Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les cochons d'argent

Les cochons d'argent

Titel: Les cochons d'argent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
Vom Netzwerk:
membres, et chacun d’eux pouvait être l’homme en question. Je ne croyais pas que ce fut Camillus Verus. Parce que je le connaissais ? En tant que client, ce pauvre diable m’avait semblé plus humain que le reste – mais je me suis déjà fait avoir avec ce genre d’intuition. Et même si lui était honnête, il en restait toujours cinq cent quatre-vingt-dix-neuf autres.
    L’individu que je cherchais, ou quelqu’un de son entourage, connaissait bien la Bretagne. Un quart de siècle s’était écoulé depuis que Rome avait envahi cette province – où d’ailleurs Vespasien avait gagné ses premiers galons. Depuis, quantité d’âmes courageuses avaient affronté cette contrée nordique pour s’acquitter de leurs obligations militaires ; nombre d’entre elles s’y étaient construit un passé glorieux, et s’étaient peut-être découvert de nouvelles ambitions… Titus lui-même en était l’exemple parfait. Je me souvenais très bien de lui, jeune tribun militaire commandant les renforts arrivés du fleuve Rhenus pour reconstruire la province après la révolte. Un passage en Bretagne offrait une marque de reconnaissance sociale. Personne n’aime cette province, mais de nos jours toute grande famille romaine compte un fils ou un neveu ayant séjourné dans les glacials marécages du bout du monde. Le coupable était sans doute l’un d’entre eux, mais lequel ?
    Il avait peut-être occupé un poste dans le nord de la Gaule.
    Ou appartenu à la flotte qui sillonnait l’océan Britannique, entre la Gaule et la Bretagne.
    D’ailleurs tout individu possédant la moindre embarcation était suspect : un marchand convoyant les céréales britanniques vers les camps militaires du Rhenus, un importateur de peaux ou de chiens de chasse à destination de l’Italie, un exportateur de poteries ou de vin, un simple négociant avisé – les types roublards ne manquaient pas !
    Et le gouverneur de la province ?
    Sa femme…
    Pourquoi pas l’homme chez qui je me rendais, Gaïus Flavius Hilaris, le beau-frère de mon sénateur, qui avait été nommé procureur aux affaires financières après avoir choisi de vivre vingt ans en Bretagne – une démarche tellement excentrique qu’elle devait cacher quelque chose (à moins qu’il ne fût complètement timbré…).
    Je parvins à l’océan Britannique la tête tellement farcie d’hypothèses farfelues que j’en avais le tournis. Arrivé au bout de la Gaule, j’ai contemplé jusqu’à en avoir la nausée les eaux écumeuses du haut des falaises. Sur le bateau qui tentait de franchir le bras de mer, j’oubliai un instant mes préoccupations pour concentrer tous mes efforts à lutter contre le mal de mer. Je me demande pourquoi j’ai gaspillé mon énergie… j’ai toujours été malade en bateau.
    Il fallut nous y reprendre à cinq fois avant de quitter le port de Gesoriacum ; nous avions à peine gagné la haute mer que je souhaitais déjà faire marche arrière.

21
    J’avais beaucoup de chance d’être arrivé jusque-là : je me dirigeais vers l’ouest avec un laissez-passer m’autorisant à voyager vers l’est… Après sept années passées dans l’armée, plus rien ne m’étonnait.
    J’avais prévu de voyager sans me presser, avec un arrêt de quelques jours à Londinium, histoire de m’acclimater. Le gouverneur du port de Gesoriacum avait sans nul doute prévenu le dépôt de Dubris. Londinium était informé de mon arrivée avant même que j’aie quitté la Gaule. Un émissaire m’attendait sur le quai à Rutupiae, bien au chaud dans ses bottes fourrées, pour m’éviter tout tracas à ma descente de bateau.
    L’envoyé du procureur, un simple décurion, avait accepté cette mission spéciale avec la fatuité des héros de son espèce.
    Il se présenta, avec sa face de lard et ses cheveux gras. Je m’empressai d’oublier le nom de ce minable franchement antipathique. Sa légion était la vingtième Valeria – de ternes besogneux qui s’étaient couverts de gloire en écrasant la révolte de la reine Boudicca. Leur quartier général se trouvait désormais à Viraconium, au pied des montagnes marquant la frontière. Je parvins à lui soutirer un unique détail intéressant : malgré les efforts répétés des gouverneurs successifs, la frontière demeurait la même, la route conduisant en diagonale d’Isca à Lindum, une ligne au-delà de laquelle la majeure partie de l’île échappait au contrôle de Rome. Je me

Weitere Kostenlose Bücher