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Les cochons d'argent

Les cochons d'argent

Titel: Les cochons d'argent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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m’enterrera dans une tourbière. Rendrez-vous compte aux Furies de cette vengeance terrible que vous m’infligez ?
    Elle regarda au fond de sa tasse et ne répondit pas.
    Je surpris le coup d’œil interrogateur de son oncle.
    — Helena Justina répond elle-même de ses actes, dit-il.
    C’était bien là le hic. Je n’allais pas épiloguer sur le sujet.
    Je n’en voulais même pas à Decimus. Aucun homme n’est jamais entièrement responsable des femmes de sa maison. Je l’avais appris bien avant d’en avoir moi-même.

25
    Flavius Hilaris se chargea d’organiser mon voyage. Sa prévenance me toucha, tant que je n’en connus pas les dispositions exactes. Il m’envoya par la mer. Il possédait une demeure dans une des villes de la côte septentrionale, et une propriété encore plus à l’ouest, où il séjournait l’été. Pour se déplacer de l’une à l’autre, il avait fait l’acquisition d’un ketch celte qu’il appelait, non sans humour, son yacht. Cette vieille coque robuste n’avait pas vraiment été conçue pour les rêveries sur le lac Vulsinii, par une chaude journée d’août. Il trouvait sans doute son idée judicieuse, mais par la suite je pris la précaution de m’organiser tout seul.
    On me débarqua à Isca, à une soixantaine de milles romains des mines. Ce n’était pas une mauvaise chose : je m’imaginais mal débarquer directement du bateau de Flavius – autant faire sonner le clairon et annoncer : « l’espion du procureur » ! Je connaissais Isca. J’ai la faiblesse de croire qu’avant de plonger en eaux troubles, il vaut mieux trouver nos marques sur un rocher où nos pieds se sentent à l’aise…
    Au cours des dix années qui avaient suivi mon départ, on avait regroupé un certain nombre de régiments. Des quatre légions britanniques d’origine, la quatorzième Gemina se trouvait retenue en Europe, dans l’attente d’une décision de Vespasien sur son sort – elle avait trempé dans la guerre civile, du mauvais côté… La neuvième Hispana était en cours de transfert vers Eboracum, au nord. La vingtième Valeria s’était enfoncée vers les montagnes de l’ouest. Quant à la mienne, la deuxième Augusta, elle marchait vers Glevum, au fond de l’estuaire de la Sabrina. Leur mission actuelle était de tenir en respect les tribus des Silures, en vue d’une nouvelle poussée vers l’ouest dès que la confiance serait revenue.
    Sans la deuxième, Isca me fit l’effet d’une ville fantôme. J’eus une drôle d’impression en revoyant notre fort. J’en trouvai les portes grandes ouvertes, les allées occupées par une succession d’ateliers de bric et de broc. Quant à la maison du gouverneur, elle avait échu à un magistrat local. Comme je m’y attendais, derrière le fort, une fois que les échoppes de fortune et les cabanes se firent plus rares, je tombai sur les modestes logis des vétérans qui avaient pris leur retraite avant le départ de la deuxième. Vous parlez d’un coup du sort ! Comme tout bon vétéran, vous avez droit à votre lopin de terre, vous choisissez votre parcelle près de vos anciens camarades, tout ça pour les voir déménager vers un autre camp à cent milles de là… Il devait tout de même en rester quelques-uns, à cause de leur mariage avec des filles du pays.
    J’espérais bien dénicher quelques vétérans derrière le camp de la deuxième ; le départ de la légion faisait aussi mon affaire. Je pensais qu’en me présentant, avec mes projets, je trouverais bien un fidèle second en mal d’aventure.
     
    Rufrius Vitalis, ex-centurion, habitait un bâtiment de ferme en pierre, entouré de champs à la terre rougeâtre, blotti en contrebas des landes menaçantes. Tous ses voisins étaient des fermiers hirsutes du même acabit. Je l’avais remarqué en ville ; ayant fait mine de le bousculer par hasard, j’avais prétendu le connaître. Il était tellement demandeur de nouvelles de Rome que nous sommes devenus d’emblée les plus vieux copains du monde.
    C’était un beau gaillard, costaud, impatient mais capable. Il avait le visage tanné, le regard alerte et le menton hirsute. Il descendait de paysans de Campanie. Même en Bretagne, il travaillait dehors bras nus ; il débordait suffisamment d’énergie pour ignorer le froid. Il avait servi trente ans, avant de prendre sa retraite – cinq de plus que nécessaire car, après la Révolte, on avait proposé aux types expérimentés de rester

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