Les chasseurs de mammouths
devenir brûlantes, les
pointes de ses seins durcir. Il est trop tard, aujourd’hui, se dit-elle :
j’ai pris la tisane ce matin. Mais si, demain, je me faisais une infusion
ordinaire ? Pourrais-je faire pousser en moi l’enfant de Jondalar ?
Après tout, nous n’aurions pas besoin d’attendre. Nous pourrions essayer dès ce
soir...
Elle sourit en secret. Tu as simplement envie qu’il te touche,
qu’il mette sa bouche sur la tienne et sur... Secouée d’un frisson, elle ferma
les yeux pour mieux évoquer les sensations qu’il éveillait en elle.
— Ayla, appela une voix cassante.
Elle sursauta. Elle n’avait pas entendu approcher Jondalar, et
le ton dont il avait prononcé son nom ne s’harmonisait pas avec ce qu’elle
éprouvait à ce moment. Toute chaleur s’évanouit. Quelque chose tourmentait
Jondalar. Quelque chose le tourmentait depuis leur arrivée. Elle aurait aimé
savoir de quoi il s’agissait.
— Oui ?
— Que fais-tu là ? demanda-t-il du même ton bref. Oui,
que faisait-elle ?
— Je goûte la douceur de la nuit, je respire et je pense à
toi, expliqua-t-elle de son mieux.
Jondalar ne s’attendait pas à cette réponse. Mais à quoi s’était-il
attendu ? Il ne le savait pas trop. Depuis l’apparition de l’homme à la
peau sombre, il luttait contre la colère et l’inquiétude qui lui nouaient l’estomac
au point de lui donner la nausée.
Ayla semblait lui porter un grand intérêt, et Ranec la regardait
sans cesse. Jondalar avait bien tenté de ravaler sa colère, de se dire qu’il
était ridicule d’y attacher tant d’importance. Ayla avait besoin de nouveaux
amis. Qu’il fût le premier ne signifiait pas qu’il resterait l’unique.
Pourtant, quand la jeune femme interrogea Ranec sur sa vie,
Jondalar se sentit à la fois brûler de fureur et frissonner d’une terreur
glacée. Pourquoi voulait-elle en savoir davantage sur ce fascinant
étranger ? Il dut résister à l’élan qui l’incitait à l’arracher
immédiatement à ces lieux mais il fut en même temps tourmenté d’avoir éprouve
un tel sentiment. Elle avait le droit de choisir ses amis, et cet homme et elle
n’étaient que des amis. Ils n’avaient rien fait d’autre qu’échanger quelques
propos, quelques regards.
Lorsque Ayla sortit seule de l’abri souterrain, Jondalar,
conscient des yeux sombres de Ranec qui suivaient ses mouvements, enfila
vivement sa pelisse et suivit la jeune femme. Il la vit debout au bord de la
rivière et, sans trop savoir pourquoi, se persuada qu’elle pensait à Ranec. La
réponse d’Ayla le prit d’abord au dépourvu, mais il se détendit et lui sourit.
— J’aurais dû savoir que, si je posais une question, j’obtiendrais
une réponse complète et sincère. Tu respires, tu goûtes la douceur de la
nuit... Tu es merveilleuse, Ayla.
Elle lui rendit son sourire. Elle n’était pas très sûre de ce qu’elle
avait bien pu faire, mais quelque chose avait fait sourire Jondalar, avait
ramené la joie dans sa voix. Le bonheur qu’elle avait éprouvé avant sa venue
lui revint. Elle fit un mouvement vers lui. Au plus sombre de la nuit, où la
lueur des étoiles permettait à peine de distinguer un visage, Jondalar perçut
son humeur, réagit comme elle s’y attendait. L’instant d’après, elle se
retrouvait dans ses bras, leurs lèvres jointes, et tous les doutes, tous les
tourments s’envolèrent de son esprit. Elle était prête à aller n’importe où, à
vivre avec n’importe qui, à s’adapter à n’importe quelle coutume étrange, aussi
longtemps qu’elle aurait Jondalar.
Au bout d’un moment, elle leva la tête vers lui.
— Te rappelles-tu le jour où je t’ai demandé quel était ton
signal ? Comment je devrais m’exprimer pour te dire que j’avais envie de
tes caresses, de ton organe en moi ?
— Oui, je me rappelle, répondit-il en grimaçant un sourire.
— Tu m’as dit de t’embrasser ou de demander, simplement. Je
demande. Peux-tu te préparer, maintenant ?
Elle était si grave, si ingénue, si désirable. Il pencha la tête
pour l’embrasser encore, la tint si serrée contre lui qu’elle distinguait
presque le bleu de ses yeux, l’amour qu’ils exprimaient.
— Ayla, ma ravissante, ma drôle de petite femme, dit-il.
Sais-tu à quel point je t’aime ?
Mais, tout en la tenant ainsi, il fut envahi d’un flot de
culpabilité. S’il l’aimait à ce point, pourquoi se sentait-il si gêné devant
certains
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