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Les chevaliers du royaume

Les chevaliers du royaume

Titel: Les chevaliers du royaume Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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contradictoires. La première voulait que, peu après Hattin, la Vraie Croix eût été emmenée sous bonne garde à Damas par le cadi Ibn Abi Asroun. La seconde la disait entre les mains de ces étranges chevaliers du Temple qui sillonnaient la région avec Gérard de Ridefort afin d’inciter les places fortes templières à se rendre.
    Pour Morgennes, il fallait se fier à cette dernière. Il se rappelait qu’après avoir récité la shahada il avait vu une trentaine de Templiers partir avec la Vraie Croix sous les Allah Akbar ! des Sarrasins. Cela l’avait empli de haine et de tristesse. Il n’avait pas oublié cette image. Il ne l’oublierait jamais. Quelle ironie – et quel supplice ! – que de devoir souffrir de voir la Vraie Croix entre les mains de défenseurs de la foi, de chevaliers du Temple…
    Mais ce qu’il ne comprenait pas, c’est que parmi ces Templiers ne se trouvait aucun frère sergent, aucun turcopole, aucun auxiliaire. Alors ? Morgennes voyait à cela deux explications : soit il s’agissait bien de frères chevaliers du Temple, soit il ne s’agissait pas de chevaliers du Temple. À vrai dire, la seconde explication lui paraissait la meilleure, tant il avait peine à croire que trente Templiers aient pu trahir tous ensemble. Trente frères chevaliers, c’était la quasi-totalité des chevaliers de l’Hôpital qui se trouvaient au krak.
    « Impossible ! » se disait-il. Et même si c’était possible, il refusait de le croire.
    Ainsi, Morgennes pariait sur le fait qu’ils n’avaient qu’à se rendre eux-mêmes de forteresse du Temple en forteresse du Temple pour retrouver la Vraie Croix. Si les « Templiers sarrasinois », comme il les appelait, faisaient tomber les places fortes templières les unes après les autres, alors il suffisait de leur tendre une embuscade dans l’une de celles qui étaient encore debout.
    Dans le comté de Tripoli, on dénombrait ainsi la forteresse de Tortose, le château d’Aryma, le fort de Bertrandimir, le Chastel Blanc, le Chastel Rouge et le casai fortifié d’Elteffaha. Mais les Sarrasins ne viendraient pas dans la région : les Hospitaliers y possédaient le krak et le château d’Akkar, ainsi que deux châteaux forts, l’un à Arqa, l’autre à Tripoli.
    Non, ce qu’il fallait viser c’était l’objectif ultime de Saladin : Jérusalem.
    Il n’osait pas encore en parler à Massada, mais il leur faudrait tourner autour de la ville trois fois sainte, écouter, se mêler à la foule, se fondre dans la masse des réfugiés ou des marchands, et tâcher d’en apprendre le plus possible sur l’état des châteaux alentour. Pour ce faire, ils ne pourraient compter ni sur l’aide des Hospitaliers, pourtant bien établis dans les environs de Jérusalem, ni, bien évidemment, sur celle des Templiers.
    Le problème, c’était Massada : les chevaliers du Temple le recherchaient depuis qu’il avait quitté Nazareth. Mais Morgennes comptait sur le fait que le démantèlement du royaume franc de Terre sainte les occupait trop pour continuer à se soucier d’un marchand juif en fuite.
    Ainsi, ils traversèrent bien des régions, longèrent de nouveau l’Hermon, cette fois sur son versant occidental. Dès qu’une fumée s’élevait à l’horizon, Morgennes partait en reconnaissance au grand galop. Il s’absentait rarement longtemps, et redoublait de précautions, n’allant jamais directement sur l’objectif, mais au contraire l’abordant par de larges cercles concentriques.
    Ils virent de simples fermes, incendiées après avoir été pillées. Parfois, des terres placées sous la protection d’une commanderie templière avaient été ravagées par représailles. Les récoltes étaient brûlées, les puits obstrués, les sources empoisonnées, les arbres arrachés. Des cadavres de bêtes gisaient çà et là, servant de garde-manger aux mouches, de nid à leurs larves et de dessert aux hyènes.
    Fémie tripotait sans arrêt les bijoux que le frère trésorier du krak lui avait remis. Elle ne les trouvait pas à son goût. Elle s’impatientait, demandant cent fois par jour :
    — Quand est-ce qu’on arrive ?
    Invariablement, Morgennes répondait :
    — Il faut descendre encore.
    — À force de descendre, on va se retrouver en enfer…, se lamentait-elle.
    Morgennes se taisait. Fémie se perdait de nouveau dans la contemplation de ses colifichets. Ils continuaient vers le sud.
    Depuis qu’ils avaient quitté le comté

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