Les chasseurs de mammouths
la bourse superbement décorée, l’examina,
avant de refermer sa main sur le petit sac de cuir usé dont le contact lui
était si familier et d’éprouver le réconfort que lui procurait toujours l’amulette
du Clan. Mais elle ne faisait plus partie du Clan. Elle n’avait pas perdu son
totem. L’Esprit du Lion des Cavernes continuait à la protéger, les signes qui
lui en avaient été donnés gardaient toute leur importance, mais elle était
devenue mamutoï.
Quand Ayla revint au Foyer du Mammouth, elle était de la tête
aux pieds une femme mamutoï, élégante et très belle, une femme mamutoï de
statut élevé et d’une évidente valeur. Tous les regards approuvèrent l’allure
de cette dernière recrue du Camp du Lion. Mais deux paires d’yeux exprimaient
plus encore : l’amour et le désir brillaient en même temps dans les
prunelles sombres emplies d’un ardent espoir et dans les prunelles d’un bleu
extraordinaire, éclatant, voilées par une tristesse désespérée.
Manuv, qui tenait Nuvie sur ses genoux, eut un sourire chaleureux
à l’adresse d’Ayla lorsqu’elle passa devant lui pour aller ranger le costume qu’elle
venait de quitter. Elle lui sourit en retour. Elle était si pleine de joie, de
bonheur qu’elle se demandait comment elle allait pouvoir les contenir. Elle
était maintenant Ayla des Mamutoï et elle allait faire de son mieux pour
devenir entièrement l’une d’entre eux. Elle vit alors Jondalar qui s’entretenait
avec Danug. Il lui tournait le dos, mais elle sentit retomber toute sa joie.
Peut-être était-ce la manière dont il se tenait, la ligne de ses épaules qui
firent hésiter Ayla. Jondalar n’était pas heureux. Mais qu’y pouvait-elle, à
présent ?
Elle pressa le pas pour aller chercher les pierres à feu. Mamut
lui avait dit d’attendre jusqu’au dernier moment pour les offrir. Une cérémonie
appropriée donnerait aux pyrites toute l’importance qui leur revenait et
rehausserait leur valeur. Elle prit les petits nodules d’un gris jaunâtre, à l’éclat
métallique, les rapporta au foyer. En chemin, elle passa derrière Tulie, qui
parlait avec Nezzie et Wymez. Elle surprit ses paroles :
— ... mais je n’avais aucune idée qu’elle possédât tant de
richesses.
— Voyez seulement les fourrures. La peau de bison, celles
de renards blancs et cette peau de léopard... on n’en voit pas souvent de semblables...
Ayla sourit, et la joie revint en elle. Ses cadeaux avaient été
acceptables et appréciés.
Le vieil homme entouré de mystère n’était pas resté inactif.
Tandis qu’Ayla changeait de tenue, Mamut s’était changé, lui aussi. Son visage
était peint de lignes blanches en zigzag qui accentuaient son tatouage et le
mettaient en valeur. Il portait, à la manière d’une cape, une peau de lion des
cavernes, le même lion dont Talut exhibait la queue. Le collier de Mamut était
fait de tronçons taillés dans la défense d’un jeune mammouth et évidés, entre
lesquels s’intercalaient des crocs de différents animaux, dont celui d’un lion
des cavernes, pareil à celui d’Ayla.
— Talut projette de chasser. Je vais donc faire la
Recherche, annonça le chaman. Joins-toi à moi, si tu le peux... et si tu le
veux. En tout cas, tiens-toi prête.
Elle hocha la tête, mais un malaise lui serra l’estomac. Tulie
vint vers eux, sourit à la jeune femme.
— J’ignorais que Deegie allait t’offrir cette tenue, Ayla,
dit-elle. Je ne sais pas si je l’aurais approuvée, il y a quelques jours :
elle y avait consacré des heures de travail. Mais cette tenue te va très bien,
je dois le reconnaître.
Sans savoir que répondre, la jeune femme lui rendit son sourire.
— C’est pour cela que je la lui ai donnée, déclara Deegie,
qui s’approchait avec le crâne qu’elle utilisait pour faire de la musique. J’essayais
de découvrir le procédé qui pourrait rendre le cuir aussi clair. Je pourrai
toujours recommencer.
— Je suis prêt, annonça Tornec.
Lui aussi arrivait avec son instrument, l’os de mammouth.
— Bien. Vous pourrez commencer dès qu’Ayla distribuera les
pierres à feu, dit Mamut. Où est Talut ?
— Il sert son breuvage personnel, répondit Tornec en
souriant, et il se montre très généreux. A l’entendre, il tient à célébrer l’événement
comme il convient.
— Ce qui ne saurait manquer ! déclara le gigantesque
chef. Tiens, Ayla, je t’ai apporté une coupe. Après tout, la
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