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Les cochons d'argent

Les cochons d'argent

Titel: Les cochons d'argent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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matrone romaine dans toute sa splendeur ; elle ne tolérait pas les esclandres.
    Après trente années passées à esquiver la curiosité de ma mère, je ne relevais même plus les questions indiscrètes.
    — Je suis vraiment navrée ! s’excusa Aelia Camilla. Je suis impardonnable.
    Entouré de ces personnes intelligentes et ouvertes je commençais à perdre de ma superbe. Je parvins malgré tout à dire :
    — Madame, toute personne ayant eu le bonheur de connaître votre nièce ne pouvait qu’éprouver de l’affection pour elle.
    Elle eut un sourire triste. Elle et moi comprenions très bien combien ce compliment superficiel était loin de ce qu’elle avait voulu dire.
    Aelia Camilla adressa un regard à son mari qui reprit les rênes de la conversation.
    — Naturellement, j’ai reçu l’explication officielle de votre voyage en Bretagne. J’aimerais malgré tout entendre votre version des choses. (Il ajouta, toujours aussi direct :) Vous vous faites des reproches au sujet de sa mort ?
    — J’en veux à son meurtrier, monsieur. (Je vis ses minces sourcils se relever.) Mais tant qu’il n’aura pas été identifié, je me sentirai responsable.
    La jeune femme avec laquelle je m’étais disputé posa l’enfant et quitta prestement la pièce. Elle était grande. Je me souvins amèrement de l’époque où j’avais aimé les grandes bringues…
    Comme un peu d’hypocrisie ne fait jamais de mal, je m’enquis d’un ton empreint de respect :
    — Ai-je eu l’honneur d’offenser la noble fille de mon client ?
    Aelia Camilla semblait ennuyée que la jeune femme nous ait quittés en colère. Le bébé, toujours endormi, agrippa le doigt qu’Hilaris lui tendait et décocha un coup de pied dans le vide. Nos préoccupations le laissaient totalement indifférent. Plutôt que de sourire niaisement, Hilaris s’occupa de rattacher la bottine en feutre du bébé, tout en parlant.
    — Toutes mes excuses, Falco. C’était bien Helena Justina, la nièce de mon épouse. J’aurais dû faire les présentations. Il est question qu’elle rentre en votre compagnie, si je ne me trompe…
    Je soutins son regard le temps de partager le comique de la situation, puis je répondis par l’affirmative sans m’engager davantage.

23
    Exténué comme je l’étais, je me serais bien passé d’une confrontation avec cette sorcière d’Helena Justina. Je comprenais bien le souhait du sénateur de la confier à une escorte expérimentée, pour le long voyage de retour à travers les territoires barbares – même si, après la désastreuse histoire de Sosia Camillina, m’employer moi pouvait paraître ridicule. Je souhaitais lui rendre service, mais maintenant que j’avais vu la fille, je déprimais à l’idée de partager l’intimité de cette caractérielle. À une autre époque, j’aurais sans doute relevé le défi d’avoir à gagner sa confiance. Mais, trop marqué par la mort de Sosia, je ne pouvais trouver l’énergie nécessaire. Seule ma sympathie pour Decimus Camillus Verus me donnait la patience d’affronter cette situation.
    Le soir de notre rencontre, les qualités du personnage ne m’ont pas sauté aux yeux… si tant est qu’elle en eût. Pour des raisons qui m’échappaient, elle me méprisait. L’impolitesse ne me gênait pas particulièrement, mais elle paraissait même se défier de son oncle et sa tante.
    Elle ne fut pas absente très longtemps. Elle ne résista sans doute pas à la tentation de trouver de nouvelles raisons de me haïr. Quand elle revint, je fis de mon mieux pour l’ignorer – c’est la meilleure méthode avec les petites teignes.
    J’étais malgré tout curieux. Ce n’est pas parce qu’on renonce aux femmes qu’on arrête de les regarder. Elle avait certes un caractère de cochon mais des formes agréables. J’aimais la façon dont elle avait bouclé ses cheveux. Je remarquai que la petite fille se précipitait vers elle ; tout le monde n’a pas le pouvoir de s’attirer ainsi la sympathie des enfants. C’était donc elle, la fameuse cousine de ma chère disparue.
    Leurs deux pères avaient beau être frères, elles ne se ressemblaient pas du tout. Helena Justina avait une vingtaine d’années, mais elle paraissait bien sûre d’elle. Elle brûlait d’une sereine flamme intérieure face à laquelle Sosia aurait semblé bien gamine. Elle était tout ce que Sosia promettait de devenir mais ne serait jamais. Je lui en voulais. Elle le sentait et me le

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