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Les chevaliers de la table ronde

Les chevaliers de la table ronde

Titel: Les chevaliers de la table ronde Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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d’horribles imprécations contre
sa sœur.
    Comme Arthur s’en retournait vers Kaerlion, la hideuse femme
le rattrapa et lui rappela sa promesse. « C’est bien, dit Arthur en
soupirant. Viens avec moi. » Et il l’emmena dans sa forteresse, ordonnant
qu’on fît les préparatifs d’un grand festin et présentant la femme comme celle
qui allait partager sa vie. Quelle ne fut pas la stupeur des compagnons d’Arthur
lorsqu’ils virent que le choix du roi s’était porté sur une femme aussi laide !
Mais ils ne dirent rien, se contentant d’assister au festin. Cependant, ils se
gardèrent bien d’adresser des félicitations à Arthur. Quant à Merlin, il se
contentait de sourire tout en fuyant le roi chaque fois que celui-ci s’approchait
de lui, vraisemblablement pour lui demander son aide.
    Quand la nuit se fut avancée et qu’il fut l’heure d’aller se
coucher, la compagnie se dispersa, et Arthur ne manifestait aucune hâte pour
aller partager sa chambre avec la femme. Mais comme il avait fait un serment, il
ne pouvait agir autrement. Dès que tous deux furent au lit, le roi se tourna de
côté et fit semblant de dormir. La femme lui dit : « Donne-moi au
moins un baiser, par simple courtoisie. » Arthur se pencha sur elle et, surmontant
son dégoût, allait lui donner un baiser quand il s’aperçut avec stupéfaction qu’il
avait près de lui la plus jolie fille qui se pût imaginer, avec de beaux
cheveux noirs, un visage parfait, un teint blanc et des lèvres bien rouges. Et
la fille souriait. Comme Arthur manifestait sa surprise, elle lui dit :
« Écoute-moi bien. Tu peux choisir entre deux choses : m’avoir belle
le jour et horrible la nuit, ou belle la nuit et horrible le jour. Je m’en remets
à toi. » Arthur réfléchit un moment, puis il répondit : « C’est
une question trop délicate que tu me poses, et ce n’est pas à un homme d’y
répondre. Seule une femme peut en juger. – Dans ces conditions, dit la fille, tu
m’auras toujours belle, et le jour, et la nuit. Je me nomme Gwendolen et j’appartiens
à une noble famille de ce pays. Mais j’avais une marâtre qui était jalouse de
ma beauté. Par magie, elle m’a réduite en l’état où tu m’as vue lorsque nous
nous sommes rencontrés, laide et hideuse. Je devais garder cet aspect
repoussant jusqu’au jour où le meilleur homme du monde et le plus valeureux voudrait
bien, à défaut de m’épouser, accepter de me prendre dans son lit telle que j’étais
en m’accordant la souveraineté sur tout. C’est ce que tu as fait et, en plus, tu
m’as laissé le choix de décider, reconnaissant ainsi que ce qu’aiment le plus
les femmes, c’est la Souveraineté. C’est par courtoisie que tu m’as délivrée du
sortilège qui pesait sur moi, et je t’en serai reconnaissante jusqu’à la fin de
mes jours. » Alors Arthur prit Gwendolen dans ses bras et la nuit se passa
de la façon la plus agréable du monde [44] .

4

Gauvain
    Avant la naissance de Mordret, le roi Loth d’Orcanie avait
eu de sa femme Anna, qui était sœur d’Arthur, trois fils qui se nommaient
Gauvain [45] , Agravain et Gaheriet. Mais,
des trois, c’était Gauvain, l’aîné, qui avait la plus belle prestance et qui
manifestait le plus de caractère. C’était un jeune homme d’une grande beauté, dont
toutes les femmes se sentaient devenir amoureuses. Et il possédait un don
singulier : en se levant le matin, il avait la force d’un bon chevalier ;
à l’heure de tierce, sa valeur avait doublé, et à midi elle avait quadruplé. Mais,
ensuite, cette valeur diminuait et redevenait ce qu’elle était au lever. On lui
avait donné de bons maîtres d’armes, et, par son énergie et sa force naturelle,
il était devenu le grand espoir de son père, qui n’avait pas hésité à l’armer
chevalier dès qu’il avait atteint l’âge requis.
    Mais, pour l’heure, Gauvain ne se préoccupait guère des
combats et des grandes expéditions que menait le roi Arthur pour assurer la
grandeur du royaume de Bretagne. Il passait son temps à chasser ou à jouter
avec ses frères ou avec ses compagnons d’enfance, et il n’oubliait pas de
fréquenter les élégantes réunions où les bardes racontaient de belles histoires
devant les plus belles jeunes filles de la cour. Or, un jour qu’il tenait en
laisse trois beaux lévriers et tirait deux chiens courants après lui, il entra
dans la grande salle de la forteresse où se trouvait sa

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