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Les cochons d'argent

Les cochons d'argent

Titel: Les cochons d'argent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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représentant tout à fait respectable des autorités. Arrivé à quelques pas de nous, le sénateur parla, la voix pesante. Sa douleur faisait écho à la mienne.
    — Merci d’être venu, capitaine. Didius Falco, accepteriez-vous de poursuivre l’enquête ?
    Il ne faisait pas de manières. Aucune allusion au fait que j’avais rompu notre accord. Je ne pouvais me défiler.
    Je répondis avec une profonde amertume.
    — Je vais la poursuivre. Le magistrat et son équipe sont dans une impasse. Les entrepôts étaient vides. Personne n’a vu le coupable. Rien qui permette d’identifier son stylet. Mais les cochons d’argent nous permettront bien de remonter jusqu’à lui.
    — Et qu’allez-vous faire ? demanda le sénateur en fronçant les sourcils.
    Je sentis que Petronius se balançait légèrement ; nous n’avions rien décidé, et jusqu’à ce moment-là j’étais resté dans le flou. Elle n’était plus là. J’avais les idées plus claires. Une voie s’imposait. Plus rien ne me rattachait à Rome : ni logement, ni plaisir, ni sérénité.
    — Rome est une trop grande ville, monsieur. Alors que la piste démarre dans une communauté bien délimitée, dans une province que contrôle strictement l’armée. Il doit être beaucoup plus difficile d’y cacher quelque chose. Nous n’avons pas été très malins, j’aurais dû m’y rendre plus tôt.
    Petro, qui avait détesté l’endroit, ne put pas se retenir.
    — Oh, Marcus ! Grands dieux !
    — La Bretagne, confirmai-je.
    Et en hiver… Nous étions déjà en octobre ; je serais chanceux d’y parvenir avant la fermeture des passages maritimes. La Bretagne en hiver. J’y avais déjà été, je savais à quel point c’était épouvantable : ce fin crachin qui poisse vos cheveux comme de la colle de poisson… le froid qui s’empare de vos articulations, des épaules jusqu’aux genoux… le brouillard sur la mer et le blizzard dans les collines… ces mois horribles où les matins se distinguent à peine des soirs…
    Cela n’avait plus d’importance. Je n’en avais que faire. Plus le pays serait sauvage, plus j’y trouverais mon compte. Tout m’était devenu indifférent.

Deuxième partie
    Bretagne
     
    Hiver, 70-71 ap. J.-C.

20
    Si l’envie vous prend d’aller visiter la Bretagne, je ferai de mon mieux pour vous en dissuader. Si vous tenez vraiment à vous y rendre, vous trouverez la province de Bretagne aux confins du monde civilisé, battue par les vents du nord. Votre carte sur parchemin a les bords usés ? Elle aura disparu. Et croyez-moi, tant mieux ! Si ce vieux Borée continue à souffler à pleines joues vers le sud, c’est bien parce qu’il cherche à fuir la Bretagne.
    Officiellement, Camillus Verus m’avait envoyé pour ramener sa fille Helena Justina qui rendait visite à sa tante. J’avais cru déceler chez lui un faible pour sa sœur cadette, la tante en question. Lors de notre entretien il avait murmuré :
    — Falco, vous escorterez ma fille si elle en convient. Je vous laisse libre d’arranger les détails avec Helena en personne.
    Vu son ton, j’en avais déduit que la jeune femme avait du caractère. Il avait l’air si peu convaincu que je lui avais demandé de but en blanc :
    — Elle oserait ne pas tenir compte de votre avis ? Votre fille est une cliente difficile ?
    — Elle a connu un mariage malheureux ! s’exclama son père sur la défensive.
    — Je suis navré de l’apprendre, monsieur.
    Je souffrais trop moi-même d’avoir perdu Sosia pour me soucier des problèmes des autres. Mais peut-être mon propre désarroi me rendait-il plus compatissant.
    — Le divorce a été une bonne chose, expliqua-t-il sans plus de précisions, sous-entendant clairement que la vie privée de sa noble enfant ne regardait pas les gens de mon espèce.
    Contrairement à ma première impression, il était attaché à Helena, même s’il paraissait véritablement la craindre. Il est vrai qu’à l’époque, il me semblait naturel pour un père de craquer à cause de sa fille – et pourtant la mienne n’était pas encore née ! Dès l’instant où la perfide sage-femme place entre vos mains cette petite chose rouge toute fripée en vous demandant de la nommer, une existence vouée à l’angoisse s’abat sur vous d’un seul coup…
    Je m’étais déjà frotté à des femmes butées : j’estimais que quelques paroles musclées suffiraient à mater cette Helena.
     
    Je gagnai la Bretagne

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