Les chasseurs de mammouths
encore.
— Je te demande pardon. Tu étais presque prête. Si j’avais
pu tenir un peu plus longtemps...
Elle ne répondit pas. Elle bougeait les hanches, se pressait
contre lui, criait. Soudain, le plaisir vint. Elle se laissa retomber sur les
fourrures, lui sourit.
— Maintenant, connais Plaisirs parfaits, dit-elle.
— Pas tout à fait, mais peut-être la prochaine fois. Il y
aura bien d’autres fois, j’espère, Ayla.
Il s’était recouché près d’elle, la main posée sur son ventre.
Déconcertée, elle fronça les sourcils. Y avait-il quelque chose qu’elle n’avait
pas compris ? se demandait-elle.
Dans la lumière diffuse, il vit sa main brune sur la peau claire
de la jeune femme et sourit. Il appréciait toujours le contraste entre sa peau
sombre et le teint lumineux des femmes avec lesquelles il partageait les
Plaisirs. Ce contraste laissait une impression qu’aucun autre homme ne pouvait
produire. Elles le remarquaient toujours et n’oubliaient jamais Ranec. Il était
heureux que la Mère eût choisi de lui donner cette couleur. Elle faisait de lui
un être à part, inoubliable.
Il aimait sentir sous sa main le ventre d’Ayla. Il aimait plus
encore savoir qu’elle était là, près de lui, dans son lit. Il avait espéré,
souhaité, rêvé ce moment, et, maintenant encore, alors qu’elle était là, cela
lui semblait impossible.
Il remonta sa main jusqu’à un sein, pinça le mamelon, le sentit
durcir. Ayla, fatiguée, la tête un peu douloureuse, commençait à sommeiller.
Quand les lèvres de Ranec se posèrent sur les siennes, elle comprit qu’il la
désirait, qu’il lui donnait de nouveau le signal. Un instant contrariée, elle
eut envie de refuser. Elle en fut surprise, presque choquée et, du coup, se
réveilla complètement. Les caresses de Ranec l’amenèrent très vite à oublier sa
contrariété.
— Ayla, ma belle Ayla, murmurait-il. Il se redressa pour
mieux la voir.
— O, Mère ! Je ne peux pas croire que tu es là. Si
ravissante. Cette fois, ce sera parfait, Ayla. Cette fois, je le sais, ce sera
parfait.
Rigide sur le lit, les mâchoires crispées, Jondalar était
dévoré du désir de frapper le sculpteur mais se contraignait à ne pas bouger.
Elle avait regardé vers lui, avant de s’écarter pour suivre Ranec. Toutes les
fois qu’il fermait les yeux, il voyait le visage d’Ayla, tourné vers lui puis
se détournant.
« A elle de choisir ! A elle de choisir ! »
se répétait-il. Elle disait qu’elle l’aimait, mais comment pouvait-elle
seulement le savoir ? Certes, elle avait pu avoir de l’affection pour lui
et même l’aimer, du temps où ils vivaient seuls dans sa vallée : elle ne
connaissait personne d’autre, alors. Il était le premier homme qu’elle eût
jamais connu. Mais elle en avait maintenant rencontré d’autres. Pourquoi ne
pourrait-elle pas aimer quelqu’un d’autre ? Il était juste qu’elle pût
faire son propre choix. Il essayait de s’en convaincre mais il ne pouvait
arracher de son esprit la pensée que, ce soir-là, elle avait choisi un autre
homme.
Depuis le jour où il était revenu de son séjour chez Dalanar,
Jondalar, grand, musclé, beau, n’avait eu qu’à faire son choix parmi les
femmes. Un seul regard d’invite, de ses yeux d’un bleu incroyable, et la femme
qu’il désirait était à lui. En fait, elles l’encourageaient. Elles le
suivaient, elles le recherchaient avidement, elles souhaitaient un signe de
lui. Il cédait à leurs avances, mais aucune femme ne pouvait effacer le
souvenir de son premier amour ni le délivrer de son fardeau de culpabilité. Et
maintenant, la femme unique au monde, qu’il avait fini par découvrir, la seule
femme qu’il aimât, était dans le lit d’un autre homme.
La seule idée qu’elle eût choisi quelqu’un d’autre lui était une
souffrance. Mais, quand il entendit les bruits qui prouvaient indubitablement
qu’elle partageait les Plaisirs avec Ranec, il étouffa un gémissement, martela
la couche de ses poings et se plia en deux. Il avait l’impression qu’une braise
ardente lui brûlait les entrailles. La poitrine contractée, la gorge en feu, il
respirait par saccades, comme s’il étouffait dans une atmosphère enfumée.
Malgré ses efforts pour tenir ses paupières étroitement closes, des larmes
brûlantes venaient perler au coin de ses yeux.
La crise s’apaisa enfin, et il se détendit quelque peu. Mais
tout recommença bientôt, et il ne
Weitere Kostenlose Bücher