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Les chevaliers du royaume

Les chevaliers du royaume

Titel: Les chevaliers du royaume Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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lui avait rapporté.
    Tous suivirent son récit avec attention.
    Même Massada et Fémie, qui ne connaissaient pas tous les détails, écoutèrent, stupéfaits, Morgennes narrer comment il s’était réveillé sur le champ de bataille, avait été capturé par Taqi – qui lui avait sauvé la vie –, puis, en quelque sorte, récompensé par Saladin, avant de s’échapper une première fois, assoiffé, pour être finalement repris et se faire crever l’œil.
    Vint le moment où il fallut parler du marché proposé par Saladin aux frères Templiers et Hospitaliers, et que tous – hormis Morgennes – avaient refusé.
    En l’entendant relater comment il avait renié sa foi, alors que tous ses compagnons restaient fidèles à Jésus et mouraient décapités, les frères chevaliers de l’Hôpital pâlirent d’effroi. Bien que Morgennes n’eût fourni à son geste aucune explication, certains de ses frères parurent le comprendre et l’excuser, d’autres au contraire le réprouver. Mais tous étaient horrifiés, même s’il était difficile de savoir si c’était par Morgennes ou par Saladin.
    — Pardon, beau doux frère Morgennes, l’interrompit le frère commandeur du krak – qui avait nom Alexis de Beaujeu –, mais peut-être devrions-nous continuer de t’entendre à huis clos.
    Du bout des lèvres tous acquiescèrent et se tournèrent vers Massada et Fémie, leur donnant la désagréable impression que leur présence était des plus indésirables.
    Frère Emmanuel, dont les mains tremblaient tant il avait été ému par le récit de Morgennes, proposa de les accompagner à leur chambre, une petite cellule à deux lits. Elle donnait sur l’une des neuf citernes du krak, et – pourvu qu’on ait l’ouïe fine – on pouvait s’y endormir, bercé par l’écoulement des eaux de l’aqueduc bâti pour les alimenter.
    —  Yallah ! s’exclama Fémie.
    — Je vous suis, dit Massada.
    — Allons-y, dit Emmanuel.
    Joignant le geste à la parole, il les invita à le suivre dans le réseau de couloirs et de galeries du krak – labyrinthe que de nombreux frères empruntaient à toute heure pour faire leur ronde, visiter les animaux aux écuries, ou pour aller à l’office : les chants des frères montaient de leur petite chapelle, et les Pater de matines résonnaient de façon étrange dans les murs du château.
    Beaujeu ne quitta pas Morgennes des yeux. Il le considéra gravement, sans laisser deviner ses pensées : colère, pitié, peine, déception, ou tout cela à la fois. Enfin, il demanda à l’un de ses assistants :
    — Dis au frère chapelain de nous rejoindre ici dès la fin de la messe, et va quérir le frère infirmier. Je veux qu’il examine le beau doux frère Morgennes, afin de s’assurer qu’il est en parfaite santé.
    — Beau doux sire, dit Morgennes, inutile de déranger le frère infirmier. Les médecins ont pris soin de mes blessures à Damas, et je crois que je vais bien.
    — Beau doux frère Morgennes, je veux qu’il t’examine, car je ne suis pas sûr que les médecins de Damas aient soigné toutes tes blessures.
    Morgennes voyait bien à quoi il faisait allusion, pourtant il ne fit aucun commentaire. Il avait encore bien des choses à leur dire, des faits à leur révéler, des suggestions à leur faire, mais il attendrait d’avoir la parole.
    — Lève-toi, dit le frère commandeur, et viens près de moi.
    Morgennes obtempéra.
    — Comment te sens-tu ?
    — En excellente forme, beau doux sire.
    — Alors, tu resteras debout, face à nous, pendant toute la durée du conseil. En attendant l’arrivée du frère chapelain, que chacun d’entre nous récite en silence treize Pater, prie saint Adam et se tienne prêt pour le conseil.
    Les frères chevaliers prirent place sur les chaises le long du mur, tandis qu’au centre de la salle Morgennes les observait sans mot dire. La perspective de cette réunion troublait sa concentration. C’est que le moment était autrement plus grave. À Hattin, il en était allé de sa vie. Ici, il en allait de son honneur et de son nom. Bien que n’ayant pas très envie de s’étendre sur son acte, il voulait néanmoins être jugé en fonction de faits établis, et profiter de l’occasion pour exposer sa vérité. Mais sa vérité, justement, n’intéresserait pas le conseil, qui ne jugerait que la vérité des faits, et non la sienne – plus complexe, et dont il n’appartenait qu’à Dieu de la juger.
    Des pas

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