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Les compagnons de la branche rouge

Les compagnons de la branche rouge

Titel: Les compagnons de la branche rouge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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le scarabée…
    Il a, sur sa tête – c’est bien le guerrier
    qu’on a célébré dans toute l’Irlande ! –,
    trois chevelures de couleurs différentes,
    ce garçon intrépide encore jeune et sans barbe…
    Il marche rapidement dans la plaine,
    il parcourt le combat dans le danger,
    il n’y a pas un de nos héros
    qui soit semblable à Couhoulinn…
    Couhoulinn est venu ici,
    le jeune héros de Murthemné :
    celles qui l’ont fait venir de si loin,
    ce sont les filles d’Aed Abrat…
     
    Quant à Li Ban, elle le salua en ces termes :
     
    Sois le bienvenu, ô Couhoulinn,
    sanglier qui poursuit sa proie,
    prince de la plaine de Murthemné,
    noble caractère,
    cœur de héros,
    puissante pierre de sagesse,
    rouge de colère,
    ardent contre les ennemis,
    valeureux champion des Ulates,
    sois le bienvenu, ô Couhoulinn…
     
    Cette nuit-là, Couhoulinn dormit avec Fand, fille d’Aed
Abrat, et il demeura un mois auprès d’elle. Au bout de ce temps, il voulut
revenir chez les Ulates et prit congé d’elle.
    « Pars, ô mon bien-aimé, lui dit-elle, mais sache que j’irai,
quoi qu’il advienne, à l’endroit où tu me donneras rendez-vous. »
    Après être convenus de se retrouver le mois suivant auprès
de l’If qu’on appelait de Cenn Tracha, c’est-à dire de la Pointe du Rivage, ils
se séparèrent donc, et Couhoulinn partit sans plus tarder. En compagnie de Loeg,
il regagna Émain Macha où les Ulates leur firent à tous deux bon accueil.
    Mais, quand le délai d’un mois fut presque écoulé, Morrigane
vint de la Terre de Promesse trouver Émer, fille de Forgall, à qui elle apparut
sous la forme d’une belle femme aux cheveux noirs, vêtue d’un grand manteau
rouge qui la recouvrait jusqu’aux pieds. Et elle lui conta comment Fand, fille
d’Aed Abrat, et son mari Couhoulinn s’étaient donné rendez-vous à l’If de la
Pointe du Rivage. Puis elle s’en alla, laissant Émer si bien remâcher sa colère
et son désespoir que lui vint l’idée de tuer la fille d’Aed Abrat. Alors, munie
de poignards acérés qu’elle avait commandés tout exprès, elle s’approcha du lieu
de rendez-vous en compagnie de cinquante femmes, toutes revêtues d’une capuche
sombre. Absorbés dans une partie d’échecs, Couhoulinn et Loeg ne s’avisèrent
pas même de leur présence ; mais, dès son arrivée, Fand, elle, les aperçut.
    « Regarde derrière toi, ô Loeg, dit-elle, regarde ce
que je vois. »
    Loeg, détournant la tête, vit les femmes qui s’approchaient.
    « Regarde bien, ô Loeg, reprit Fand. Voici des femmes
qui ne veulent pas qu’on les reconnaisse. Elles sont habiles et rusées, mais je
vois bien qu’elles tiennent en leurs mains des poignards destinés à me percer
le cœur. Et les insignes d’or qu’arbore leur poitrine ne visent qu’à mieux nous
tromper sur leurs intentions. Certes, il n’est pas facile de distinguer parmi
elles la fille de Forgall puisqu’elle a changé d’aspect, mais moi, je sais bien
qui elle est. »
    À ces mots, Couhoulinn regarda à son tour et, parmi les
femmes qui les cernaient peu à peu, reconnut Émer, dont le visage se
dissimulait sous une capuche de couleur grise.
    « Ne crains rien, dit-il à Fand. Je te défendrai contre
toutes les femmes d’Irlande. Assieds-toi dans mon char et garde ton calme. Certes,
la fille de Forgall se fait menaçante, et elle médite de se jeter sur toi pour
te percer de son poignard, mais elle n’osera rien contre toi tant que je serai
là. »
    Après quoi, il s’avança vers Émer.
    « Ô femme ! s’écria-t-il, je t’éviterai comme
chacun évite le joug qui l’asservirait. Tu sais, toi, que je ne te frapperai
pas, mais je sais, moi, que tu ne tireras pas ton poignard pour me blesser ou
me tuer. Je conçois ta colère, mais je ne te crains pas, car, fussé-je en
danger, je ne saurais guère céder devant la force d’une femme. – Une question, ô
Couhoulinn, répondit Émer. Pour quelle raison, ô Couhoulinn, as-tu décidé de me
déshonorer aux yeux des femmes de la province et aux yeux de tous les gens d’honneur
qui sont en Irlande ? Si je suis venue ici en me dissimulant pour éviter
que tu ne me reconnaisses, je n’en demeure pas moins sous ta protection, ne l’oublie
pas, et la honte en retomberait sur toi, s’il m’arrivait malheur. Bien qu’il te
soit loisible de te vanter partout de tes prouesses, mon garçon, je te préviens :
tu ne réussiras pas à m’abandonner, et ce

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