Les chasseurs de mammouths
aspects de son comportement ? Quand ce Frébec avait marqué devant
elle un recul qui exprimait sa répugnance, il avait eu envie de mourir de
honte, parce que c’était lui qui l’avait amenée, parce qu’on pouvait l’associer
à elle. Tout de suite après, il s’en était détesté. Comment pouvait-il avoir
honte de la femme qu’il aimait ?
Cet homme à la peau sombre, Ranec, il n’avait pas honte, lui. Il
avait une façon bien à lui de la regarder, de concentrer sur elle l’éclat de
ses dents blanches, de ses yeux noirs, rieurs, provocants. A cette seule idée,
Jondalar devait lutter contre une envie de le frapper. Il aimait Ayla au point
qu’il ne supportait pas la pensée de la voir s’éprendre de quelqu’un d’autre,
quelqu’un, peut-être, que rien en elle n’embarrasserait. Il l’aimait plus qu’il
n’avait jamais cru pouvoir aimer une femme. Mais comment pouvait-il avoir honte
de la femme qu’il aimait ?
Il l’embrassa une fois encore, passionnément. La violence de son
étreinte était presque douloureuse. Puis, avec une ardeur frénétique, il
couvrit de baisers son cou, sa gorge.
— Sais-tu ce qu’on éprouve à découvrir finalement qu’on est
capable de tomber amoureux, Ayla ? Sais-tu combien je t’aime ?
Il se montrait si pénétré, si ardent que la peur serra un
instant le cœur de la jeune femme. Non pour elle-même, mais pour lui. Elle
aussi l’aimait, plus qu’elle ne pourrait jamais l’exprimer, mais cet amour qu’il
éprouvait pour elle n’était pas tout à fait le même. Il n’était pas plus fort
que le sien, mais plus exigeant, plus insistant. On eût dit qu’il avait peur de
perdre ce qu’il avait finalement conquis. Les totems, surtout les plus forts d’entre
eux, possédaient le pouvoir de discerner et de mettre à l’épreuve de telles
craintes. Ayla souhaitait trouver le moyen de détourner ce flot d’émotion
violente.
— Je sens que tu es prêt pour moi, dit-elle avec un petit
sourire. Mais il ne réagit pas comme elle l’avait espéré. Il se contenta de l’embrasser
avec plus de violence encore, de l’écraser contre lui au point de lui faire
redouter d’entendre craquer ses côtes. Il passa ensuite les mains sous sa
pelisse, sous sa tunique, chercha ses seins, s’efforça de dénouer le lien qui
retenait ses jambières.
Jamais elle ne l’avait connu ainsi, dévoré de désir, presque
implorant dans son besoin pressant. D’ordinaire, il était plus tendre, plus
soucieux d’elle. Il connaissait son corps mieux qu’elle ne le connaissait
elle-même et il était fier de ce savoir, de son talent. Cette fois, pourtant,
son besoin était le plus fort. Elle en prit conscience, se livra à lui, s’abandonna
à la puissante expression de son amour. Tout comme lui, elle était prête. Elle
défit le nœud de la lanière, laissa glisser ses jambières à terre, avant de l’aider
à se débarrasser des siennes.
Sans avoir eu le temps de s’en rendre compte, elle se retrouva
sur le sol dur, près de la berge de la rivière. Avant de fermer les paupières,
elle entrevit l’éclat embrumé de quelques étoiles. Déjà, il était sur elle, ses
lèvres dures sur les siennes. Sa langue fouillait, explorait, comme s’il
espérait trouver ainsi ce que cherchait si ardemment son membre rigide. Elle s’ouvrit
tout entière à lui...
Après un trop rapide moment de frénésie, elle l’entendit crier
son nom :
— Ayla ! Oh, mon Ayla, mon Ayla, je t’aime !
— Jondalar, Jondalar, Jondalar...
Dans un gémissement, il enfouit son visage au creux de l’épaule
de la jeune femme et, sans relâcher son étreinte, s’immobilisa. Elle sentait
une pierre aiguë lui blesser le dos mais elle l’ignora.
Au bout d’un instant, il se redressa sur les bras, abaissa son
regard sur elle. L’inquiétude lui plissait le front.
— Je te demande pardon, dit-il.
— Pourquoi ça ?
— J’ai été trop rapide, je ne t’ai pas préparée, je ne t’ai
pas donné les Plaisirs, à toi aussi.
— J’étais prête, Jondalar. J’ai eu les Plaisirs, moi aussi.
N’est-ce pas moi qui t’ai demandé ? Je connais mes Plaisirs dans tes
Plaisirs. Je connais les Plaisirs dans ton amour, dans la force de ton
sentiment pour moi.
— Mais tu ne l’as pas ressenti en même temps que moi.
— Ce n’était pas nécessaire. J’ai eu des sensations
différentes, des Plaisirs différents. Est-ce toujours nécessaire ?
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