Les chasseurs de mammouths
promit de ne jamais plus se
laisser aimer par un homme qu’elle n’aimerait pas en retour.
— Ayla ? rappela Ranec. Elle se retourna et l’attendit.
— Ayla, quand pars-tu ?
— Dès que mes affaires seront prêtes.
— Tu ne m’as pas cru, j’espère ? Cela ne m’est pas
égal que tu partes.
Devant son visage défiguré par la douleur, Ayla faillit le
prendre dans ses bras, le consoler. Mais elle se retint, de peur d’encourager
son amour.
— J’ai toujours su que tu l’aimais, Ayla. Mais je t’aimais.
Je te désirais tant que j’ai refusé d’en tenir compte. J’ai fait comme si tu m’aimais,
et je croyais qu’avec le temps cela finirait par être vrai.
— Je suis sincèrement désolée, Ranec. S’il n’y avait eu
Jondalar, je t’aurais aimé. J’aurais pu être heureuse avec toi. Tu es si bon,
et tu sais me faire rire. Je t’aime, tu sais. Pas comme tu le souhaiterais,
mais je t’aime.
— Je t’aimerai toujours, Ayla, déclara-t-il d’une voix
lourde d’angoisse. Je ne t’oublierai jamais. J’emporterai mon amour dans la
tombe.
— Non, ne dis pas ça ! Tu mérites mieux que cela.
Il éclata d’un rire amer.
— Ne t’inquiète pas, Ayla. Je n’ai pas envie de mourir, pas
encore. Un jour, j’aurai un foyer, une femme qui me donnera des enfants.
Peut-être l’aimerai-je. Mais ce ne sera plus la même chose, je ne pourrai plus
jamais aimer comme je t’ai aimée. Cela n’arrive qu’une fois dans la vie d’un
homme.
— T’uniras-tu à Tricie ? demanda Ayla, alors qu’ils
repartaient vers le campement. Elle t’aime, tu sais.
— Ça se peut. Maintenant qu’elle a un fils, elle sera très
demandée, et elle a déjà reçu de nombreuses propositions.
Ayla s’arrêta et regarda Ranec bien en face.
— Tricie sera une bonne compagne pour toi. Pour l’instant,
elle te fuit, mais c’est parce qu’elle t’aime trop. Mais il y a autre chose que
tu dois savoir. Son fils, Ralev, c’est ton fils, Ranec.
— Tu veux dire qu’il est le fils de mon esprit ? s’étonna
Ranec. Oui, ça se peut.
— Non, Ralev est ton fils, le fils de ta chair, de ton
essence. Il est ton fils autant que celui de Tricie. Tu l’as fait naître dans
son ventre en partageant les Plaisirs avec elle.
— Qui t’a dit que j’avais partagé les Plaisirs avec
Tricie ? demanda Ranec, gêné. L’année dernière, c’était une pied-rouge
très dévouée.
— Je l’ai deviné en voyant Ralev, et je te dis que c’est
ton fils. C’est comme cela que commence la vie, et c’est pourquoi les Plaisirs
honorent la Mère. C’est dans les Plaisirs que commence la vie, Ranec. Je te
promets que c’est vrai, et cette promesse-là ne sera jamais rompue.
Ranec réfléchit, le front plissé. Quelle étrange idée ! Les
femmes devenaient mères. Elles mettaient des enfants au monde, des garçons et
des filles. Mais comment un homme aurait-il un fils ? Se pouvait-il que
Ralev fût son fils ? Oui, puisqu’Ayla l’affirmait. Elle portait l’essence
de Mut, elle était peut-être l’incarnation de la Grande Terre Mère.
Jondalar vérifia une dernière fois ses bagages, et conduisit
Rapide sur le sentier où Ayla faisait ses adieux aux Mamutoï. Déjà chargée,
Whinney attendait patiemment, mais Loup courait avec fébrilité de l’une à l’autre,
comprenant que quelque chose se préparait.
Lorsqu’elle avait été chassée du Clan, elle avait quitté ceux qu’elle
aimait avec une infinie tristesse, mais n’avait pas eu le choix. Quitter
volontairement ceux du Camp du Lion, sachant qu’elle ne les reverrait plus, la
bouleversait davantage. Elle avait versé tant de larmes depuis le matin qu’elle
croyait ses yeux asséchés. Pourtant, à chaque ami qu’elle embrassait, les
pleurs se remettaient à couler.
— Talut, hoqueta-t-elle en enlaçant le géant aux cheveux
roux. T’ai-je déjà avoué que c’était ton rire qui m’avait décidée à vous
visiter ? Les Autres m’effrayaient tant que j’étais prête à retourner dans
ma vallée. Et je t’ai vu rire...
— Eh bien, tu vas bientôt me voir pleurer ! Je ne veux
pas que tu partes, Ayla.
— Moi, je pleure déjà, dit Latie, et je ne veux pas non
plus que tu t’en ailles. Te souviens-tu de la première fois où tu m’as laissée
caresser Rapide ?
— Je me rappelle le jour où elle a fait monter Rydag sur le
dos de Whinney, dit Nezzie. Il n’avait jamais été aussi heureux.
— Les
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