Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les cochons d'argent

Les cochons d'argent

Titel: Les cochons d'argent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
Vom Netzwerk:
reprochait amèrement.
    Quand je me trouve sous un toit étranger, je m’efforce toujours de me fondre dans le décor. Bien qu’épuisé je ne quittai pas mon tabouret. Au bout d’un certain temps Aelia Camilla s’excusa et quitta la pièce, emportant le bébé et la fillette. Mon hôte suivit sa femme du regard et ne tarda pas à s’éclipser. Helena Justina et moi sommes demeurés seuls. Je n’irais pas jusqu’à dire que nos regards se trouvèrent. En fait, je la regardai parce que c’était le réflexe normal d’un homme seul avec une femme entre quatre murs. Elle me fixa également ; j’ignorais pour quelle raison.
    Je me refusai à parler ; la fille du sénateur me provoqua.
    — Vous ne trouvez pas que votre petit voyage ne rime à rien, Didius Falco ?
    Impassible sur mon siège, les coudes appuyés sur les genoux, j’attendais qu’elle s’explique. Mon interlocutrice obstinée feignit d’ignorer ma curiosité.
    — Peut-être bien, finis-je par dire.
    Je contemplai le sol. Le duel se poursuivait en silence. J’ajoutai alors :
    — Écoutez, chère madame, je ne vous demande pas ce qui vous chagrine, car franchement peu m’importe. Les états d’âme du sexe faible font partie des risques du métier. Je suis venu accomplir une mission dangereuse dans ce pays que je déteste parce que votre père et moi n’avons aucune autre carte à jouer.
    — Votre discours aurait de l’allure, s’il venait d’un homme honnête.
    — Il en a donc.
    — Ce ne sont que des mensonges, Falco !
    — Il faudrait être un peu plus précise. Je fais ce que je peux. Vous me prenez pour un incapable, je ne vois pas pourquoi.
    — Dites-moi, railla la fille du sénateur, vous vous accrochez à votre contrat par appât du gain ? Ou avez-vous décidé de tout faire capoter ? Êtes-vous un traître, Falco, ou perdez-vous simplement votre temps ?
    Soit elle était folle, soit j’étais le dernier des abrutis.
    — Vous pourriez être plus claire ?
    — Sosia Camillina a surpris un de ses ravisseurs en train de pénétrer dans une maison qu’elle connaissait. Elle me l’a écrit – mais sans dire la maison de qui. Elle m’a dit que vous étiez au courant.
    — Non ! dis-je.
    — Et si !
    — Mais je vous dis que non ! (J’étais estomaqué.) Peut-être en avait-elle l’intention…
    — C’est écrit dans sa lettre !
    Nous étions tous les deux à court d’arguments.
    Quelque chose clochait. Sosia était certes tête en l’air et sujette à s’emporter, mais elle avait de l’intelligence à revendre. Elle n’avait pu oublier un détail aussi important. Et puis elle était trop fière de ses trouvailles et pressée de les partager avec moi.
    Mon esprit partait dans toutes les directions. Elle avait pu m’écrire un autre mot ; alors où était-il ? On avait retrouvé sur elle deux tablettes inutilisées de son carnet, elle en avait laissé une troisième dans ma chambre… non, vraiment… selon toute vraisemblance, la quatrième avait dû servir à noter une liste de courses…
    Quelque chose d’imprévu avait dû se produire.
    — Non, jeune dame. Vous devez me croire.
    — Et pourquoi devrais-je vous croire ? lança Helena Justina, moqueuse.
    — Parce que je mens uniquement lorsque cela me rapporte !
    La douleur marqua son visage.
    — Et elle, vous lui avez menti ? Pauvre cousine… (Je lui lançai un regard qui l’arrêta un instant – autant chercher à freiner un bœuf échappé en lui tendant une poignée de foin…) Elle n’avait que 16 ans ! s’exclama la fille du sénateur comme s’il n’y avait rien à ajouter.
    Je compris enfin ce qu’elle me reprochait et pourquoi elle me vouait un mépris aussi tenace.
    Laissant exploser toute son exaspération, elle bondit sur ses pieds. Elle semblait aimer quitter les pièces en claquant la porte. Elle fila après un bonsoir cinglant. Je n’en attendais pas tant.
    Je demeurai quelque temps sur mon tabouret, à écouter les bruits de cette demeure inconnue. Même si je m’efforçais de ne pas penser à Sosia, car j’étais trop fatigué pour le supporter, je me sentais accablé de soucis, terriblement seul et bien trop loin de chez moi.
    Je ne m’étais pas trompé, rien n’avait changé en Bretagne.

24
    Le lendemain, Flavius Hilaris m’exposa son plan.
    Mal à l’aise dans cet environnement peu familier, je m’étais réveillé en sursaut dès les premiers mouvements de la maisonnée. J’enfilai pas

Weitere Kostenlose Bücher