Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les chevaliers du royaume

Les chevaliers du royaume

Titel: Les chevaliers du royaume Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
Vom Netzwerk:
ordonna rageusement :
    — Toi, descends, va tirer l’âne !
    Le gamin s’exécuta prestement, et saisit l’âne par le licol. Fémie dit alors à son mari :
    — Achète cet homme !
    Elle montra Morgennes, qui les fixait du regard. Mais Massada fit celui qui n’entendait ni ne voyait rien.
    — Dix dinars ! lança alors le marchand.
    — C’était huit tout à l’heure ! s’indigna Fémie.
    — Les prix ont monté ! répondit le marchand. Désolé, je vous avais prévenue !
    — Vendu ! cria une voix, tandis qu’une bourse atterrissait aux pieds du Kurde.
    On se tourna vers celui qui l’avait jetée : un homme d’une vingtaine d’années, la face vérolée, le cheveu rare et l’air mauvais. Il portait une dague à lame courbe sur le devant de la poitrine et avait le bras droit sectionné à la hauteur du coude. Quatre énergumènes à la mine patibulaire le suivaient. Ils avaient dans le dos un petit arc court, et sur le côté, en plus d’un long sabre, une masse hérissée de pointes. Malgré leur crasse et leur visage barbouillé de poussière, Morgennes reconnut les cinq Mahométans contre lesquels il s’était déjà battu à deux reprises. Taqi ad-Din l’avait sauvé la première fois, Cassiopée la seconde. Cette fois-ci, il ne voyait pas qui – hors Massada et sa femme – pourrait l’empêcher de tomber entre les mains de ces bandits.
    — Massada ! cria Fémie en attrapant le marchand d’esclaves par le bras. Prends la cassette, et achète-le !
    — Il n’y a pas assez, grogna Massada.
    — Et avec quoi tu l’as payé, lui ? demanda-t-elle furieuse, en se jetant sur le jeune esclave pour le prendre par le cou.
    Massada resta coi. Les Maraykhât commencèrent à s’impatienter, et Fémie devint écarlate :
    — Massada, je te préviens ! Si tu ne l’achètes pas, je raconte à mes sœurs que tu…
    Elle s’interrompit, préférant probablement ne pas en dire trop. Excédé, Massada demanda au marchand :
    — Combien ?
    Le vendeur, dont les yeux brillaient d’une lueur renouvelée, se tourna vers les Maraykhât :
    — Navré, messeigneurs, mais une autre proposition vient d’arriver ! dit-il, l’air faussement désolé. Puis, regardant Massada, il annonça sur un ton amusé : cinquante dinars !
    Massada manqua s’étrangler et lança à Fémie :
    — On s’en va !
    Morgennes agrippa Massada par la manche de son vêtement :
    — Achète-moi ! Quel qu’en soit le prix ! Tu seras remboursé au centuple !
    — C’est ça, au paradis ! s’écria Massada. Tu n’as pas un sou vaillant, tu n’as même pas de poche…
    — Mon ordre est plus que riche, lui !
    Massada parut hésiter un instant. Le Kurde ramassa la bourse tombée par terre et la tendit au Maraykhât :
    — Les prix ont encore monté, et tu n’as pas assez.
    — Si tu ne prends pas mon or, gare à toi ! pesta le manchot en portant la main à son kandjar.
    — Vous ne me contraindrez pas à vendre ! s’exclama le marchand en laissant choir la petite bourse à ses pieds.
    Puis il leva son fouet, et fit un geste en direction de l’estrade : trois solides mamelouks vinrent se ranger à ses côtés. Ces trois colosses mesuraient plus de six pieds de haut, avaient des mains de la taille d’un battoir et maniaient une guisarme : un épieu au bois court et au fer presque aussi large que long. Mais ce ne fut pas suffisant pour faire reculer les Maraykhât. Le manchot se tourna vers ses comparses et leur commanda :
    — Donnez tout ce que vous avez !
    Les Maraykhât fouillèrent leurs poches, et en sortirent quatre maigres bourses, qui s’ajoutèrent à la première.
    — Prends ça, et laisse-nous le Franji ! éructa le manchot. Par le Prophète, tu n’auras pas de meilleure offre !
    Le Kurde poussa Morgennes vers les Maraykhât, mais une fois encore celui-ci se cramponna à Massada. Le vendeur hésitait à le fouetter – ce qui aurait gâté la marchandise –, lorsqu’un cri fut poussé :
    — Cent dinars !
    Les lèvres du marchand s’écartèrent toutes rondes, et il dit à Morgennes :
    — Mais tu vaux une fortune toi ! Puis, faisant face à la foule, il demanda en bombant le torse : qui a dit ça ?
    — Nous ! répondit une voix puissante, mâtinée d’un fort accent nordique.
    Deux hommes en manteau à capuche d’un blanc immaculé fendirent la cohue et se hâtèrent d’un pas résolu dans la direction de Morgennes. La foule attendait,

Weitere Kostenlose Bücher