Les chasseurs de mammouths
debout et l’aida à se relever. Loup les regardait en
agitant la queue avec frénésie.
— Oui, tu peux venir aussi, lui dit Ayla, ramassant ses
affaires et courant vers la rivière.
Ils plongèrent dans l’eau, imités par Loup, réjoui de participer
enfin à leurs ébats.
Après avoir nagé et joué dans l’eau avec Loup, les chevaux
reposés et restaurés, Ayla et Jondalar s’habillèrent. Ils se sentaient
revigorés et mouraient de faim.
— Jondalar ? fit Ayla.
— Oui ?
— Montons à deux sur Whinney. J’ai envie de sentir ton
corps contre le mien.
Sur le chemin du retour, Ayla se demandait, mal à l’aise,
comment expliquer la situation à Ranec. A leur arrivée, il l’attendait, l’air
malheureux. Il l’avait cherchée partout. Tout le monde était prêt pour la
Cérémonie de l’Union, participants et spectateurs. Les voyant chevaucher
Whinney ensemble, Rapide suivant derrière, Ranec les accueillit d’un œil
sombre.
— Où étais-tu ? demanda-t-il. Tu devrais déjà être
habillée.
— Ranec, il faut que nous parlions.
— Ce n’est pas le moment, répondit-il au comble de l’inquiétude.
— Nous devons parler, Ranec, c’est important,
insista-t-elle.
Il ne pouvait se dérober. Ayla pénétra d’abord sous la tente et
prit un objet dans ses bagages. Ils se rendirent ensuite à la rivière et
marchèrent au bord de l’eau. Finalement, Ayla s’arrêta, et sortit de sa tunique
la sculpture d’une femme représentée dans la forme transcendantale d’un oiseau.
C’était la muta que Ranec avait taillée pour Ayla.
— Je dois te la rendre, déclara-t-elle en lui tendant la
figurine. Ranec sursauta comme sous l’effet d’une brûlure.
— Que veux-tu dire ? C’est impossible ! Tu en as
besoin pour le foyer, pour la Cérémonie de l’Union ! s’écria-t-il d’une
voix que l’appréhension faisait trembler.
— C’est pour cela que je dois te la rendre. Je ne peux pas
fonder de foyer avec toi, Ranec. Je m’en vais.
— Tu... tu t’en vas ? Non, tu ne peux pas ! Tu n’as
pas le droit. Tu es ma Promise, Ayla. Tout est prêt, la Cérémonie a lieu ce
soir. Tu as promis de t’unir à moi. Je t’aime, Ayla, tu ne peux pas partir. Tu
ne comprends pas ? Je t’aime !
— Je sais, fit-elle d’une voix douce, attristée par tant de
douleur. J’ai promis et tout est prêt. Pourtant, je dois partir.
— Mais... mais pourquoi ? Pourquoi es-tu si
pressée ? s’étrangla-t-il.
— Parce que je dois partir tout de suite. C’est la
meilleure saison pour voyager, et une longue route m’attend. Je pars avec
Jondalar. Je l’aime, Ranec. Je l’ai toujours aimé. Je croyais qu’il ne m’aimait
plus...
— Quand tu croyais qu’il ne t’aimait plus, j’étais assez
bien pour toi, n’est-ce pas ? C’est cela ? Pendant que nous étions
ensemble, tu ne pensais qu’à lui ? Tu ne m’as jamais aimé !
— C’est faux ! J’ai essayé, Ranec, la Mère m’en est
témoin. J’ai beaucoup d’affection pour toi, et je ne pensais pas toujours à
Jondalar quand j’étais dans tes bras. Tu m’as parfois rendue heureuse.
— Oui, mais pas toujours. Je n’étais pas assez bien. Toi,
tu es la perfection même, mais je n’étais pas assez parfait pour toi.
— Je ne cherche pas la perfection, Ranec. J’aime Jondalar.
Combien de temps m’aurais-tu aimée en sachant que j’en aimais un autre ?
— Je t’aurais aimée jusqu’à ma mort, Ayla, et même au-delà.
Tu ne comprends donc pas ? Je n’aimerai plus personne autant que toi. Tu
ne peux pas me quitter !
Les larmes aux yeux, Ranec l’implorait. C’était la première fois
que l’artiste au charme irrésistible suppliait quelqu’un.
Ayla comprenait sa douleur, et aurait bien voulu l’atténuer.
Mais elle n’avait rien à lui offrir. Son cœur appartenait à Jondalar.
— Je suis navrée, Ranec. Excuse-moi. Tiens, reprends cette
muta, fit-elle en lui tendant la statuette.
— Garde-la ! cracha-t-il. Je ne suis peut-être pas
assez bien pour toi, mais je n’ai pas besoin de toi. Je peux choisir qui je
veux, ici ! Va, pars avec ton tailleur de silex ! Je m’en
moque !
— Non, je ne peux pas la garder, dit Ayla en déposant la
statuette à ses pieds.
Elle le salua et retourna au campement. Le cœur gros, elle longeait
la rive, attristée par la douleur de Ranec. Elle ne souhaitait pas son malheur,
et aurait préféré qu’il ne souffrît pas. Elle se
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