Les chasseurs de mammouths
naïve et charmante. Il n’en était que
plus attiré vers elle. Jusqu’à quel point, se demandait-il, éprouvait-elle un
sentiment profond pour le grand homme blond ?
Au retour d’Ayla, les enfants s’étaient remis à courir d’un bout
à l’autre du terrain. Nezzie vint chercher Rydag, prit en même temps les
oiseaux. Ayla laissa les chevaux aller où bon leur semblait. Ils s’éloignèrent
un peu, se mirent à paître. La jeune femme s’attarda encore un moment :
une discussion amicale avait amené quelques personnes à disputer une épreuve
improvisée de lancement de sagaie. Cela les conduisit à une activité qui
échappait aux limites de l’expérience d’Ayla. Ils se livraient à un jeu. Elle
comprenait les concours, les compétitions qui mettaient à l’épreuve des talents
nécessaires – à celui qui courait le plus vite ou qui lançait une
sagaie le plus loin, par exemple –, mais pas une activité dont le seul
objet semblait être le plaisir, et où la mise à l’épreuve ou l’amélioration d’un
talent essentiel étaient purement accessoires.
On apporta de l’abri plusieurs cerceaux. De la circonférence d’une
cuisse à peu près, ils étaient faits de bandes de cuir brut, tressées et
séchées pour les durcir, et étroitement gainés d’une herbe résistante. Des
sagaies aiguisées et emperinées – sans pointes d’os ou de silex
faisaient aussi partie du matériel.
On faisait rouler les cerceaux sur le sol et on les visait avec
les sagaies. Quand quelqu’un en arrêtait un en projetant son arme à travers le
cercle, ce qui le couchait sur le sol, des cris, des applaudissements saluaient
l’exploit. Le jeu, dont les mots qui servaient à compter faisaient également
partie, tout comme cette chose qu’on appelait gageure, avait éveillé une grande
excitation, et Ayla était fascinée. Les femmes, tout comme les hommes, y
participaient mais, comme s’ils s’opposaient les uns aux autres, ils prenaient
leur tour pour faire rouler les cerceaux et pour lancer les sagaies.
Finalement, on parvint à une mystérieuse conclusion. Plusieurs personnes
reprirent le chemin de l’habitation. Deegie, toute rouge d’enthousiasme,
faisait partie du groupe. Ayla la rejoignit.
— Cette journée se transforme en une véritable fête, on
dirait, remarqua Deegie. Des concours, des jeux, et il semble que nous allons
faire un vrai festin. Le ragoût de Nezzie, la bouza de Talut, le plat de Ranec.
Que vas-tu faire de tes lagopèdes ?
— Ai façon à moi de cuire. Tu penses je dois faire ?
— Pourquoi pas ? Le festin sera encore plus grand avec
un autre plat.
Avant même d’atteindre l’habitation, on avait un avant-goût du
repas de fête grâce aux odeurs délicieuses qui assaillaient les narines de
tentantes promesses. Le ragoût de Nezzie en était responsable pour une grande
part. Il mijotait doucement dans la grande peau à cuisiner sous la surveillance
de Latie et de Brinan, mais chacun à son tour semblait participer d’une manière
ou d’une autre à l’élaboration du repas. Ayla s’était intéressée vivement aux
préparatifs du ragoût et elle avait regardé Nezzie et Deegie mettre en route sa
cuisson.
Dans un grand trou creusé près d’un feu, on avait posé des
charbons ardents sur un lit de cendres accumulées par de précédentes cuissons.
On avait versé par-dessus de la bouse de mammouth séchée et réduite en poudre
et l’on avait posé sur le tout une grande pièce de peau de mammouth très
épaisse, soutenue par un cadre et remplie d’eau. Les braises qui couvaient sous
la bouse de mammouth avaient commencé à chauffer l’eau, mais, quand la bouse
avait pris feu, il y avait eu assez de combustible consumé pour que le cuir ne
touchât plus les flammes. L’eau bouillait, à présent, mais, en suintant
lentement, elle empêchait la peau de prendre feu. Une fois tout le combustible
épuisé, on entretenait l’ébullition du ragoût en y ajoutant des galets de
rivière qu’on avait chauffés au rouge. Quelques enfants étaient chargés de
cette tâche.
Ayla pluma les grues, les vida à l’aide d’un petit couteau de
silex. Il n’avait pas de manche, mais on en avait émoussé l’un des tranchants
pour éviter tout risque de coupure. Juste derrière la pointe, on avait pratiqué
une échancrure. On plaçait de chaque côté le pouce et le majeur, on posait l’index
sur l’échancrure, et l’on pouvait ainsi guider aisément le
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