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Les chevaliers du royaume

Les chevaliers du royaume

Titel: Les chevaliers du royaume Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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compte. Le reste, bah, qui peut savoir ? Peut-être est-ce vous qui avez raison… Et moi tort. Peut-être sommes-nous tous les deux dans le vrai. Qui sait ?
    — Où est la vérité ? J’ai besoin de savoir.
    — Qui s’en soucie ?
    — Moi. Je l’ai promis. Je me le suis promis, et je m’y suis engagé auprès de mon ordre.
    — Mais vous avez réussi. Vous avez récupéré la Vraie Croix, non ? Celle que Rome demande…
    — La Vraie Croix est ici.
    — Peut-être. Mais de celle-là, Rome ne voudra pas.
    — Il faudra les convaincre.
    — Vous n’y arriverez pas.
    — J’y arriverai.
    — C’est impossible. Trop compliqué, trop incertain.
    — Ah ! fit Morgennes. Pourquoi suis-je venu en cet endroit ?
    — À cause de votre épée, non ?
    — Oui, bien sûr, mais pourquoi ici ?
    — Dieu l’a voulu !
    À ce moment-là, quelqu’un tambourina si violemment sur la porte de l’arboretum qu’elle s’ouvrit à toute volée. Yemba, essoufflé, un sac sur l’épaule, un bâton à la main et le visage en sueur, annonça :
    — Ils arrivent ! Ils arrivent !
    — Qui ça ? demanda Guillaume.
    — Les éléphants !

22.
    « Tels m’apparurent en vision les chevaux et leurs cavaliers : ceux-ci portent des cuirasses de feu, d’hyacinthe et de soufre ; quant aux chevaux, leur tête est comme celle du lion, et leur bouche crache feu fumée et soufre. »
    (L’Apocalypse, IX, 17.)
    En soumettant ce qu’il prenait pour la Vraie Croix à l’examen attentif d’Héraclius et de son fils Bernard – l’évêque de Lydda –, Renaud de Châtillon ne s’attendait pas à pareil commentaire :
    — Ce n’est pas elle, vous avez échoué ! vociféra Héraclius, le patriarche de Jérusalem.
    Renaud, qui était assis dans une chaise roulante, entra dans une colère noire. Il demanda des explications, clama que « ce n’était pas possible », qu’il « le savait », qu’il « l’avait senti » ! Enfin, que c’était bien elle, puisqu’il l’avait prise !
    — Désolé, siffla Héraclius, mais mon fils et moi sommes certains de ce que nous avançons. Le bois de cette croix est trop beau, trop neuf, trop propre. On dirait une planche de cercueil. Autrement dit, il ne nous est d’aucune utilité !
    D’un geste brusque, le patriarche de Jérusalem saisit le bois desserti de sa gaine d’or et de perles, et le jeta au feu. Puis il quitta d’une démarche pesante la chambre d’alchimie qu’il occupait en haut de la tour de David, où flottait un drapeau noir orné d’une tête de mort. Bernard de Lydda lui emboîta le pas, après avoir jeté un regard contrit à Renaud.
    Resté seul avec Wash el-Rafid et Gérard de Ridefort, le Loup de Kérak leur dit qu’il s’occuperait personnellement de ceux qui lui avaient joué ce tour pendable.
    — Ils se sont ri de moi ! Je rirai moi aussi en les regardant hurler sur le bûcher ! Quant à Morgennes, j’aurais dû m’occuper de lui moi-même, plutôt que de confier son sort à ce jeune imbécile de Simon !
    — Peu importe la relique, dit Wash el-Rafid en sortant du feu le bout de bois qui commençait à se consumer, pourvu que Sa Sainteté y croie.
    Il jeta le contenu d’un hanap de vin sur le morceau de bois à demi calciné pour éteindre les braises.
    — Le sang du Christ ! s’exclama-t-il au moment où la croix se parait de fumée. Maintenant, replaçons-la dans son habit d’or et de perles.
    — Pour quoi faire ? demanda Ridefort.
    — Parce que c’est la Vraie Croix.
    Châtillon et Ridefort le regardèrent, surpris, interloqués. Puis Châtillon explosa de rire :
    — C’est elle, en effet !
    Prenant des mains de Wash el-Rafid la planche carbonisée, il l’inséra dans le reliquaire. Elle paraissait plus vraie que nature.
    — Alléluia ! s’extasia Châtillon.
    — Je croyais, couina Ridefort, que nous avions besoin de cette gaine d’or pour payer les Maraykhât.
    — Le Vieux de la Montagne saura bien les motiver, dit Wash el-Rafid, les yeux dans le vague.
    Châtillon fit rouler sa chaise jusqu’à Ridefort :
    — Que tes hommes envoient cette croix à Rome. Elle n’a de la Vraie Croix que l’apparence, mais je mets Urbain III au défi de reconnaître ce qu’il n’a jamais vu !
    Il fit de nouveau pivoter sa chaise, et s’approcha de Wash el-Rafid, qui déclara :
    — Si Morgennes et Taqi ad-Din sont encore en vie, je les ramènerai ici pieds et poings liés. Quant à la Vraie

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