Les chasseurs de mammouths
trouvaient déjà à l’extérieur et chaudement habillés entamèrent la montée en
courant pour aller à la rencontre des arrivantes.
Dès qu’Ayla fût à portée de voix, Jondalar la questionna :
— Qu’est-ce qui vous a retenues si longtemps ? Il fait
presque nuit. Où étiez-vous ?
Elle posa sur lui un regard stupéfait. Tulie intervint.
— Laisse-les d’abord rentrer, dit-elle.
Sa mère, Deegie le savait, n’était pas contente, mais elles
avaient passé dehors la journée entière, elles étaient fatiguées, et le froid
se faisait de plus en plus vif. Les récriminations viendraient par la suite,
quand Tulie se serait assurée qu’elles étaient en bonne santé. On les poussa
toutes les deux à l’intérieur, on leur fit traverser le foyer d’entrée pour les
amener dans l’espace réservé à la cuisine.
Deegie, heureuse de se débarrasser de son fardeau, souleva la
carcasse de la louve noire qui, dans la rigidité de la mort, avait pris la
forme de son épaule. Il y eut des exclamations de surprise quand elle la laissa
tomber sur une natte, et Jondalar pâlit visiblement. Elles avaient bien couru
un danger.
— C’est un loup ! dit Druwez.
Il considérait sa sœur avec respect.
— Où as-tu trouvé ce loup ?
— Attends de voir ce que rapporte Ayla, répondit Deegie.
Déjà, elle tirait de son sac les renards blancs.
Ayla, de son côté, sortait du sien les hermines raidies par le
froid. Elle y employait une seule main. L’autre restée prudemment posée sur sa
taille, par-dessus sa chaude tunique de fourrure à capuchon.
— Voilà de bien jolies hermines, dit Druwez.
Les petites bêtes blanches l’impressionnaient beaucoup moins que
le loup noir, mais il ne voulait pas se montrer vexant.
Ayla lui sourit, avant de détacher la lanière qu’elle avait
nouée autour de sa pelisse. Elle passa la main à l’intérieur, ramena une petite
boule de fourrure grise. Tout le monde se pencha pour voir ce qu’elle tenait.
Tout à coup, la petite boule remua.
Le louveteau avait dormi profondément contre la chaleur du corps
d’Ayla, sous la pelisse, mais la lumière, le bruit, les odeurs inconnues l’effrayaient.
Il gémit, chercha à se blottir contre la femme dont l’odeur et la tiédeur lui
étaient devenues familières. Elle posa la petite créature sur le lœss de la
fosse à dessiner. Le louveteau se releva, fit quelques pas chancelants, avant
de s’accroupir pour former une petite mare vite absorbée par la terre sèche.
— C’est un loup dit Danug.
— Un petit loup précisa Latie, du plaisir plein les yeux.
Ayla vit Rydag se rapprocher prudemment pour voir de plus près
le petit animal. Il tendit la main. Le louveteau la renifla, avant de la
lécher. Le sourire de Rydag exprima une joie sans mélange.
— Où as-tu eu le petit loup, Ayla ? questionna-t-il
par signes.
— Une longue histoire, lui répondit-elle dans le même
langage. Je te la raconterai plus tard.
Elle se débarrassa vivement de sa pelisse, Nezzie la prit, lui
tendit une coupe d’infusion bien chaude. Avec un sourire de gratitude, elle en
but une gorgée.
— Peu importe où elle l’a eu. Que va-t-elle en faire ?
questionna Frébec.
Il comprenait le langage silencieux, Ayla le savait, même s’il
prétendait l’ignorer. De toute évidence, il avait saisi la question de Rydag.
Elle se tourna vers lui pour lui faire face.
— Je vais prendre soin de lui, Frébec, déclara-t-elle, le
regard flamboyant. J’ai tué sa mère, précisa-t-elle, avec un geste vers la
louve noire, et je vais m’occuper de ce petit.
— Ce n’est pas un petit, c’est un loup ! Un animal
capable de blesser des êtres humains, répliqua-t-il.
Ayla prenait rarement une position aussi tranchée, que ce fût
contre lui ou contre n’importe qui d’autre. Elle lui cédait souvent, il l’avait
découvert, sur des points sans grande importance, pour éviter un conflit s’il
se montrait assez désagréable. Il ne s’attendait pas à un affrontement direct
et il en était mécontent, d’autant qu’il redoutait de n’en pas sortir
victorieux.
Manuv regarda le louveteau, reporta son regard sur Frébec. Son
visage se fendit d’un large sourire.
— As-tu peur que cet animal ne te fasse du mal,
Frébec ? Sous les rires bruyants, Frébec s’empourpra de fureur.
— Je ne voulais pas dire ça. Je veux dire que les loups
sont dangereux pour les gens. D’abord, des chevaux, et maintenant des
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