Les chasseurs de mammouths
que sa mère avait
envie de poser.
— C’est celui qui est malfaisant, déclara Crozie. Mamut
secoua la tête.
— Non, ce n’est pas exact. La force mâle est simplement
attirée vers la force de vie d’une femme. Elle ne peut s’en empêcher, et les
hommes, en général, ignorent que leur force mâle a dérobé la force de vie d’une
jeune femme, jusqu’au moment où ils découvrent qu’au lieu d’être attirés vers
les femmes, ils préfèrent la compagnie d’autres hommes. Les jeunes hommes sont
vulnérables, alors. Ils ne désirent pas être différents des autres, ils ne
veulent pas qu’on sache que leur esprit mâle a pu léser une femme. Souvent, ils
éprouvent une honte profonde et, au lieu de venir au Foyer du Mammouth, ils
essaient de la cacher.
— Mais il y a parmi eux des êtres malfaisants qui possèdent
un grand pouvoir, insista Crozie. Le pouvoir de détruire un Camp tout entier.
— La force du mâle et de la femelle dans un seul corps est
très puissante. Si elle n’est pas gouvernée, elle peut se pervertir, devenir
maligne et vouloir amener la maladie, le malheur et même la mort. Même sans
posséder un tel pouvoir, l’être qui souhaite le malheur d’un autre peut le
faire survenir. Quand on le possède, les conséquences sont presque inévitables,
mais, bien dirigé, un homme qui possède les deux forces peut devenir tout aussi
puissant qu’une femme dans le même cas et il prend souvent le plus grand soin
de n’utiliser son pouvoir que pour le bien.
— Que se passe-t-il si un être comme celui-là ne désire pas
devenir chaman ? questionna Ayla.
Elle possédait peut-être des dons mais elle n’en avait pas moins
le sentiment d’être poussée dans une voie qu’elle n’était pas sûre de désirer.
— Ils n’y sont pas obligés, répondit Mamut. Mais il leur
est plus facile de trouver des compagnons, d’autres êtres qui leur ressemblent,
parmi Ceux Qui Servent la Mère.
— Te rappelles-tu ces voyageurs sungaea que nous avons
rencontrés il y a bien des années, Mamut ? demanda Nezzie. J’étais jeune,
alors, mais n’y avait-il pas eu je ne sais plus quelle confusion, à propos d’un
de leurs foyers ?
— Oui, je m’en souviens, maintenant que tu en parles. Nous
revenions de la Réunion d’Été et nous étions encore plusieurs Camps à voyager
ensemble quand nous les avons rencontrés. Personne ne savait trop à quoi s’attendre :
il avait été question de pillages. Mais, finalement, nous avons fait avec eux
un feu d’amitié. Certaines femmes mamutoï ont élevé des protestations parce que
l’un des hommes sungaea voulait aller les rejoindre « chez leur
mère ». Il a fallu de longues explications pour découvrir que le foyer que
nous croyions composé d’une femme et de ses deux compagnons se composait en
réalité d’un homme et de ses deux compagnes, mais l’une de celles-ci était une
femme, et l’autre un homme. Les Sungaea disaient « elle » en en
parlant. Il portait la barbe mais il était vêtu en femme et, bien qu’il n’eût
pas de seins, il était la mère de l’un des enfants. Il se conduisait certainement
comme sa mère. Je ne sais plus trop si l’enfant lui avait été donné par la
femme de ce foyer ou par une autre, mais on m’avait dit qu’il avait connu tous
les symptômes de la grossesse, toutes les douleurs de l’enfantement.
— Il avait dû vouloir à tout prix être une femme, dit
Nezzie. Peut-être n’avait-il pas dérobé à une femme sa force de vie. Peut-être
était-il né dans un corps qui ne lui était pas destiné. Ça arrive aussi.
— Mais avait-il mal au ventre à chaque lune ? s’informa
Deegie. C’est le signe qu’on est femme.
Tout le monde éclata de rire.
— As-tu mal au ventre à chacune de tes lunes, Deegie ?
Je peux te donner quelque chose, si tu veux, dit Ayla.
— Je viendrai peut-être te le demander, la prochaine fois.
— Quand tu auras eu un enfant, tu souffriras moins, Deegie,
promit Tronie.
— Et, quand tu es grosse, tu n’as pas à te soucier de
porter une protection absorbante et de t’en débarrasser comme il faut, dit
Fralie. Mais tu as hâte d’avoir l’enfant, ajouta-t-elle, en souriant au visage
endormi de sa fille, toute petite mais bien vivace.
Elle essuya un filet de lait au coin des lèvres du bébé, avant
de demander à Ayla, avec une brusque curiosité :
— De quoi te servais-tu, quand tu étais... plus
jeune ?
— De bandes
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