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Les chasseurs de mammouths

Les chasseurs de mammouths

Titel: Les chasseurs de mammouths Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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m’aimait !
Elle n’était pas censée s’éprendre de moi, pas plus que je ne devais tomber
amoureux de ma donii ! J’étais chargé de faire d’elle une femme, de lui
enseigner ce qu’étaient les Plaisirs, certainement pas de l’amener à m’aimer.
Je me suis efforcé de ne pas froisser ses sentiments mais j’ai bien vu sa
déception lorsque j’ai enfin réussi à lui faire comprendre mes paroles.
    Il s’arrêta devant Ayla, lui cria presque :
    — Ayla, c’est un acte sacré, de faire d’une jeune fille une
femme. C’est un devoir, une responsabilité, et, une fois encore, j’avais
profané cet acte !
    Il se remit en marche.
    — Ce n’était pas la dernière fois. Je m’étais promis de ne
jamais recommencer, mais tout se passa de la même manière, la fois suivante. Je
me suis fait alors une autre promesse : je n’accepterais plus de jouer ce
rôle, je ne le méritais pas. Mais, quand je fus de nouveau choisi, je ne pus
refuser. J’en avais trop envie. On me choisissait souvent, et je me mis à
attendre ces occasions avec impatience : il me tardait de retrouver les
émotions d’ardeur, d’amour éprouvées ces nuits-là, même si, le lendemain, je me
haïssais d’avoir utilisé, à mon seul bénéfice, la jeune fille et le rite sacré
de la Mère.
    Il s’arrêta, s’accrocha à l’un des pieux entre lesquels elle
faisait sécher ses herbes et la regarda.
    — Mais, au bout d’une année ou deux, j’ai compris que je
faisais fausse route, et que la Mère me punissait. Les hommes de mon âge
trouvaient des compagnes, s’installaient, montraient avec fierté les enfants de
leur foyer. Moi, j’étais incapable de découvrir une femme à aimer de cette
manière. J’en connaissais beaucoup, je les appréciais pour leur compagnie,
leurs Plaisirs, mais, lorsque j’éprouvais de l’amour, c’était seulement quand
je ne le devais pas... à l’occasion des Premiers Rites et uniquement cette
nuit-là.
    Il baissait maintenant la tête.
    La stupeur la lui fit relever : il venait d’entendre un
rire tendre.
    — Oh, Jondalar, mais tu es tombé amoureux. Tu m’aimes, n’est-ce
pas ? Ne comprends-tu pas ? Tu ne subissais pas un châtiment. Tu m’attendais.
Je te l’ai dit : mon totem t’a conduit vers moi, la Mère aussi, peut-être,
mais tu as eu un long chemin à parcourir. Tu as dû patienter. Si tu étais tombé
amoureux plus tôt, jamais tu ne serais venu. Jamais tu ne m’aurais trouvée.
    Se pouvait-il qu’elle eût raison ? se demandait-il. Il
avait envie d’y croire. Pour la première fois depuis des années, il sentait s’alléger
le fardeau qui avait pesé sur son esprit. L’ombre d’un espoir passa sur son
visage.
    — Et Zolena, ma donii ?
    — Je ne crois pas qu’il était mal de l’aimer. Mais, même si
tu as ainsi transgressé vos coutumes, tu en as été châtié, Jondalar. On t’a
exilé. Tout cela est du passé, maintenant. Tu n’as plus à ressasser tes
souvenirs, à te punir.
    — Mais les jeunes filles, lors des Premiers Rites... L’expression
d’Ayla se durcit.
    — Jondalar, sais-tu combien il est terrible d’être forcée,
la première fois ? Sais-tu ce qu’on ressent quand on doit subir avec
horreur ce qui n’est pas un Plaisir mais une épreuve douloureuse,
répugnante ? Peut-être n’avais-tu pas le droit de tomber amoureux de ces
jeunes femmes, mais elles ont dû être merveilleusement heureuses d’être
traitées avec tendresse, d’éprouver les Plaisirs que tu sais si bien donner, de
se sentir aimées, cette première fois. Si tu leur as offert seulement une
petite part de ce que tu me donnes, alors, tu leur as laissé un magnifique
souvenir à conserver en elles tout le reste de leur vie. Oh, Jondalar, tu ne
leur as fait aucun mal. Tu as agi exactement comme tu le devais. Pourquoi, à
ton avis, te choisissait-on si souvent ?
    Jondalar commençait à se libérer du fardeau de honte, de mépris
de soi, qui était resté si longtemps enfoui au plus profond de lui-même. Il
accueillait l’idée que, peut-être, sa vie avait un but, que les pénibles
expériences de sa prime jeunesse avaient eu leur raison d’être. Il entrevoyait
la possibilité que ses actes n’avaient pas été aussi méprisables qu’il l’avait
cru. Peut-être avait-il une certaine valeur... et il désirait par-dessus tout s’en
convaincre.
    Toutefois, il avait du mal à se débarrasser de la charge
émotionnelle qui l’accablait depuis si

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