Les chasseurs de mammouths
cela risquait de prendre trop de temps.
Soudain, Nezzie entendit deux sifflements stridents. Elle sourit
en voyant Loup filer devant elle ventre à terre, et Whinney dresser les
oreilles et suivre le quadrupède. Rapide s’élança derrière eux. Amusée, Nezzie
observa le loup dévaler la colline en bondissant.
Lorsque Loup rejoignit Ayla, elle lui parla, étayant ses paroles
de gestes du Clan.
— Cherche Jondalar, Loup. Cherche !
Le loup renifla le sol, l’air, et choisit une direction. Ayla
remarqua alors des brins d’herbe foulés et des brindilles brisées. Elle
enfourcha Whinney et partît au galop.
Pendant qu’elle chevauchait, des questions l’assaillirent. Que
lui dire ? Comment lui faire comprendre qu’elle attendait qu’il l’emmène ?
Et s’il refusait de l’écouter ? S’il ne voulait pas d’elle ?
La pluie avait nettoyé les arbres et les feuillages des cendres
volcaniques, mais Jondalar marchait sans se préoccuper de la beauté des
prairies et des bois, resplendissants sous le soleil d’été. Il avançait sans
but, se contentant de suivre la rivière, mais chaque pas qui l’éloignait du
Camp l’assombrissait davantage.
« Pourquoi l’ai-je quittée ? Qu’est-ce qui me prend de
voyager seul ? Peut-être devrais-je faire demi-tour et lui proposer de
venir avec moi ? Mais elle refuse de te suivre, Jondalar. C’est une
Mamutoï, elle est avec son peuple. Elle a préféré Ranec. Oui, elle a choisi
Ranec, mais lui as-tu laissé le choix ? Qu’avait dit Mamut ? Il avait
parlé de choix.
Ah, oui, « Comment choisir quand il n’y a pas de
choix ? ». Que voulait-il dire ?
Jondalar s’était arrêté. Exaspéré, il se remit en marche quand
soudain, il comprit. Je ne lui ai jamais laissé le choix. Ayla n’a pas choisi
Ranec, pas au début. La nuit de l’adoption, oui, elle a eu le choix... et
encore ! C’est le Clan qui l’a élevée, et on ne lui a jamais appris le
sens du mot « choix ». Et je l’ai rejetée. Pourquoi ai-je refusé de
lui laisser le choix avant de partir ? Parce qu’elle ne voulait pas t’écouter,
Jondalar.
Non, parce que tu avais peur qu’elle en choisisse un autre.
Cesse donc de te mentir ! Elle a fini par se lasser et a refusé de t’écouter.
Mais c’était parce que tu avais peur qu’elle en préfère un autre, Jondalar. Tu
ne lui as jamais laissé le choix. Ah, tu peux être fier de toi !
Pourquoi ne retournes-tu pas la laisser choisir entre Ranec et
toi ? Ose donc faire ta proposition ! Elle se prépare pour une
cérémonie importante. Qu’as-tu à lui proposer ?
Tu pourrais rester. Tu pourrais même cohabiter avec Ranec. Le
supporterais-tu ? Accepterais-tu de la partager avec Ranec ? Plutôt
que de la perdre, accepterais-tu de rester parmi les Mamutoï et de partager
Ayla ?
Jondalar réfléchit longuement. Oui, se dit-il enfin, s’il ne
pouvait pas faire autrement. Mais ce n’était pas ce qu’il voulait. Il voulait l’emmener
chez son peuple et s’y installer avec elle. Les Mamutoï avaient accepté Ayla,
pourquoi les Zelandonii n’en feraient-ils pas autant ? Certains d’entre
eux l’accepteraient, mais les autres ?
Ranec peut s’appuyer sur le Camp du Lion et sur de nombreuses
filiations. Mais toi, tu ne peux même pas lui offrir ton peuple, ni tes
filiations. Les Zelandonii risquent de la rejeter, et de te renier. Tu n’as que
toi à lui offrir.
Que deviendraient-ils si les Zelandonii les rejetaient ?
Nous irions ailleurs. Nous pourrions revenir ici. Hum ! C’est un long
voyage. Il serait peut-être plus judicieux de rester ici, et de s’y établir.
Tarneg cherchait un tailleur de silex pour le Camp qu’il voulait fonder. Et
Ranec dans tout cela ? Mieux encore, et Ayla ? Supposons qu’elle
refuse ?
Perdu dans ses pensées, Jondalar n’entendit pas le bruit des
sabots et sursauta quand Loup bondit sur lui.
— Loup ? Que fais-tu ici ?...
Médusé, il vit Ayla descendre de Whinney.
Elle s’avança, timide, craignant qu’il ne lui tourne le dos.
Comment lui expliquer ? Comment le forcer à l’écouter ? Et s’il
refusait de l’entendre ? Elle se souvint alors de l’époque où elle ne
savait pas encore parler, et de la posture qu’elle avait apprise avec le Clan
pour demander la parole. Elle se laissa glisser au sol avec grâce, baissa la
tête et attendit.
Jondalar la regardait sans comprendre, puis la mémoire lui
revint. C’était son signal. Lorsqu’elle
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