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Les chevaliers de la table ronde

Les chevaliers de la table ronde

Titel: Les chevaliers de la table ronde Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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est indigne de toi ! »
Il l’entraîna dans le manoir et lui montra l’homme et la femme enlacés sous le
laurier. « Misère ! s’écria Garnish, tu n’aurais jamais dû me faire venir
ici, car cette vue redouble mon tourment ! » Et, saisi de rage, Garnish
se précipita sur les deux corps, les transperça avec son épée et retourna son
arme contre lui. Il s’effondra sur ceux qu’il venait de tuer.
    Des hurlements se firent entendre dans le manoir. « Voyez !
Ce chevalier vient de les tuer ! Emparez-vous de lui pour qu’il paie sa
trahison ! » Balin se précipita au-dehors, sauta sur son cheval et se
mit à galoper avec rage et fureur, le cœur étreint d’un désespoir encore plus
grand. Il chevaucha pendant trois jours et trois nuits. Au bout de ce temps, il
s’arrêta pour se reposer près d’une grande croix de pierre sur laquelle s’étalait
cette phrase en lettres d’or : « Aucun chevalier ne doit aller seul
dans cette forteresse. » Il regarda autour de lui et aperçut, près de la
mer, sur un promontoire, un grand château ceint de murailles épaisses. À ce
moment, un vieillard aux cheveux blancs apparut sur le chemin. Quand il fut
près de Balin, il lui dit : « Balin le Sauvage, tu dépasses les
limites que tu ne dois pas franchir. Reviens sur tes pas, il en est encore
temps. » Et le vieillard disparut sans que Balin pût savoir ce qu’il était
devenu.
    Balin entendit alors le son d’un cor dans la forêt, comme
pour signaler la mort d’une bête. « Est-ce pour moi ? se dit Balin. Certes,
je suis le gibier qu’on chasse, mais je ne suis pas encore mort ! »
Il vit alors arriver une nombreuse troupe de jeunes gens et de jeunes filles
aux vêtements élégants. Ils s’arrêtèrent devant lui, lui firent mille
amabilités et l’invitèrent à les suivre dans la forteresse. Là, il fut désarmé
et on le conduisit dans une grande salle où des musiciens jouaient de divers
instruments. Toute la compagnie se mit à danser et Balin fut entraîné dans une
ronde effrénée. Il était encore tout étourdi lorsque celle qui semblait la dame
du château lui dit : « Maintenant, il faut suivre la coutume. Tout
chevalier qui arrive seul dans cette forteresse doit combattre l’homme qui vit
dans cette île, là-bas. » Il y avait en effet une petite île, non loin du
château, sur laquelle on remarquait une hutte faite de pierres sèches. « C’est
bien, dit Balin, je ferai selon la coutume. »
    On le mena au rivage où se trouvait une barque prête à prendre
le large. Balin revêtit son heaume et son haubert, prit son épée et son
bouclier et monta dans la barque. « Attends, lui dit un chevalier, il me
semble que ton bouclier n’est pas assez épais. En voici un autre qui te sera
plus utile. » Et il lui tendit un robuste bouclier qui ne portait aucun
signe, mais qui était de bronze clair. On déposa Balin sur le rivage de l’île. Il
se préparait à gravir la pente de la falaise, quand une jeune fille, vêtue d’une
longue robe blanche, sortit de derrière un gros rocher et lui dit :
« Balin ! pourquoi as-tu changé ton bouclier ? Te voici en grand
danger, car ton bouclier aurait pu te faire reconnaître. C’est grande pitié de
te voir ainsi exposé à la mort malgré ton courage et ta vaillance ! »
Et la jeune fille disparut aussi vite qu’elle était apparue. Balin monta sur le
sommet de la falaise. Il se signa et s’avança hardiment.
    Il y avait là un chevalier aux armes rouges qui se tenait
assis sur une grosse pierre. Quand il vit Balin, il se leva et s’avança vers
lui, l’air menaçant. Et le combat s’engagea avec violence. Il dura longtemps, car
chacun des adversaires avait une force égale. Et la nuit tombait lorsque Balin
transperça la poitrine du chevalier rouge de son épée. Mais avant de tomber, le
chevalier rouge lui enfonça sa propre épée dans la poitrine : à présent, les
deux combattants gisaient à terre, mortellement blessés. « Qui es-tu ? »
demanda Balin. L’autre murmura : « Je suis Balan, le frère de Balin
le Sauvage, celui qui est le meilleur chevalier du monde. – Hélas ! dit
Balin, quel triste destin est le nôtre ! Je suis Balin, ton frère que tu
aimes tant ! Maudit soit celui qui m’a forcé de changer de bouclier, car
alors tu m’aurais reconnu. » Les deux frères rampèrent l’un vers l’autre
et s’étreignirent en pleurant. Ils venaient à peine de rendre l’âme

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