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Les chemins de la bête

Les chemins de la bête

Titel: Les chemins de la bête Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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grande imprudence de la
part du meurtrier.
    — Ou habile calcul, rétorqua Artus. Ainsi, il pouvait
être assuré que nous retrouverions la victime assez vite. A-t-on découvert la
lettre A à proximité ?
    — Tracée dans l’humus, presque contre sa jambe.
    — Quoi d’autre ?
    — Je n’en sais guère plus pour l’instant. J’ai donné
ordre que l’on ratisse les alentours, expliqua le bailli.
    Monge de Brineux hésita à revenir à leur conversation
précédente. L’admiration mêlée d’amitié qu’il portait au comte n’en faisait pas
pour autant l’un de ses familiers, ni même l’un de ses compagnons. Au
demeurant, fort peu d’êtres pouvaient se vanter d’avoir su approcher Artus de
si près. Il y avait chez son seigneur une sorte de distance sans hargne qui
décourageait les confidences. Pourtant, Monge le savait homme juste et bon. Il
se lança :
    — Votre visite à madame de Souarcy vous a-t-elle
convaincu de mes dires ?
    — Certes. Je ne la vois pas en sanguinaire criminelle.
C’est une femme érudite, d’excellente compagnie et sans aucun doute de piété.
    — Et cette jeune veuve est fort belle, ne trouvez-vous
pas ?
    Au moment où il prononçait cette phrase peu subtile, Monge
se maudit. Le comte comprendrait aussitôt où il voulait en venir. La suite lui
donna raison. Artus leva son regard sombre vers lui, et Monge y décela une
petite lueur ironique :
    — Certes encore. Joueriez-vous les entremetteuses,
Brineux ?
    Un fard se répandit sous la barbe naissante de son bailli,
qui demeura coi.
    — Allons Brineux, ne faites pas cette tête. Votre souci
de moi me réchauffe le cœur. Le mariage vous réussit trop bien, mon ami. Vous
voyez des épousailles partout. Ne vous mettez pas martel en tête : je
ferais un hoir tôt ou tard, comme mon père.
    C’était surtout l’influence de Julienne qu’il fallait blâmer
pour cette nouvelle propension de Monge à souhaiter le mariage à tous ceux dont
il espérait le bonheur. Le comte était veuf depuis longtemps, sans descendance
directe, avait-elle argumenté un soir. Quelle tristesse de voir un homme de ses
dons vieillir seul, sans la tendresse d’une femme, avait-elle insisté. Monge
avait tempéré le redoutable enthousiasme de marieuse de son épouse d’un :
«Tout dépend de la dame. »
    — Sans aller jusque-là..., bafouilla Brineux, un peu
penaud.
    — Croyez-vous véritablement que madame Agnès soit de
ces dames de qualité que l’on trousse dans les vestibules ? Il est vrai
que nous avons, vous et moi, profité des faveurs de quelques-unes.
    — Je crois qu’il vaut mieux que je prenne congé de
vous, messire. Je suis en train de m’embourber et de me couvrir de ridicule.
    — Je vous taquine, mon ami. Restez, au contraire. J’ai
besoin de vous pour tenter d’y voir plus clair. Rien ne semble avoir de sens
dans cette affaire.
    Monge s’installa en face d’Artus. Celui-ci était parti dans
l’une de ses intenses réflexions. Le bailli le savait au regard fixe de son
seigneur  – un regard aveugle qui ne voyait plus rien de la pièce  –,
à la crispation de ses mâchoires, à la raideur de son dos. Il patienta. Ces
plongées d’Artus en dedans de lui-même lui étaient devenues familières.
    Il s’écoula quelques minutes d’un silence complet avant que
le comte n’émerge du plus profond de son esprit en lâchant :
    — Cela n’a aucun sens... quel que soit l’angle par
lequel on l’examine.
    — Que voulez-vous dire ?
    — Brineux, nous sommes d’accord sur un point :
Agnès de Souarcy n’a rien à voir avec ces meurtres.
    — Ainsi qu’elle me l’a si lestement envoyé au visage,
je ne la vois pas courant les sous-bois, armée d’un griffoir dans le but de
dépecer le visage de pauvres moines... À moins d’imaginer une folie meurtrière
passagère ou une possession sporadique. Ajoutez à cela que ces hommes, surtout
le dernier, pesaient plus du double du poids de la dame.
    — Les victimes auraient, pour les quatre dernières, si
l’on compte ce nouveau meurtre, tracé une lettre A avant de décéder, et un
mouchoir de batiste appartenant à la dame fut découvert non loin d’une d’entre
elles. On cherche donc à l’impliquer.
    — J’en suis parvenu à la même conclusion.
    — Avant de poser les questions cruciales, c’est-à-dire
« qui ? » et « pourquoi ? », interrogeons-nous
sur l’habileté du meurtrier.
    — C’est un abruti, asséna

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