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Les cochons d'argent

Les cochons d'argent

Titel: Les cochons d'argent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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forme rudimentaire, avec un léger renflement à l’intérieur pour éviter que l’encre ne se renverse. À la base, on avait gravé avec soin : T.  Fl. Dom… Les initiales du fils cadet de Vespasien.
    Je le repris sans lui laisser le temps de parler.
    — Comme il ne servira pas de pièce à conviction, je préfère le garder en souvenir.
    Je dois bien reconnaître ça au vieil Empereur, il me laissa l’emporter.
     
    Je rentrai chez moi.
    Je redescendis du Palatin et retrouvai une Rome plongée dans la nuit, comme si sept lacs se succédaient entre les sept collines au sommet desquelles luisaient quelques rares lumières. Je dirigeai mes pas à travers les rues endormies et finis par retrouver la misère familière de mon quartier et le triste logis où j’avais quelques mois auparavant ramené une jeune fille nommée Camillina…
    Je venais de passer la pire journée de mon existence et en pénétrant dans « mes bureaux », j’eus le bonheur de constater qu’elle n’était pas tout à fait terminée. J’aperçus en face de moi la porte à battants entrouverte. En entrant, je sentis un léger courant d’air dans la pièce. Quelqu’un m’attendait sur mon balcon.

66
    Maman ne passait jamais si tard. Quant à Petronius, il ne se sentait pas à l’aise dehors la nuit. Il y avait peu de chances pour que j’aie envie de voir la personne qui se trouvait sur mon balcon.
     
    J’avais acheté plusieurs lampes en terre avec l’argent que m’avait déjà versé le sénateur. Je décidai de les allumer toutes, histoire de bien montrer que j’étais là pour un certain temps. Un œil toujours braqué sur la porte du balcon, je me dévêtis, me versai une bassine d’eau et me lavai avec soin pour faire disparaître les odeurs d’opulence et de décadence qui collaient à ma peau froide. Je me dirigeai vers la chambre, très bruyamment, y trouvai une de mes tunique préférées – propre… – et me coiffai. Mes cheveux restaient trop courts pour boucler.
    Pendant ce temps, l’autre continuait d’attendre dehors.
    J’avais envie de me coucher. Je retournai dans la pièce principale, attrapai une de mes lampes et traînai mes jambes épuisées vers le balcon. J’étais à bout de forces mais je ne songeai même pas à prendre une arme.
     
    L’air était doux. Des bruits étouffés nous parvenaient de temps à autre de la ville, avec cette clarté que l’on observe parfois lorsqu’un son se hisse jusqu’au sixième étage.
    — Voilà un beau spectacle…
    Elle contemplait la ville, accoudée à la balustrade : en m’entendant, elle se retourna.
    Ces yeux caramel, sur ce visage doux comme une amande… Les dieux savent combien de temps elle avait passé là, et quels doutes elle avait dû ressentir en attendant mon retour.
    — Sosia m’a parlé de cette vue dans une de ses lettres.
    — Je ne parlais pas de la vue.
    Je ne me lassais pas d’admirer Helena.
    Nous sommes demeurés là sans bouger, elle dans le noir, moi avec ma lampe, chacun se demandant ce qu’il restait de notre amitié. Quelques papillons de nuit perturbés commençaient à sortir de l’ombre. Un jour viendrait où nous parlerions de l’affaire, mais ce n’était pas le moment. Nous avions d’abord à retrouver nos marques.
    — J’avais fini par croire que vous ne rentreriez jamais ! Êtes-vous ivre ?
    Je m’étais arrêté dans plusieurs tavernes sur le chemin du retour.
    — Je sens que je vais dessaouler rapidement. Vous attendez depuis longtemps ?
    — Longtemps. Vous êtes surpris ?
    J’y réfléchis un instant. Non. La connaissant, je n’avais pas à être surpris.
    — Je pensais ne jamais vous revoir. Que faut-il vous dire, belle dame…
    — Maintenant que vous m’avez craché à la figure en public, vous pourriez peut-être m’appeler Helena.
    — Helena, murmurai-je, soumis.
    Il fallait que je m’assoie. Je m’abaissai péniblement vers le banc affecté à mes rêveries extérieures, gémissant de fatigue.
    — Voulez-vous que je parte ? proposa-t-elle maladroitement.
    — Il est trop tard, dis-je, comme pour faire écho à une autre soirée. Il fait trop nuit, cela serait dangereux… Je veux que vous restiez. Venez à côté de moi, Helena. Vous allez vous asseoir près d’un homme, sur son balcon, et écouter la nuit !
    Elle ne bougea pas.
    — Vous avez vu une autre femme ?
    Il faisait trop sombre pour que je distingue son visage.
    — Un rendez-vous d’affaires,

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