle
avait besoin d’un étalon, et elle m’a bien manqué. Je ne sais pas ce que j’aurais
fait si je n’avais pas eu Bébé. Mais elle est revenue. Elle restera près de
moi, et, aussi longtemps qu’elle sera là, Rapide restera, lui aussi, au moins
jusqu’à ce qu’il soit adulte. Bébé m’a laissée. Rapide pourrait partir, lui
aussi, comme les enfants, quand ils sont grands, quittent le foyer de leur
mère. Mais les chevaux ne sont pas comme les lions. S’il devient un ami, comme
Whinney, il pourrait
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