Les chasseurs de mammouths
opérations d’un air intéressé, poussa un petit
hennissement et se vit, elle aussi, accorder quelques attentions.
Quand ce fut au tour d’Ayla de replacer la peau, elle lâcha en
même temps la longue lanière, tendit le bras sous le ventre du poulain pour en
rattraper le bout et fit un nœud pour retenir la peau. Cette fois, lorsque
Rapide voulut la tirer avec ses dents, la peau résista. Cela lui déplut. Il rua
pour s’en débarrasser. Mais il finit par trouver une extrémité encore lâche, se
mit à tirer dessus avec les dents, jusqu’au moment où il la fit glisser de
dessous la lanière. Il entreprit ensuite de faire tourner celle-ci, découvrit
le nœud, s’y attaqua, finit par le défaire. Il ramassa la peau avec les dents
pour la déposer aux pieds d’Ayla, avant de repartir chercher la lanière. Ayla
et Jondalar éclatèrent de rire en le voyant caracoler, tête haute, comme s’il
était très fier de lui-même.
Le poulain permit à Jondalar de lui remettre la peau sur le dos
et de l’attacher. Il se promena un moment dans cet équipage, avant de se faire
un jeu de s’en débarrasser une fois de plus. Mais, déjà, il se désintéressait
de l’affaire. Ayla replaça la peau, et il la garda tandis qu’elle le flattait
et lui parlait. Elle tendit ensuite la main vers le dispositif qu’elle avait
conçu pour l’habituer : deux corbeilles attachées ensemble, afin de pendre
sur chaque flanc, et lestées de pierres, et deux bâtons qui se croisaient et
dépassaient comme les perches d’un travois.
Elle disposa le tout sur le dos de Rapide. Il coucha les
oreilles, tourna la tête en arrière pour se faire une idée de ce qui se
passait. Il n’était pas habitué à sentir un poids sur son dos mais, durant une
grande partie de sa vie, on s’était appuyé sur lui, on l’avait manipulé de bien
des manières, de sorte qu’il était accoutumé à certaines pressions. L’expérience
ne lui était donc pas totalement étrangère, mais, surtout, il faisait confiance
à la femme, comme le faisait sa mère. Elle laissa le dispositif en place
pendant qu’elle lui parlait, le flattait, le grattait. Quand elle ôta le tout,
lanière et peau comprises, il les flaira encore une fois, s’en désintéressa.
— Nous devrons peut-être rester ici un jour ou deux de
plus, mais ça ira, je pense, annonça la jeune femme, radieuse, tandis qu’ils
revenaient vers la caverne.
— Sans doute ne serait-il pas capable de traîner une charge
sur des perches, comme le fait Whinney mais je crois que Rapide pourra porter
un fardeau.
— Espérons que le temps va se maintenir encore quelques
jours, répondit Jondalar.
— Si nous essayons de ne pas monter Whinney, nous pourrons
mettre une botte de foin à l’endroit où nous nous asseyons, Jondalar. Je l’ai
liée solidement, cria Ayla à l’homme qui, sur la grève au-dessous d’elle,
cherchait pour la dernière fois des pierres à feu.
Les chevaux étaient en bas, eux aussi. Whinney, attelée au
travois, portait deux hottes et une énorme charge sur la croupe. Elle attendait
patiemment. Les paniers qui pendaient sur les flancs rendaient Rapide plus
nerveux. L’habitude de porter une charge n’était pas encore ancrée en lui, c’était
un véritable cheval des steppes, un animal trapu, solide, d’une force
exceptionnelle et habitué à vivre à l’état sauvage.
— Je croyais que tu emportais du grain pour eux. A quoi bon
prendre du foin ? Il y a plus d’herbe qu’il n’en faut sur notre route.
— Quand vient une forte chute de neige ou, pis encore,
quand la glace durcit par-dessus, ils ont du mal à trouver l’herbe, et trop de
grain peut les faire enfler. Il est bon d’avoir une ration de foin pour un jour
ou deux. Les chevaux, en hiver, peuvent mourir de faim.
— Jamais tu ne laisserais ces chevaux mourir de faim, Ayla,
même si tu devais briser la glace et couper l’herbe toi-même, dit Jondalar en
riant. Mais peu m’importe de marcher ou de faire la route à cheval.
Il leva la tête vers le ciel d’un bleu pur, et son sourire s’effaça.
— De toute manière, chargées comme le sont ces bêtes, il
nous faudra plus de temps pour le retour.
Trois autres pierres d’aspect banal bien serrées dans sa main,
il s’engagea sur le sentier qui montait vers la caverne. A l’entrée, il trouva
Ayla, immobile, les yeux pleins de larmes. Il déposa les pyrites dans une sorte
de bourse, près de son sac de voyage, avant de
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