Les chasseurs de mammouths
reprises, Ayla remarqua que Jondalar se tenait à l’écart
et voulut s’approcher de lui, mais, chaque fois, quelqu’un l’en empêcha. L’assistance
était nombreuse, et tous semblaient rivaliser pour capter son attention. Le
breuvage de Talut lui avait tourné la tête et elle se laissait aisément
déconcentrer.
Elle fit un essai sur le crâne de mammouth qui servait de
tambour à Deegie, reçut des encouragements enthousiastes et retrouva le
souvenir de certains rythmes du Clan. Ils étaient complexes, très particuliers
et, pour le Camp du Lion, originaux, déconcertants. Si Mamut avait conservé
certains doutes sur les origines d’Ayla, les souvenirs évoqués par son jeu les
éliminèrent totalement.
Ranec, alors, se leva pour danser sur une chanson amusante,
pleine de sous-entendus et de doubles sens, à propos des Plaisirs des Cadeaux.
La chanson s’adressait directement à Ayla. Elle fit naître de larges sourires,
des regards avertis, et sa signification était assez claire pour faire rougir
la jeune femme. Deegie lui montra comment danser et chanter la réponse
ironique, mais, à la fin, au moment où il fallait laisser entendre un
consentement ou un refus, Ayla se tut. Elle ne pouvait formuler ni l’un ni l’autre.
Elle comprenait mal les subtilités du jeu. Elle n’avait pas l’intention d’encourager
Ranec mais elle ne voulait pas non plus lui donner à croire qu’il lui
déplaisait. Ranec, lui, sourit. Sous les apparences de l’humour, la chanson
servait souvent à découvrir si l’attirance était mutuelle. Même un refus
catégorique n’aurait pu le dissuader. L’indice le plus léger lui semblait donc
un encouragement.
Ayla était étourdie à force de boire, de rire, de répondre à
toutes les attentions qui lui étaient prodiguées. Tout le monde voulait lui
parler, l’écouter, tout le monde lui passait un bras autour de la taille pour
la serrer étroitement. Jamais elle ne s’était autant amusée, jamais elle ne s’était
sentie si aimée, si désireuse de rendre l’affection témoignée. Et, toutes les
fois qu’elle se retournait, c’était pour voir un sourire éclatant, ravi, des
yeux sombres, étincelants, qui ne la quittaient pas.
La soirée s’écoulait. L’assistance commençait à se clairsemer.
Des enfants endormis étaient emportés vers leurs lits. Fralie, sur le conseil d’Ayla,
était allée se coucher de bonne heure, et les autres occupants du Foyer de la
Grue l’avaient suivie de près. Tronie, qui se plaignait d’un mal de tête – elle
ne se sentait pas très bien, ce soir-là –, regagna son foyer pour donner
le sein à Hartal et s’endormit. Jondalar, presque au même moment, s’éclipsa,
lui aussi. Il s’allongea sur leur plate-forme de couchage pour y attendre Ayla,
sans cesser de l’observer.
Après quelques coupes de la bouza de Talut, Wymez, contrairement
à son habitude, était devenu volubile. Il contait des histoires, adressait des
remarques taquines, d’abord à Ayla, puis à Deegie et aux autres femmes. Tulie
commença à le trouver intéressant et répliqua sur le même ton. Elle finit par l’inviter
à passer la nuit au Foyer de l’Aurochs, avec elle et Barzec. Elle n’avait pas
partagé son lit avec un autre homme depuis la mort de Darnev.
Wymez décida que l’idée ne serait peut-être pas mauvaise de
laisser le foyer à Ranec. Peut-être, par ailleurs, était-il indiqué de faire
savoir qu’une femme pouvait choisir deux hommes. Il était conscient de la
situation qui se développait, tout en doutant qu’un accord pût se faire entre
Ranec et Jondalar. La grande et forte femme lui paraissait, ce soir-là,
particulièrement attirante. Celle Qui Ordonne était tenue en grande estime,
elle pouvait lui attribuer un statut appréciable. Qui pouvait dire quelles
décisions pourrait prendre Ranec s’il envisageait de modifier la composition du
Foyer du Renard ?
La femme et les deux hommes se dirigèrent vers le fond de l’habitation.
Peu après, Talut, tout en plaisantant, entraîna Nezzie vers le Foyer du Lion.
Deegie et Tornec s’absorbèrent dans la manipulation de leurs instruments, sans
plus prêter attention à ce qui se passait autour d’eux, et Ayla crut reconnaître
certains rythmes. Elle s’aperçut que Ranec et elle parlaient maintenant en tête
à tête, s’en trouva confuse.
— Tout le monde aller au lit, je crois, dit-elle d’une voix
un peu indistincte.
Les effets de la bouza se faisaient
Weitere Kostenlose Bücher