Les chasseurs de mammouths
accroché, mais sa peur s’était
atténuée. Il voulait maintenant voir où ils allaient. Il se redressa quelque
peu, ce que Whinney interpréta comme un signal de ralentir. A l’approche de la
jument, le sourire épanoui sur le visage du jeune homme rappela à Ayla celui de
Talut, particulièrement quand il était satisfait de lui-même. Whinney s’arrêta
en caracolant. Ayla l’amena jusqu’à la grosse pierre, afin de permettre à Danug
de descendre.
L’extase lui coupait pratiquement la parole, mais il ne pouvait
cesser de sourire. Jamais il n’avait envisagé de filer un jour à vive allure
sur le dos d’un cheval – l’éventualité dépassait son imagination.
Jamais il n’oublierait cette expérience.
Son visage joyeux faisait sourire Ayla toutes les fois qu’elle
le regardait. Elle fixa les perches au harnais de Whinney.
Quand ils revinrent au campement, Danug souriait toujours.
— Qu’est-ce que tu as ? demanda Latie. Pourquoi
fais-tu cette figure là ?
— Je suis monté sur le cheval, répondit-il.
Latie hocha la tête, sourit à son tour.
Presque tout ce qui pouvait être emporté du site où s’était
déroulée la chasse avait été placé dans les hottes ou bien enroulé dans des
peaux : ces paquets, accrochés à des perches comme des hamacs, seraient
portés à deux sur les épaules. Il restait encore des quartiers de viande et des
rouleaux de peaux à emporter, mais pas autant que l’aurait cru Ayla. Il en
allait du transport comme de la chasse ou du dépeçage : quand tout le
monde travaillait ensemble, on pouvait rapporter au Camp de plus grandes
quantités.
Plusieurs personnes avaient remarqué qu’Ayla ne préparait pas de
chargement pour son compte, et l’on se demandait où elle était allée. Quand
Jondalar la vit revenir avec Whinney, qui tirait les longues perches, il saisit
son intention. Elle disposa les perches de manière à en croiser les extrémités
les plus larges juste au-dessus des paniers, sur le garrot de la jument, et
elle les fixa au harnais. Les extrémités les plus minces s’écartaient derrière
l’animal et reposaient légèrement sur le sol. Entre les deux perches, elle
attacha une plate-forme improvisée, faite du toit de la tente, tendu sur des
branches transversales. Autour d’elle, on interrompait toute activité pour la
regarder, mais ce fut seulement lorsqu’elle entreprit d’entasser sur le travois
les quartiers de bison qui restaient que l’on comprit à quoi il devait servir.
Elle remplit aussi les deux paniers, avant de mettre le reste dans une hotte qu’elle
porterait elle-même sur son dos. Quand elle eut fini, tout le monde fut
stupéfait l’amoncellement tout entier avait disparu.
Tulie, visiblement très impressionnée, regardait tour à tour
Ayla et la jument, avec le travois et les paniers.
— Je n’avais jamais eu l’idée d’utiliser un cheval pour porter
une charge, dit-elle. A vrai dire, il ne m’était jamais venu à l’esprit de me
servir d’un cheval, sinon pour manger sa viande... jusqu’à présent.
Talut jeta de la terre sur le feu, la remua longuement pour s’assurer
que les flammes étaient bien éteintes. Il hissa ensuite la lourde hotte sur son
dos, passa son sac à son épaule, prit sa sagaie et se mit en route. Les autres
chasseurs le suivirent. Depuis sa toute première rencontre avec les Mamutoï,
Jondalar n’avait cessé de se demander pourquoi leurs paquetages étaient faits
pour tenir sur une seule épaule. Il en comprit subitement la raison, en
ajustant confortablement la hotte sur son dos, avant de jeter le paquetage sur
son épaule gauche : ils pouvaient ainsi porter dans leurs hottes des charges
beaucoup plus lourdes, ce qui devait leur arriver souvent.
Whinney suivait derrière Ayla, la tête toute proche de l’épaule
de la jeune femme. Jondalar, menant Rapide par sa longe, marchait à côté de sa
compagne. Talut se laissa distancer par les autres jusqu’à se retrouver devant
eux, et ils échangèrent quelques propos tout en marchant. De temps à autre,
Ayla surprenait des regards lancés dans sa direction et celle de la jument.
Au bout d’un moment, Talut se mit à fredonner à bouche close un
air bien rythmé. Bientôt, il chantait au rythme de leurs pas :
« Hus-na, dus-na, teesh-na, keesh-na.
Pec-na, sec-na, ha-na-nya !
Hus-na, dus-na, teesh-na, keesh-na.
Pec-na, sec-na, ha-na-nya ! »
Le reste du groupe se joignit à lui, pour répéter les
Weitere Kostenlose Bücher