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Les cochons d'argent

Les cochons d'argent

Titel: Les cochons d'argent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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exhaustivité éprouvante. Comparé à cet Hilaris, mon client Camillus Verus n’était qu’un pruneau desséché. J’avais déjà rayé le procureur de ma liste de suspects (c’eût été trop gros) mais il prit soin de parler de l’Empereur pour afficher clairement ses préférences.
    — Il n’y a pas mieux pour l’Empire – mais cela représente un grand changement pour Rome. Le père de Vespasien était un simple administrateur – comme mon propre père – et pourtant voici Vespasien empereur – mais moi, je me suis contenté de suivre les traces paternelles !
    Il m’était de plus en plus sympathique.
    — Pas tout à fait, monsieur : vous êtes le fonctionnaire le plus en vue d’une jeune province prestigieuse. Et l’Empereur vous compte au nombre de ses amis. Personne hormis le gouverneur n’a plus de poids en Bretagne. Alors que votre père a culminé au poste de receveur des impôts de troisième classe, et dans une ville de Dalmatie comptant une seule tête de bétail…
    J’avais fait quelques recherches sur le personnage avant de partir. Il le comprit et nous échangeâmes un sourire.
    —  Votre père était commissaire-priseur, rétorqua-t-il.
    Mon père avait disparu depuis si longtemps que peu de gens le savaient.
    — Et l’est peut-être encore, reconnus-je avec mélancolie.
    Il ne fit aucun commentaire. L’homme était courtois, mais il n’avait pas négligé de se renseigner sur mon compte avant que je débarque dans sa province :
    — Quant à vous, Falco, deux ans de service militaire, plus cinq années comme éclaireur – ceux que les indigènes pendent pour espionnage…
    — Quand on les attrape !
    — Ce qui ne vous est jamais arrivé… Vous avez été remercié , vous êtes vite retombé sur vos pieds et vous avez entamé votre nouvelle carrière. D’après mes sources, vous seriez plutôt lymphatique, mais vos anciens clients sont élogieux. Et certaines femmes (il eut un léger sourire) ont un regard étrange quand elles évoquent votre nom…
    Je ne relevai pas.
    Il en vint enfin au sujet que nous avions éludé depuis le début de l’entretien.
    — Vous et moi, fit le procureur tout sourire, avons servi dans la même légion, Didius Falco.
    Il ne me l’apprenait pas, comme il ne pouvait l’ignorer.
    La même légion, à vingt ans d’écart, dans la même province. Il avait servi dans la glorieuse deuxième Augusta à l’époque où elle constituait les troupes d’élite de l’invasion britannique. Vespasien la commandait – c’est là qu’ils s’étaient rencontrés. J’avais rejoint la deuxième à Isca, à l’époque où le gouverneur Paullinus décida d’envahir Mona – l’île aux Druides – afin de vider ce repaire de rebelles une fois pour toutes. Paullinus nous avait laissés à Isca, pour protéger ses arrières, alors que notre commandant l’avait suivi en tant que conseiller. Nous nous étions retrouvés sous la coupe de Poenius Postumus, un préfet de camp incompétent, qui qualifia la révolte de Boudicca « d’escarmouche locale ». Quand cet imbécile reçut les ordres du gouverneur paniqué – les Icènes avaient mis le sud à feu et à sang – au lieu de rejoindre notre armée assaillie, il refusa de bouger, par trouille ou nouvelle erreur de jugement, nul ne le sait. J’avais connu la légion à ses heures les plus noires.
    — Vous n’y êtes pour rien, remarqua Hilaris avec sympathie, comme s’il avait deviné mes sombres pensées.
    Après le massacre des rebelles, quand la vérité éclata, notre crétin de préfet de camp tomba sur son glaive, avec notre aide. Il nous avait tout de même fait abandonner vingt mille camarades en rase campagne, sans vivres ni retraite possible, face à deux cent mille Celtes rugissants. Quatre-vingt mille civils avaient été massacrés tandis que, à l’abri dans notre camp, nous astiquions les rivets de nos armures. Nous aurions pu y perdre les quatre légions, le gouverneur et la province.
    Si une province romaine avait succombé à une rébellion indigène, dirigée par une femme, l’Empire tout entier aurait menacé de se désintégrer. Rome aurait pu disparaître. Une simple escarmouche locale, cette révolte britannique…
    Après coup, nous n’avions pu que constater les destructions des barbares. À Camulodunum, nous avions découvert les villageois regroupés à l’intérieur du temple de Claude : ils avaient fondu les uns contre les autres après un brasier

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