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Les chevaliers de la table ronde

Les chevaliers de la table ronde

Titel: Les chevaliers de la table ronde Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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roi. Je peux t’accorder des
compensations ! – Ah oui, reprit l’homme à la massue avec ironie, et tu
dépouilleras un autre pour me donner ses terres ! Apprends que je n’ai nul
besoin qu’on me donne des terres, car je les possède toutes. Ne suis-je pas
libre en effet dans cette forêt ? Ne suis-je pas chez moi partout ? N’ai-je
pas la possession de tous les animaux qui la peuplent ? Mais puisque tu es
disposé à m’offrir des compensations, je vais te faire une honnête proposition :
je te laisse la vie si tu réponds à la question que je te poserai. Et je te
laisserai même des délais pour y répondre. – Quelle question ? demanda le
roi. – Voici : qu’est-ce que les femmes aiment par-dessus tout ? Je
veux ta réponse ici même dans un an jour pour jour, et tu vas jurer sur ton
honneur d’y revenir au jour dit. »
    Arthur comprenait qu’il n’avait pas le choix pour se sortir
de cette situation. L’homme à la massue était redoutable, et lui-même était
désarmé. Il fit donc le serment de revenir au même endroit dans un an jour pour
jour. Alors l’homme à la massue le laissa et disparut dans la forêt.
    La première chose que fit Arthur, dès qu’il fut de retour à
Kaerlion, ce fut de demander à Merlin quelle était la bonne réponse à cette
question. Mais Merlin se mit à rire et dit : « Ce n’est pas à moi qu’on
a posé la question, mais à toi. Ne compte donc pas sur moi pour te donner la
réponse, si tant est d’ailleurs qu’il y en ait une seule et unique. »
Arthur n’insista pas mais, tout au long de l’année, il interrogea les uns et
les autres. Or, chaque fois, les réponses étaient différentes. Et, au fur et à
mesure que les jours passaient, le roi était de plus en plus angoissé, se
demandant quelle était la réponse qui satisferait l’homme à la massue.
    Au jour dit, au bout de l’année, le roi Arthur reprit le
chemin de la forêt et se dirigea vers la vallée où il avait rendez-vous. Il
était triste et pensif. C’est alors que surgit des fourrés une femme d’une
laideur monstrueuse : ses membres étaient tordus, ses cheveux étaient
crépus, son visage disgracieux, couvert de pustules, ses vêtements sales et dépenaillés.
La femme vint vers lui : « Arrête-toi, dit-elle. Je connais ton
problème, je sais que tu dois donner une réponse à une question et que de cette
réponse dépend ta vie. Mais je sais aussi que toutes les réponses que tu as
recueillies pendant cette année sont mauvaises. Il n’y a que moi à connaître la
vraie réponse, celle qui pourra épargner ta vie. – C’est bien, dit Arthur. Dis-la-moi
et tu peux être sûre que je te récompenserai largement. – J’y compte bien, dit
la femme. Je te dévoilerai la réponse si tu jures de m’emmener avec toi à
Kaerlion et de faire de moi ta concubine au vu et au su de tout le monde. »
Arthur demeura pétrifié. Il regardait la femme : elle était si horrible qu’il
se demandait s’il fallait accepter une telle proposition. Certes, si tout
devait se passer sans témoins, Arthur se sentait prêt à tenter l’épreuve ;
mais il lui semblait impossible de présenter à ses barons et à ses familiers un
tel monstre. Que dirait-on de lui et quels commentaires n’irait-on point faire ?
Mais, d’un autre côté, il fallait bien qu’il prît une décision pour se
débarrasser de l’homme à la massue. Il finit par accepter. « Jure-le »,
dit la femme. Et Arthur fit le serment d’emmener la femme à Kaerlion et d’en
faire sa concubine au vu et au su de tout le monde. « Fort bien, dit-elle
alors. Voici la réponse que tu devras donner : ce que les femmes aiment
par-dessus tout, c’est la Souveraineté. Dis-le à ton ennemi et il maudira celle
qui t’a si bien instruit ! »
    Arthur quitta la femme et se dirigea vers l’endroit où il
devait rencontrer l’homme à la massue. Lorsque celui-ci se présenta, Arthur
commença par lui donner les réponses qu’il avait recueillies tout au long de l’année ;
mais chaque fois, l’homme secouait la tête et disait « non ». Enfin, Arthur
dit : « C’est la Souveraineté. » L’homme à la massue devint
furieux et s’écria : « Malédiction ! C’est ma propre sœur qui t’a
révélé cela ! Je voudrais la voir brûler dans un feu ! » Mais
comme Arthur avait donné la bonne réponse, l’homme à la massue le laissa aller
et lui-même disparut dans la forêt en poussant

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