Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les cochons d'argent

Les cochons d'argent

Titel: Les cochons d'argent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
Vom Netzwerk:
de quatre jours. Nous avions suffoqué dans les nuages de poussière noire à Verulamium et Londinium. Nous avions détaché des colons crucifiés dans leurs villas de campagne isolées, et jeté de la terre sur les squelettes calcinés de leurs esclaves étranglés. Nous avions contemplé, horrifiés, des cadavres de femmes mutilées, accrochés dans les arbres, comme de vulgaires chiffons rouges. J’avais 20 ans.
    C’est ce qui m’a poussé à quitter l’armée à la première occasion. J’ai mis cinq ans avant d’y parvenir, mais je ne l’ai jamais regretté. Je me suis retrouvé à mon compte. Je me suis juré de ne plus jamais accepter de recevoir d’ordres d’un individu d’une incompétence si criminelle. Et de ne plus jamais faire partie des cercles du pouvoir, où l’on propulse de tels imbéciles aux commandes.
     
    Flavius Hilaris me contemplait, toujours plongé dans mes songes.
    — Aucun de nous ne s’en remettra jamais complètement, reconnut-il, avec une certaine amertume.
    Comme le mien, son visage s’était assombri. Tandis que le gouverneur Paullinus s’occupait à chasser le sauvage dans les montagnes, Hilaris prospectait l’or et le cuivre. Il veillait aux finances. Il occupait la deuxième place dans l’échelle administrative, juste après le gouverneur. Mais dix ans auparavant, à l’époque de la Révolte, Gaïus Flavius Hilaris exerçait une charge moins importante : procureur responsable des mines britanniques.
    C’est peut-être lui… Mon cerveau las me disait que cet homme, si franc de sourire et de regard, pouvait bien être mon coupable. Il connaissait les mines et savait truquer les documents : personne dans l’Empire n’occupait une place plus parfaite.
    — Vous devez être fatigué, lança-t-il doucement. (Je me sentais vidé.) Vous n’avez pas dîné, je ferai monter à votre chambre de quoi vous sustenter. Mais vous devriez d’abord vous détendre aux bains. Et quand vous aurez mangé, je souhaite vous présenter mon épouse…
    Pour la première fois, j’avais affaire à la caste des diplomates. Ils m’avaient échappé jusque-là car, menant des vies dépourvues de duplicité, ils ne s’attiraient aucune inimitié et n’avaient donc pas recours à mes services. J’étais arrivé en m’attendant à être traité comme un serviteur. Alors que je me retrouvais logé incognito dans les appartements privés du procureur, accueilli en véritable ami de la famille.
    Heureusement, j’avais emmené une tenue correcte.

22
    J’avais imaginé être logé à la dure chez l’habitant… J’avais en fait une chambre des plus confortables ! La pièce était spacieuse, mon lit croulait sous les couvertures chamarrées. Les lampes à huile brillaient, la chaleur s’infiltrait par les conduits dissimulés dans les murs. Il y avait des fauteuils avec des reposoirs pour les pieds, des coussins, des tapis, du matériel pour écrire et des pommes tardives dans un compotier en céramique vernie.
     
    Un esclave distingué m’accompagna jusqu’aux bains, où un autre me lava ; j’en découvris un troisième en regagnant ma chambre, un gamin qui peinait à poser son plateau chargé de plats en argent où je trouvai du gibier froid et du jambon en gelée. Je me régalai jusqu’à satiété. Le jeune garçon était resté pour me servir ; il paraissait impressionné. Je lui fis un clin d’œil – et détournai aussitôt le regard au cas où il se fasse des idées.
    Par respect pour mon hôte, je me passai un coup de peigne. Je sortis ensuite ma plus belle tenue, une tunique blanc cassé qui se tenait mal et, qui d’après mon fripier, n’avait eu qu’un propriétaire avant moi. (Ma mère me conseille toujours de demander de quoi ils sont morts, mais je m’en passe bien, tant qu’il n’y a pas de traces de sang… Quel fripier irait vous avouer que votre prédécesseur avait une maladie de peau ?)
    Je défis mes bagages tout en suçotant pensivement les morceaux de jambon qui restaient coincés entre mes dents. On s’y était pris avec doigté, mais je remarquai qu’on avait fouillé mes affaires pendant que j’étais dans le bureau du procureur.
    Je trouvai Hilaris allongé – il avait retiré sa ceinture – dans un salon bien chauffé. Il lisait pour son plaisir, et avait donc quitté son bureau pour retrouver son épouse. Je découvris une femme menue, plutôt ordinaire et qui paraissait assez mal à l’aise dans son élégante robe rouge. Un

Weitere Kostenlose Bücher