Les chasseurs de mammouths
lequel les assistants
redonnèrent libre cours à leurs souffles retenus, il y eut des murmures de
surprise. Soudain, Ranec se mit à se frapper les cuisses du plat des mains.
Bientôt, le Camp tout entier applaudit de la même manière. Ayla ne savait trop
ce que signifiait cette manifestation. Elle consulta Jondalar du regard. Elle
lui vit un visage rayonnant de plaisir et commença, du coup, à comprendre que
ces applaudissements étaient un signe d’approbation.
Tulie, elle aussi, applaudissait, mais avec un peu moins d’enthousiasme
que d’autres : elle ne tenait pas à afficher son étonnement, bien que, de
l’avis de Jondalar, elle fût certainement impressionnée.
Il se baissa pour ramasser deux autres mottes de terre. Ayla l’observait,
constata-t-il ; elle tenait déjà deux autres pierres toutes prêtes.
— Si ça te paraît un exploit, regarde plutôt ceci, dit-il à
Tulie.
Il lança les deux mottes en l’air en même temps. Ayla les toucha
l’une après l’autre, dans une explosion de poussière. Il en lança deux autres,
et elle les désintégra avant qu’elles n’eussent atteint le sol.
Les yeux de Talut brillaient de surexcitation.
— Lances-en deux autres, lui dit Jondalar.
Il croisa le regard d’Ayla, ramassa lui-même deux mottes, les
brandit pour les lui montrer. Elle fouilla dans le petit sac, en sortit quatre
pierres, deux dans chaque main. Il allait déjà lui falloir une coordination
exceptionnelle pour charger la poche de son arme successivement de quatre
pierres et pour les lancer tour à tour, avant que quatre mottes de terre jetées
en l’air n’eussent retrouvé le sol, mais le faire avec assez de précision pour
les atteindre constituait une gageure qui mettrait son adresse à rude épreuve.
Jondalar entendit Barzec et Manuv conclure un pari. Manuv misait sur la jeune
femme. Après l’avoir vue sauver la vie de la petite Nuvie, il était sûr qu’elle
était capable de n’importe quel exploit.
Jondalar, de sa vigoureuse main droite, lança ses deux mottes l’une
après l’autre, tandis que Talut en faisait autant avec les deux autres, le plus
haut possible.
Les deux premières, une de Jondalar, une de Talut, furent
atteintes successivement, très vite. Mais il fallait un peu plus de temps pour
passer d’une main à l’autre les deux pierres restantes. La seconde motte de
Jondalar retombait déjà, et celle de Talut ralentissait en approchant de l’apogée
de sa course avant qu’Ayla eût pu recharger son arme. Elle visa la cible la
plus basse, qui regagnait de la vitesse dans sa chute, fit jaillir une pierre
de la poche. Elle perdit un peu plus de temps qu’elle n’aurait dû à la regarder
atteindre son but, avant de reprendre l’extrémité de la courroie. Elle allait
devoir faire très vite.
D’un mouvement sans heurt, elle plaça la dernière pierre dans la
poche de la fronde et, avec une incroyable rapidité, la lança. La dernière
motte de terre explosa juste avant de toucher le sol.
Le Camp éclata en cris d’approbation et de félicitations, en
bruyants applaudissements sur les cuisses.
— Superbe démonstration, Ayla, dit Tulie, chaleureusement.
Je ne crois pas avoir jamais vu rien de pareil.
— Je te remercie, répondit la jeune femme.
La réaction de la Femme Qui Ordonne, tout autant que sa propre
réussite, lui avait fait monter le rouge aux joues. D’autres membres du Camp se
pressaient autour d’elle pour la couvrir de compliments. Elle leur sourit
timidement mais chercha Jondalar : tant d’attention la mettait un peu mal
à l’aise. Son compagnon s’entretenait avec Wymez et Talut qui avait placé Rugie
sur ses épaules et avait Latie à côté de lui. Jondalar vit la jeune femme le
regarder. Il lui sourit mais continua de parler.
— Ayla, comment as-tu pu apprendre à te servir aussi bien d’une
fronde ? demanda Deegie.
— Et où ? Qui t’a entraînée ? questionna Crozie.
— Je voudrais bien apprendre à en faire autant, ajouta timidement
Danug.
Le grand garçon, resté derrière les autres, posait sur Ayla des
yeux emplis d’adoration. Dès la première fois qu’il l’avait vue, elle avait
fait naître en lui un émoi juvénile. Pour lui, c’était la femme la plus belle
qu’il eût jamais vue, et Jondalar, qu’il admirait, avait à son avis bien de la
chance. Après la promenade à cheval et l’habileté dont elle venait de faire
preuve, l’intérêt naissant de Danug avait pris soudain
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