Les chasseurs de mammouths
mêmes
syllabes sur le même air. Sur quoi, avec un sourire malicieux, Talut, sans
changer de rythme ni d’intonation, modifia les paroles en regardant
Deegie :
« Que désire Deegie la jolie ?
Branag, Branag, viens partager mon lit.
Et où va Deegie la jolie ?
Retrouver des fourrures vides sur son lit. »
Deegie rougit mais sourit. Les autres riaient d’un air entendu.
Quand Talut répéta la première question, le reste du groupe chanta la réponse à
l’unisson. Ils firent de même après la seconde question, avant de joindre leurs
voix à celle de Talut pour le refrain.
« Hus-na, dus-na, teesh-na, keesh-na,
Pec-na, sec-na, ha-na-nya ! »
Ils le répétèrent plusieurs fois, et Talut improvisa ensuite un
nouveau couplet :
« Comment Wymez passe-t-il l’hiver ?
A tailler des outils, à vouloir s’amuser.
Comment Wymez passe-t-il l’été ?
A rattraper le temps où il n’a rien pu faire. »
Tout le monde éclata de rire, excepté Ranec, qui rugit
littéralement. Quand le groupe répéta le couplet, Wymez, généralement peu
démonstratif, rougit à la pointe sans méchanceté. Tout le monde connaissait l’habitude
du tailleur d’outils qui profitait des Réunions d’Été pour se rattraper d’un
célibat intégral pendant l’hiver.
Tout comme les autres, Jondalar s’amusait des taquineries et des
plaisanteries. Son propre peuple en faisait tout autant. Au début, Ayla n’avait
pas bien compris la situation ni l’humour de ses hôtes, surtout quand elle
avait vu l’embarras de Deegie. Mais tout se faisait dans la bonne humeur et les
rires, constata-t-elle, et les quolibets étaient pris en bonne part. Elle
commençait à se familiariser avec l’humour verbal, et le rire lui-même était
contagieux. Elle aussi, comme les autres, sourit au couplet qui s’adressait à
Wymez.
Quand tout le monde eut fait silence, Talut reprit le refrain
composé de syllabes rythmées.
« Hus-na, dus-na, teesh-na, keesh-na,
Pec-na, sec-na, ha-na-nya ! »
Après avoir regardé Ayla, il commença, avec un sourire
satisfait :
« La chaude affection d’Ayla, qui la désire ?
Ils sont deux à vouloir partager ses fourrures.
Lequel deviendra donc un élu bien-heureux ?
Noir ou blanc, elle aura le choix entre les deux. »
Ayla se sentait heureuse de faire elle aussi partie des
plaisanteries. Elle n’était pas sûre de comprendre parfaitement le sens du
couplet mais elle rougit de plaisir parce qu’il parlait d’elle. Elle se
remémora la conversation de la veille au soir, supposa que le noir et le blanc
devaient représenter Ranec et Jondalar. Le rire joyeux de Ranec confirma ce
soupçon, mais le sourire contraint de Jondalar inquiéta la jeune femme. La
plaisanterie ne l’amusait plus, à présent.
Barzec, alors, reprit le refrain, et, en dépit d’une oreille peu
exercée, Ayla discerna une qualité particulière dans le timbre et l’intonation
de sa voix. Lui aussi lui sourit, montrant ainsi qui allait être le sujet de
son couplet.
« Comment Ayla choisira-t-elle entre deux tons ?
Le noir est excellent, mais le blanc l’est aussi.
Comment Ayla choisira-t-elle un compagnon ?
Tous deux peuvent chauffer ses fourrures la nuit. »
Barzec, pendant que tout le monde répétait son couplet, tourna
les yeux vers Tulie qui le récompensa d’un regard de tendresse et d’amour.
Jondalar, lui, fronçait les sourcils : il ne pouvait même plus faire mine
de prendre plaisir à la tournure qu’avait prise la plaisanterie. Il n’appréciait
pas l’idée de partager Ayla avec quiconque, surtout pas avec le séduisant
sculpteur.
Ce fut Ranec qui reprit le refrain, aussitôt suivi par les
autres.
« Hus-na, dus-na, teesh-na, keesh-na,
Pec-na, sec-na, ha-na-nya ! »
Au début, il ne regarda personne : il voulait tenir ses
auditeurs un instant en haleine. Soudain, il décocha un large sourire aux dents
éclatantes à Talut, l’instigateur de cette plaisante chanson. Tout le monde se
mit à rire par avance : on attendait qu’il lançât une pointe bien aiguisée
à celui qui avait mis les autres mal à l’aise.
« Qui est si grand, si lourd, si fort et si
prudent ?
C’est bien la tête rousse au Camp du Lion, la brute
Qui manie un outil comme lui lourd et grand.
C’est l’ami de toutes les femmes. C’est Talut. »
Le gigantesque chef salua le sous-entendu d’un rugissement. Les
autres
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