Les chasseurs de mammouths
en passant
par le nouveau foyer. Au moment où elles parvenaient au Foyer du Mammouth, Ayla
se tourna soudain vers sa compagne.
— Deegie, c’est quoi, bain de vapeur ?
— Tu n’en as donc jamais pris ?
La jeune femme secoua la tête.
— Non.
— Oh, ça va te plaire ! Tu ferais aussi bien d’ôter
ces vêtements boueux au Foyer de l’Aurochs. Les femmes se servent généralement
de l’étuve de derrière. Les hommes préfèrent celle-ci.
Elles traversaient alors le Foyer du Renne et pénétraient dans
le Foyer de la Grue. Deegie désigna une arche qui s’ouvrait derrière la couche
de Manuv.
— N’est pas réserve ?
— Tu croyais donc que toutes les petites pièces servaient
de réserves ? Mais tu ne pouvais pas le savoir, je suppose. On a tellement
l’impression que tu fais partie de notre Camp : on a du mal à se rappeler
que tu n’es pas ici depuis très longtemps.
Elle s’arrêta, se tourna vers Ayla.
— Je suis heureuse que tu deviennes l’une d’entre nous. C’était
ton destin, je crois.
La jeune femme esquissa un sourire timide.
— Moi aussi, suis heureuse et contente que tu sois là,
Deegie. Est agréable connaître femme... jeune... comme moi.
Deegie lui rendit son sourire.
— Oui, je sais. Si seulement tu étais arrivée plus tôt. Je
vais partir après l’été. L’idée de ce départ me fait presque horreur. Je veux
devenir la Femme Qui Ordonne de mon propre Camp, comme ma mère, mais elle va me
manquer, et toi aussi... tout le monde.
— Tu vas foin ?
— Je ne sais pas encore. Nous n’avons rien décidé.
— Pourquoi aller loin ? Pourquoi pas construire nouvel
abri près d’ici ? demanda Ayla.
— Je n’en sais rien. La plupart des gens ne le font pas,
mais ce serait possible, je suppose. Je n’y avais pas pensé, dit Deegie, avec
une expression de surprise amusée.
Elles arrivaient au dernier foyer.
— Enlève tes vêtements sales et laisse-les ici, par terre,
indiqua Deegie.
Toutes deux se déshabillèrent. Ayla sentit une chaleur arriver
jusqu’à elle. Elle provenait de derrière un rideau de cuir rouge, suspendu
devant une arche de défenses, plus basse que les autres, ouverte dans le mur du
fond. Deegie courba la tête, entra la première. Ayla la suivit mais s’arrêta un
instant sur le seuil, un bras levé pour retenir le rideau. Elle s’efforçait de
voir l’intérieur de l’étuve.
— Entre et ferme le rideau ! Tu laisses partir la
chaleur ! cria une voix.
L’atmosphère de l’étuve, faiblement éclairée, était pleine de
vapeur et de fumée.
Ayla se glissa vivement de l’autre côté du rideau qui retomba
derrière elle. La chaleur l’assaillit aussitôt. Deegie lui fit descendre
quelques marches grossières faites d’os de mammouth placés le long du mur de
terre d’une fosse profonde d’environ trois pieds. Au fond, Ayla se retrouva sur
le sol couvert d’une fourrure épaisse et moelleuse. Quand sa vision se fut
ajustée à la pénombre, elle regarda autour d’elle. L’espace ainsi creusé
mesurait à peu près deux mètres de large sur trois de long. Il comportait deux
parties circulaires, chacune avec son plafond bas en forme de coupole. Des
braises, éparpillées sur le sol du cercle le plus grand, brillaient d’un rouge
éclat. Les deux femmes traversèrent l’autre partie de l’étuve pour rejoindre
les autres. Les murs, constata alors Ayla, étaient recouverts de peaux et sur
le sol du cercle le plus grand, des os de mammouth, disposés avec soin,
permettaient de marcher au-dessus des braises. Un peu plus tard, quand les
femmes verseraient de l’eau, afin de se laver ou de créer de la vapeur, le
liquide s’évacuerait dans la terre, sous les os qui tiendraient les pieds
au-dessus de la boue.
D’autres os brûlaient dans le foyer central. Ils fournissaient à
la fois la chaleur et l’unique source de lumière, mis à part la mince ligne de
jour autour du trou à fumée protégé par sa couverture. Des femmes nues étaient
assises autour du feu, sur des bancs faits d’ossements plats posés sur d’autres
os de mammouth qui servaient de supports. Des récipients remplis d’eau s’alignaient
le long d’un mur. De grands paniers solides, au tressage serré, contenaient l’eau
froide, tandis que de la vapeur montait des estomacs de gros animaux soutenus
par des ramures de cervidés. Quelqu’un, à l’aide de deux os plats, sortit du
feu une pierre brûlante, la laissa tomber
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