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Les cochons d'argent

Les cochons d'argent

Titel: Les cochons d'argent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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plus longtemps en échange de soldes juteuses. Je serai toujours étonné de voir ce que les gens sont prêts à accepter pour doubler leur salaire.
    Nous avons passé quelque temps dans une taverne à bavarder. Quand il me ramena chez lui, je ne fus pas surpris de voir qu’il vivait avec une femme du coin, beaucoup plus jeune. De nombreux vétérans en faisaient autant. Elle s’appelait Truforna. Elle était informe et incolore, une petite brioche enfarinée aux yeux gris pâle. Dans un tel trou au bord de l’océan, je comprenais qu’on pût lui trouver la silhouette jolie et le teint vif. Il ne lui adressa pas la parole ; elle allait et venait dans le modeste logis en l’épiant.
    Chez lui, nous avons encore discuté, d’un ton posé pour ne pas inquiéter Truforna. Il me demanda pourquoi j’étais venu. Je parlai d’un vol. Je fis allusion à l’aspect politique, sans en dire plus ; il ne posa pas de question. Un type sorti du rang pour atteindre le grade de centurion avant la retraite avait trop d’expérience pour se monter la tête au seul mot de « politique ». Il voulut connaître ma stratégie.
    — Y pénétrer, enquêter sur ce qui se passe, me tailler. (Il me regarda, incrédule.) Vraiment, je ne plaisante pas. C’est tout ce que j’ai.
    — Le procureur ne peut pas t’y faire entrer ?
    — Mon souci principal est surtout d’en sortir !
    Il me regarda à nouveau. Nous partagions une profonde méfiance pour la clique administrative. Il comprenait que je préfère avoir mon propre plan, un homme de confiance qui remonterait la corde quand je le demanderais, au moment voulu.
    — Tu cherches un complice, Falco ?
    — Oui, mais à qui demander ?
    — À moi.
    — Et ta ferme ?
    Il haussa les épaules ; après tout, c’était son problème. Il me posa la seule question importante.
    — On t’aide à entrer, on t’en fait sortir. Et après ?
    — Je file à Rome, mon ami !
    L’hameçon se planta solidement au fond de son gosier. Nous avions longuement évoqué Rome, de quoi lui faire cogner le cœur contre les côtes. Il demanda si on avait prévu une rame pour lui. Je lui proposai de l’enrôler comme valet de pied d’Helena Justina. Les paupières voilées, nos regards se tournèrent vers Truforna.
    — Et elle ? chuchotai-je avec précaution.
    — Elle n’a pas besoin de savoir, affirma Vitalis.
    Je le trouvais excessivement confiant. Ô Centurion… Mais bon, ça ne regardait que lui.
     
    Il connaissait la région. Je lui laissai toute liberté pour échafauder notre plan. Une semaine plus tard, nous arrivions aux mines d’argent de Vebiodunum, Vitalis sur un poney, vêtu de cuir et fourrure à la manière des chasseurs de primes, et moi courant derrière dans mes haillons d’esclave. Il expliqua au contremaître qu’il parcourait les gorges du pays à la recherche d’esclaves indigènes en fuite. Il parvenait à leur faire cracher le nom de leurs propriétaires, et ramenait ensuite sa minable contrebande en échange d’une récompense. J’avais refusé de dire d’où je venais et, après m’avoir nourri trois semaines, Vitalis perdait patience et pensait qu’un petit séjour de travaux forcés à la mine me rafraîchirait les idées.
    Rufrius Vitalis broda sans fin sur l’histoire dont nous étions convenus, prenant soin notamment – une fois que je me retrouvai enchaîné – de me flanquer une volée qui m’ouvrit la joue, avant de me balancer dans le tas de fumier d’un pauvre villageois édenté. Quand il me remit en bonnes mains, mon air renfrogné et mon odeur étaient des plus authentiques. Vitalis ne se priva pas d’ajouter qu’à son humble avis je refusais de parler parce que j’avais tué mon maître. Je me serais bien passé de ce petit plus apporté à mon certificat de bonne conduite !
    — Je l’appelle « pinson », ajouta Vitalis, vu que c’est pas un rigolo. Surtout ne le laissez pas s’échapper. Je reviens dès que possible ; il aura peut-être retrouvé sa langue !
    Le contremaître trouva que « pinson » m’allait bien. Pourtant, Dieu sait que la gaieté n’était pas au rendez-vous.

26
    Vues de la campagne environnante, les hauteurs donnent une apparence trompeuse. La crête de grès où se trouvent les mines de plomb n’a pas l’air plus menaçante que les basses collines si caractéristiques du sud de la Bretagne. C’est seulement en approchant cette corniche du sud ou de l’ouest que l’on remarque

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