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Les chevaliers de la table ronde

Les chevaliers de la table ronde

Titel: Les chevaliers de la table ronde Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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dehors, souffla sur les morceaux d’étoffe et en fit un
habit tout neuf.
    Mais, pendant ce temps, Efflam avait tracé une immense croix
dans l’air au-dessus du dragon. « Maintenant, dit-il au monstre, par le
Dieu tout-puissant, tu m’appartiens. – C’est vrai, répondit le dragon. Je me
suis laissé prendre au piège, mais tu n’en as pas encore fini avec moi. »
Il fallut en effet qu’Efflam, Arthur et tous ses compagnons se missent ensemble
pour traîner le monstre depuis Roc’h Serf jusqu’à Roc’h Du. Un bourrelet de
sable qui relie encore ces deux points marque le trajet qu’on lui fit suivre. Arthur
et ses hommes, les bras rompus, la gorge en feu, déclarèrent qu’ils étaient à
bout de forces et que, s’ils ne trouvaient pas immédiatement de quoi se désaltérer,
ils allaient périr de soif.
    C’est alors qu’Efflam fit jaillir de la grève, au bas de son
oratoire, une source claire et abondante. Arthur et les siens burent de cette
eau avec délices, et une vigueur nouvelle anima leurs membres. Ils se remirent
à la tâche et tirèrent sans effort le monstre jusqu’à la Roche Noire. Là, Efflam
mit son étole au cou du dragon et prononça les paroles qui convenaient pour
chasser les esprits démoniaques qui étaient en lui. Enfin, pour plus de sûreté,
on enchaîna la bête et on l’ensevelit sous le sable. Et Arthur, après avoir
rendu grâce à Dieu et remercié son cousin, le pieux Efflam, remonta sur son
navire avec ses compagnons. Ils levèrent l’ancre et se dirigèrent vers leur
pays [43] .
    De retour dans sa forteresse de Kaerlion sur Wysg, Arthur
demanda un jour à Merlin : « Que dois-je faire à propos de cette
Table Ronde que mon père, le roi Uther, a instituée sur tes conseils ? La
plupart de ceux qui y avaient été admis ont maintenant disparu, et ce qu’il en
reste est à la cour du roi Léodagan. Il me semble que pour honorer la mémoire
de mon père, et pour donner au royaume un grand éclat, il serait bon de
reconstituer cette Table Ronde et de réunir ici tous ceux qui sont dignes d’y
prendre place. – Il n’en est pas encore temps, répondit Merlin. Les barons de
ce royaume sont encore trop préoccupés par leurs intérêts pour devenir de bons
compagnons. Laisse faire les choses, roi Arthur : ce sont les événements
qui détermineront le moment où tu pourras de nouveau les réunir. »
    Arthur fut attristé de la réponse de Merlin. Il pensait en
effet que sa renommée était suffisante pour qu’il pût grouper autour de lui les
meilleurs chevaliers du monde. Et pour fuir sa mélancolie, il s’en alla chasser
tout seul dans les forêts qui avoisinaient Kaerlion. Il y avait beaucoup de
gibier dans ces forêts, et Arthur s’était lancé à la poursuite d’un grand cerf
qui semblait le narguer et qui disparaissait sans cesse dans les fourrés chaque
fois qu’il était sur le point de le rejoindre. Il erra ainsi pendant de longues
heures et se retrouva dans un endroit qu’il ne connaissait pas, près d’une
rivière qui serpentait au creux d’une vallée. Et comme il se sentait fatigué, il
s’arrêta, descendit de son cheval et s’assit au pied d’un arbre.
    Il commençait à somnoler doucement lorsqu’un bruit lui fit
relever la tête. Il vit alors un homme étrange, de forte corpulence, vêtu d’une
tunique grossière faite en peaux de bêtes, avec des cheveux hirsutes et une
barbe abondante, et qui portait une massue. L’homme vint vers lui, l’air
menaçant, et dit : « Roi Arthur, me reconnais-tu ? – Non, répondit
Arthur. – C’est dommage, reprit l’autre, car cela me prouve l’ingratitude et le
peu de mémoire des rois. – Comment cela ? demanda Arthur. – J’ai combattu
à tes côtés lorsque tu es allé porter secours au roi Léodagan contre Claudas de
la Terre Déserte. J’ai été parmi ceux que tu conduisais contre les Saxons à
Mont-Badon, et je t’ai fidèlement servi. Mais au lieu de me récompenser, tu as
disposé du domaine dont j’avais hérité pour le donner à d’autres qui avaient ta
faveur. – Je ne m’en souviens pas, dit Arthur. – C’est bien ce que je te
reproche. Aussi, aujourd’hui, puisque tu es à ma merci, je vais accomplir ma
vengeance, et mon honneur sera sauf. » Et l’homme leva sa massue au bout
de son bras noueux. Arthur se leva précipitamment, mais il n’avait pas son épée
Excalibur, n’ayant apporté que des javelots pour la chasse.
    « Attends ! s’écria le

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