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Les cochons d'argent

Les cochons d'argent

Titel: Les cochons d'argent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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souvenais que les mines d’argent se trouvaient dangereusement près de la démarcation.
     
    Rien n’avait vraiment changé en Bretagne. La civilisation était venue recouvrir cette province comme la fine pellicule de cire qui se dépose dans le vase à onguents d’un apothicaire – un doigt passe facilement à travers. Vespasien dépêchait des légions d’avocats et d’érudits pour transformer ces populations tribales en démocrates que l’on pouvait inviter à dîner en toute sécurité. Je leur souhaitais bien du courage. Rutupiae ressemblait à n’importe quel port-frontière de l’Empire. Mais dès que l’on s’engagea sur la route d’approvisionnement longeant la rivière Tamesis vers le sud, je retrouvai un tableau familier : les huttes rondes au toit fumant, disséminées sur de modestes prés carrés, le bétail agressif se traînant sous des ciels menaçants, et ce sentiment de pouvoir parcourir pendant des jours collines et forêts sans jamais trouver un seul autel voué à l’un de nos dieux.
    La dernière fois que j’avais vu Londinium, ce n’était qu’un champ de cendres dégageant une odeur âcre, où les crânes de colons massacrés s’entassaient les uns sur les autres, comme des galets dans un ruisseau rougeoyant. Désormais, c’était la nouvelle capitale administrative. Nous sommes arrivés par le sud. Nous avons pu découvrir un pont flambant neuf, des quais découpés au cordeau, des entrepôts et des ateliers, des tavernes et des thermes. Et pas une planche n’avait plus de dix ans. J’y sentis certaines odeurs familières et d’autres plus exotiques. Les dix premières minutes, je n’entendis pas moins de six langues différentes ! Nous sommes passés devant un terrain nu à la terre sombre, où allait être construit le palais du gouverneur ; plus loin, un autre site important devait accueillir le Forum. Les bâtiments officiels avaient surgi un peu partout, et notamment un complexe financier fort animé – cours, vérandas, et une soixantaine de bureaux – où logeaient le procureur et sa famille.
    Les appartements privés du procureur étaient déprimants à souhait, dans le plus pur style britannique – cours étroites, pièces minuscules, vestibules mal éclairés, couloirs sombres… le tout dans un air confiné. Les lieux étaient peuplés d’êtres au visage livide et aux jambes blanches, qui s’entouraient de suffisamment de vaisselle d’Arretium et de verrerie phénicienne pour rendre la vie supportable. Il y avait des peintures murales dans des tons rouge foncé et ocre, surmontées de frises en relief représentant des cigognes et de la vigne – l’œuvre d’un plâtrier qui avait sans doute vu des cigognes et du raisin une fois dans sa vie, vingt ans auparavant. J’arrivai à la mi-octobre, mais à peine franchie la porte, j’entendis le bruit sourd du chauffage au sol.
    Flavius Hilaris sortit de son bureau pour m’accueillir.
    — Didius Falco ? Soyez le bienvenu en Bretagne. Avez-vous fait bon voyage ? Vous avez fait vite ! Venez, nous pourrons discuter pendant que l’on monte vos bagages.
    C’était un homme énergique et vigoureux, ce qui me paraissait admirable après trente années au service du gouvernement. Il avait de beaux cheveux bruns, dont la coupe mettait en valeur sa tête élégante. Ses mains étaient fines mais fermes, avec des ongles soignés, coupés droit. Il portait un large anneau doré, l’insigne de la deuxième classe. En bon républicain je méprise le système des classes, mais d’emblée je jugeai l’homme remarquable. Malheureusement pour son avancement, il accomplissait sérieusement sa tâche mais sans jamais se prendre lui-même au sérieux. Il était apprécié, mais au regard des critères conventionnels, telles n’étaient pas les qualités d’un bel esprit.
    L’architecte du service des Domaines lui avait affecté une pièce à titre de bureau personnel, mais il en avait fait une salle de réunion supplémentaire. En plus de son canapé de lecture, déformé à force d’usage, il y avait installé une table et des bancs pour les réunions. Il y avait quantité de candélabres muraux, tous crépitant à cette heure tardive. Ses secrétaires étaient partis, l’abandonnant à ses calculs et méditations.
    Il me versa du vin. J’appréciai ce geste destiné à me mettre à l’aise. Mais je me demandai subitement s’il ne cherchait pas à désarmer ma vigilance.
    Notre entretien fut d’une

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