Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les chevaliers du royaume

Les chevaliers du royaume

Titel: Les chevaliers du royaume Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
Vom Netzwerk:
Croix, je n’ai pas dit mon dernier mot…
    S’asseyant sur la table d’alchimie, à côté d’un alambic bouillonnant, Wash el-Rafid ajouta :
    — Il faut retrouver Massada. Ce cloporte saura sûrement ce qu’il est advenu de Morgennes et de la Vraie Croix.
    — En vérité, fulmina Châtillon, jamais nous n’aurions dû laisser partir ce cloporte…
    — Comment faire pour savoir où il est ? demanda Ridefort.
    — Je peux toujours demander à mon informateur, chez les Hospitaliers, proposa Châtillon.
    Mais Wash el-Rafid connaissait des moyens bien plus sûrs de savoir si Morgennes, Taqi ad-Din et Cassiopée étaient encore en vie, et d’apprendre où Massada se terrait :
    — Il suffit d’interroger les djinns !
    D’ordinaire, Wash el-Rafid n’aimait pas impliquer Sohrawardi, car c’était s’exposer à de grands dangers et mettre en péril la vie des mages chiites du Caire. En outre, Châtillon, qui devait aux thériaques du nécromancien d’avoir survécu à son crucifiement, rechignait à faire appel à ses pouvoirs, craignant d’augmenter sa dette envers lui. Mais, cette fois-ci, l’enjeu était trop important :
    — Dis-lui de se mettre à l’ouvrage, il n’y a pas un instant à perdre ! rugit Châtillon.
    Grâce à des hommes infiltrés dans les rangs de l’armée de Saladin – et notamment grâce aux deux mamelouks chargés de garder le sorcier –, Wash el-Rafid obtint très vite les renseignements désirés.
    Sohrawardi avala de l’hypericum, du séséli et du venin de crotale ; il se trancha les veines du poignet, fit couler son sang dans une bassine en cuivre où flottaient dans son placenta les entrailles d’un fœtus, et consulta les djinns.
    D’habitude, les djinns, furieux d’avoir été invoqués par les hommes, s’amusaient à leur fournir des réponses alambiquées. Qu’il fallait interpréter, avec les risques d’erreurs que cela comportait. Mais pour une fois, la réponse fut étonnement limpide :
    — À l’oasis des Moniales !
    *
    Rawdân ibn Sultân exultait. Le cheik des Maraykhât et ses hommes écumaient la région depuis plusieurs lunes, en quête de villages et de réfugiés à piller, quand ils apprirent que Rachideddin Sinan voulait les remercier.
    À Masyaf, dans sa puissante forteresse du djebel Ansariya, le chef des Assassins de Syrie remit à Rawdân ibn Sultân dix éléphants, ainsi qu’un éléphanteau qui avait suivi sa mère depuis la vallée du Panjab et dont les Batinis n’arrivaient pas à se débarrasser.
    — Cassiopée les valait largement, dit Sinan à Rawdân ibn Sultân, avant d’ajouter, regrettant presque d’avoir dû la livrer aux Templiers blancs : j’espère que tu prendras autant soin d’eux que j’ai pris soin d’elle…
    Le cheik des Maraykhât, qui avait rejoint les rangs des Assassins peu après la bataille de Hattin, sourit à Sinan de toutes ses dents ébréchées. Il assura son « maître » de sa profonde gratitude et de son absolu dévouement.
    — Je m’occuperai de vos dix éléphants mieux que vous ne vous occupez de vos femmes, promit Rawdân à Sinan en se déhanchant, comme si cela pouvait ajouter à son zèle.
    Un éclair de surprise et de mécontentement passa dans le regard de Sinan, mais le cheik des Maraykhât, tout à ses projets de pillages, ne le vit pas. Sinan se rembrunit, caressa d’une main songeuse la poignée d’un de ses deux longs sabres, et congédia vivement Rawdân ibn Sultân. Décidément, ces bédouins avaient encore plus de graisse dans la tête que sur le corps, et ce n’était pas peu dire. Ils n’étaient bons à rien d’autre qu’à exécuter ses basses œuvres, et à sucer des noyaux de dattes.
    Rawdân parti, Sinan appela l’un de ses fidâï et lui ordonna d’aller lui chercher une fille. Ces derniers temps, il en faisait une consommation démesurée. Plus d’une douzaine passaient chaque jour dans son lit. Ce faisant, il ne pouvait s’empêcher de repenser à Cassiopée. Les Templiers la lui avaient rachetée 200 000 besants d’or – la rançon d’un roi. Ces satanés Templiers, auxquels il payait chaque année un tribut de 3 000 besants d’or, s’étaient enfin tournés vers lui. Dieu sait pourtant qu’ils étaient pires que du vomi de hyène, et plus redoutables que l’Hydre : il ne servait à rien de les menacer, on pouvait toujours tuer leur chef, un autre, tout aussi redoutable, le remplaçait aussitôt. En outre, leur fanatisme

Weitere Kostenlose Bücher