Les chasseurs de mammouths
l’expression de
Mamut.
— Euh... je crois que je vais aller boire un peu de cette
infusion, dit Talut, qui disparut vivement dans l’habitation.
— Peut-être devrais-je en prendre une coupe, moi aussi,
déclara Wymez, en partant à la suite du chef.
Qu’ai-je fait de mal ? se demandait Ayla. Le malaise qui la
tenaillait devint un dur nœud au creux de son estomac.
Après l’avoir examinée, Mamut dit :
— Tu devrais venir parler avec moi, je crois, Ayla. Un peu
plus tard, quand nous pourrons nous retrouver seuls un moment. Ton infusion
pourrait bien amener plusieurs visiteurs au foyer. Pourquoi ne vas-tu pas
manger quelque chose ?
— Pas faim, répondit-elle, l’estomac en révolution.
Elle ne voulait pas entamer par une faute sa vie parmi son
nouveau peuple et elle se demandait pourquoi Jondalar était furieux.
Mamut la gratifia d’un sourire rassurant.
— Tu devrais essayer de manger quelque chose. Il reste de
la viande de mammouth, du festin d’hier, et Nezzie, je crois, a gardé pour toi
un de ces petits pains cuits à la vapeur.
Ayla acquiesça d’un signe de tête. Inquiète, bouleversée, elle
se dirigea vers l’entrée principale, mais, en chemin, cette part de son esprit
toujours occupée par ses chevaux l’engagea à les chercher des yeux. Lorsqu’elle
vit Jondalar avec eux, elle se sentit un peu soulagée. Quand son esprit était
troublé, elle avait toujours trouvé auprès d’eux un certain réconfort et, sans
formuler sa pensée avec précision, elle espérait qu’en se tournant vers eux
Jondalar finirait par se sentir mieux.
Elle traversa le foyer d’entrée, se retrouva dans l’espace où l’on
faisait la cuisine. Assise avec Rydag et Rugie, Nezzie mangeait. A la vue d’Ayla,
elle sourit, se leva. En dépit de ses amples proportions, elle était active et
gracieuse dans tous ses mouvements. Probablement très forte aussi, soupçonnait
Ayla.
— Sers-toi de viande. Je vais chercher le petit pain que j’ai
gardé pour toi. C’est le dernier, dit Nezzie. Et prends une tasse d’infusion
bien chaude si tu veux. C’est du laurier et de la menthe.
Lorsqu’elle s’assit avec Nezzie et les enfants, Ayla partagea le
petit pain avec Rydag et Rugie mais toucha à peine à la viande.
— Quelque chose ne va pas ? demanda la brave femme.
Elle en avait la certitude et se doutait même de ce qui était
arrivé. Ayla posa sur elle un regard troublé.
— Nezzie, connais coutumes de Clan, pas coutumes des
Mamutoï. Veux apprendre, veux devenir bonne Mamutoï, mais pas savoir quand
faire mal. Pense hier soir, mal agir.
— Qu’est-ce qui te met cette idée en tête ?
— Quand sors, Jondalar furieux. Crois Talut pas content.
Wymez non plus. Ils partent, vite. Dis-moi ce que fais mal, Nezzie.
— Tu n’as rien fait de mal, Ayla, à moins qu’il ne soit mal
d’être aimée par deux hommes à la fois. Certains hommes se montrent possessifs
quand ils éprouvent pour une femme des sentiments très forts. Ils ne veulent
pas la voir avec d’autres hommes. Jondalar croit avoir un droit sur toi et il
est furieux parce que tu as partagé le lit de Ranec. Mais il ne s’agit pas
seulement de Jondalar. Ranec, à mon avis, est comme lui et il se montrerait
tout aussi possessif s’il le pouvait. Je l’ai élevé depuis son enfance et
jamais je ne l’ai vu aussi attaché à une femme. Jondalar, je crois, essaie de
cacher ses sentiments mais il ne peut pas s’empêcher de les laisser voir, et, s’il
a révélé sa colère, Talut et Wymez en ont peut-être été gênés, ce qui
expliquerait leur fuite.
« Il nous arrive de crier très fort ou de nous taquiner.
Nous tirons fierté de notre hospitalité, nous aimons nous montrer amicaux, mais
les Mamutoï ne font pas trop étalage de leurs sentiments les plus profonds.
Cela pourrait créer des ennuis, et nous nous efforçons d’éviter les disputes et
de décourager les bagarres. Le Conseil des Sœurs désapprouve même les
expéditions montées par des jeunes gens contre d’autres peuples, comme les
Sungaea, et cherche à les faire interdire. Ces expéditions, disent les Sœurs,
en provoquent d’autres en retour, et il y a eu des morts. Mieux vaut,
conseillent-elles, commercer que se battre. Le Conseil des Frères est plus
indulgent. La plupart de ces hommes ont participé à ce genre d’expéditions, au
temps de leur jeunesse. Pour eux, c’est simplement une façon de faire travailler
de jeunes muscles et
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