Les chasseurs de mammouths
paniers attachés à ses
flancs par des lanières, mais, remarqua-t-il, la jument n’en paraissait pas
gênée, et cela ne ralentissait pas son allure.
— Comment t’y prends-tu pour lui faire faire ça ?
demanda-t-il.
— Faire quoi ?
— Venir te rejoindre quand tu la siffles ? Ayla fronça
des sourcils méditatifs.
— Pas bien savoir, Danug. Avant arrivée de Bébé, seule dans
la vallée avec Whinney. Seule amie je connais. Elle grandir avec moi, et toutes
les deux apprendre... l’une l’autre.
— C’est vrai que tu peux lui parler ?
— Whinney pas parler comme tu parles, Danug. Je...
apprendre des signes... ses signaux. Elle apprend miens.
— Comme les signes de Rydag, tu veux dire ?
— Un peu. Animaux, gens, tous ont signes, même toi, Danug.
Tu dis mots, signaux disent plus. Tu parles sans savoir tu parles.
Le garçon fronça les sourcils. Il n’était pas bien sûr d’apprécier
la tournure de la conversation.
— Je ne comprends pas, fit-il en détournant les yeux.
— Parlons, maintenant, reprit Ayla. Mots pas dire, mais
signaux dire... tu veux monter sur cheval. Est vrai ?
— Eh bien... euh... oui, je voudrais bien.
— Alors... tu montes sur cheval.
— C’est vrai ? Je peux vraiment monter sur le
cheval ? Comme Latie et Druwez ?
Ayla sourit.
— Viens ici. Besoin grosse pierre pour aider monter
première fois. La jeune femme caressa Whinney, s’adressa à elle dans le langage
particulier qui s’était tout naturellement formé entre elles : une
combinaison de signes et de mots du Clan, de petits sons absurdes qu’elle avait
inventés pour son fils avant de leur donner un sens, et de sons animaux qu’elle
reproduisait à la perfection. Elle dit à Whinney que Danug désirait faire une
promenade sur son dos, et qu’il fallait la rendre palpitante sans être
dangereuse. Le jeune homme avait appris certains des signes qu’Ayla enseignait
à Rydag et au reste du Camp. Il fut surpris d’en reconnaître quelques-uns, qui
faisaient partie de la communication entre la jeune femme et la jument, et son
respect pour elle ne fit que s’accroître. C’était vrai, elle parlait avec le
cheval mais, comme Mamut quand il invoquait les esprits, elle se servait d’un
langage mystique, ésotérique et puissant.
La jument comprit-elle les indications d’Ayla ? En tout
cas, elle saisit ses intentions en la voyant aider le grand jeune homme à
monter sur son dos. Il donnait à Whinney les mêmes sensations que l’homme qu’elle
en était venue à bien connaître et auquel elle faisait confiance. Les longues
jambes tombaient très bas, et il n’y avait aucune impression de direction ni de
contrôle.
— Tiens bien crinière, expliqua Ayla. Quand veux partir,
penche en avant. Quand veux ralentir ou arrêter, redresse corps.
— Tu ne viens donc pas avec moi ? demanda Danug. Un
soupçon de peur perçait dans sa voix.
— Pas besoin moi.
Elle appliqua une claque sur le flanc de Whinney.
Brusquement, celle-ci partit à vive allure. Danug fut d’abord
projeté en arrière. Il s’accrocha à la crinière pour se redresser, passa ses
deux bras autour de l’encolure et se cramponna de toutes ses forces. Mais,
quand Ayla montait la jument, se pencher en avant était le signal d’aller plus
vite. Le vigoureux animal des plaines glacées fonça sur la vaste étendue
alluviale dont les détails lui étaient maintenant familiers : la jument
sautait les troncs abattus, les broussailles, évitait les rochers aux arêtes
vives, les rares arbres.
Au début, Danug, pétrifié, ne pouvait que fermer étroitement les
paupières et s’accrocher du mieux qu’il pouvait. Pourtant, quand il se rendit
compte qu’il n’était pas encore tombé, il entrouvrit les yeux. Son cœur se mit
à battre la chamade lorsqu’il vit les arbres, les buissons, le sol défiler dans
un brouillard de vitesse. Sans lâcher prise, il releva légèrement la tête pour
regarder autour de lui.
Il eut peine à croire qu’il avait déjà parcouru une telle
distance. Les hauts épaulements qui flanquaient le cours d’eau se dressaient
juste devant lui ! Vaguement, très loin en arrière, il perçut un
sifflement aigu, remarqua aussitôt un changement dans l’allure de la jument.
Whinney fila encore au-delà des rocs qui semblaient monter la garde, avant de
ralentir légèrement pour décrire un large cercle et reprendre la direction d’où
elle était venue. Danug restait solidement
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