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Les chevaliers de la table ronde

Les chevaliers de la table ronde

Titel: Les chevaliers de la table ronde Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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Viviane va bientôt me rejoindre. Que Dieu protège le
roi Arthur et tous ses compagnons de la Table Ronde. Va, maintenant, Gauvain, va
ton chemin…
    Ainsi parla Merlin, le sage enchanteur, au preux Gauvain, fils
du roi Loth d’Orcanie. Gauvain essaya de déterminer où se trouvait la tour d’air
invisible dans laquelle était enfermé Merlin, mais il eut beau aller de droite
à gauche, examiner le sol, battre les buissons, il ne discerna rien qui
indiquât la présence d’une habitation. Un peu plus loin, il y avait un lac aux
eaux tranquilles. Et les oiseaux chantaient dans la forêt. Gauvain se remit en
route, l’esprit agité de pensées contradictoires, se réjouissant de la
prophétie que lui avait faite Merlin et maudissant la malignité des femmes qui
lui faisait perdre un ami.
    Quand il traversa la forêt où il avait croisé la jeune fille
qui lui avait jeté ce mauvais sort, il craignit fort de la rencontrer et de ne
pas la saluer. Il redoubla donc d’attention et ôta même son heaume pour mieux
voir ce qui l’entourait. Il aperçut ainsi, à travers les buissons, deux
chevaliers à pied, qui avaient attaché leurs montures à leurs lances fichées en
terre. Ils tenaient par les jambes, en la traînant sur le sol, une jeune fille
qui se débattait et se tordait pour leur échapper. De toute évidence, les deux
hommes faisaient mine de vouloir la forcer. Alors Gauvain baissa sa lance et se
précipita sur eux : « Vous méritez la mort ! cria-t-il, pour faire
ainsi violence à une femme sur les terres du roi Arthur ! Vous m’en
rendrez compte tous les deux ! – Ah ! Gauvain ! s’écria la jeune
fille. Je vais voir maintenant s’il y a assez de prouesse en toi pour que tu me
délivres de cette honte ! »
    À ces mots, les deux chevaliers lâchèrent la jeune fille, se
relevèrent et lacèrent leurs heaumes. « Par Dieu, dit l’un d’eux, tu es
mort, nain contrefait ! – Si ridicule que je paraisse, je vous prie de
monter sur vos chevaux, car il me semblerait déloyal d’attaquer des hommes à
pied ! – Tu crois donc avoir assez de force pour te battre ! s’exclama
l’autre chevalier en riant. – Je ne me fie qu’en Dieu ! riposta Gauvain. Mais
je t’assure que tu n’outrageras plus jamais une femme en la terre du roi Arthur ! »
Et ce disant, il se jeta sur eux et les combattit si adroitement qu’il mit l’un
par terre avant de courir sus à l’autre. Mais la jeune fille lui cria :
« Gauvain, n’en fais pas plus ! – Pour l’amour de toi, je m’arrêterai,
répondit Gauvain. Que Dieu te donne bonne aventure à toi et à toutes les femmes
du monde. Mais si ce n’était ta prière, je tuerais ces gredins, car ils t’ont
fait trop de honte, et à moi grande moquerie en m’appelant nain contrefait ! »
    À ces mots, la jeune fille et les deux chevaliers se mirent
à rire. Elle lui dit : « Gauvain, que donnerais-tu à qui te guérirait
de cette infirmité ? – Par ma foi, jeune fille, je crois bien que j’accomplirais
n’importe lequel de ses vœux ! – Je ne t’en demande pas tant, Gauvain. Je
veux seulement que tu fasses serment de toujours aider et secourir les dames, et
de les saluer quand tu les rencontreras. – Je le jure, sur ma foi, de bon cœur.
– Je prends ton serment, dit la jeune fille. Mais sache que si tu y manques une
seule fois, tu reviendras en l’état où tu te trouves présentement ! »
    Elle avait à peine prononcé ces mots que Gauvain sentit ses
membres s’allonger. Les courroies dont il avait lié son haubert et ses chausses
se rompirent. Il reprit sa taille normale, tout surpris de cette soudaine
transformation. Alors, il descendit de cheval, s’agenouilla devant la jeune
fille en la remerciant et en jurant qu’il ne ferait jamais défaut à son service.
Alors, elle lui prit la main, le releva et lui souhaita de poursuivre son
voyage sous les meilleurs auspices. Puis ils se séparèrent, et Gauvain reprit
le chemin de Kaerlion sur Wysg.
    Il chevaucha tant qu’il y parvint avant la fin de l’année. Aussitôt,
il se rendit auprès du roi, son oncle, et lui apprit ce qu’il était advenu de
Merlin. Arthur en fut tout affligé. Savoir que Merlin était enserré dans une
prison invisible où l’avait enfermé son amie fut pour lui une grande douleur. Mais
il se réjouit de la fin heureuse des aventures de son neveu, et ordonna à ses
clercs de mettre par écrit tout ce qu’avait raconté Gauvain à propos de

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