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Les compagnons de la branche rouge

Les compagnons de la branche rouge

Titel: Les compagnons de la branche rouge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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femme ! dit-il, où est donc Loeg ? – Je l’ignore,
répondit Émer. Tu l’as envoyé dans un pays qu’il ne connaissait pas et d’où il
n’est pas revenu. »
    Sans plus d’ambages, il saisit ses armes et, quittant la
forteresse d’Émain Macha, partit d’un si bon pas à travers prés qu’il finit par
atteindre le gué de Roir où, soudain, lui apparut Li Ban, vêtue de son manteau
vert, sans qu’il sût ni comment elle se trouvait là ni d’où elle venait.
    « Salut à toi, Beau Chien, dit-elle. Je suis heureuse
de te rencontrer. – Tais-toi, femme maudite ! s’écria-t-il. Je ne sais ce
qui me retient de te passer mon épée au travers du corps ! – La colère t’égare,
ô Couhoulinn. Tu ne voudrais tout de même pas faire de mal à une femme que
préoccupe uniquement ton bien. – Mensonges que tout cela ! rétorqua-t-il, au
comble de la fureur. Pendant une année, la malédiction que tu avais jetée sur
moi m’a réduit à un pitoyable état de langueur ! – Tu l’avais mérité, fils
de Sualtam. Souviens-toi du jour où tu dardas ton javelot contre les oiseaux
blancs qui croisaient au-dessus de toi. Sais-tu qui ils étaient ? Fand la
Belle et moi-même. Nous venions te prier de nous suivre en Terre de Promesse
afin d’aider le roi Labraid à la main agile sur son épée. En récompense, on t’aurait
couvert d’or et d’argent, et tu aurais également obtenu Fand, l’épouse
délaissée de Mananann. – Qu’ai-je à faire d’elle ? s’écria-t-il avec
dédain. – Elle a jeté son regard sur toi en raison des grandes prouesses que tu
as accomplies. Au surplus, ton javelot l’a blessée à l’aile, c’est-à-dire au
bras, et elle en porte encore la trace. Or, cette plaie d’amour ne saurait se
cicatriser que tu ne t’étendes aux côtés de ma sœur, sache-le. – Et en quoi
puis-je aider Labraid à la main rapide sur son épée ? demanda-t-il, déjà
radouci. – En abattant trois de ses ennemis qu’il ne peut atteindre lui-même. Allons,
Couhoulinn, accompagne-moi jusqu’à sa demeure, je t’en prie. – Et où se trouve
sa demeure ? – Je vais te le dire, répondit Li Ban. Sur les bords d’une
mer très pure où le soleil joue avec les vagues en y déversant des milliers de
rayons d’or. Son pays ruisselle de pierreries et de cristal ; des milliers
de femmes, toutes plus belles les unes que les autres, s’y ébattent dans la
tendre lumière du matin, et c’est au sein de tribus heureuses que réside
Labraid, mon époux. Il est le plus merveilleux des hommes quand il s’avance en
tête d’une armée, et si son ardeur le rend impitoyable à l’encontre de ceux qui
l’attaquent, il sait se montrer la générosité même envers ceux qui lui sont
fidèles. Par toute la Terre de Promesse, ce n’est qu’un cri pour vanter ses
hauts faits. Ses chevaux sont sellés d’argent et bridés d’or rouge. La maison
où il réside est comme une forêt de piliers d’argent ou de bronze, et les
coupes d’hydromel débordent lorsqu’il y reçoit des hôtes. Oui, Couhoulinn, Labraid
se trouve sur le rivage, près d’une mer pure où les vagues jouent avec le
soleil. Et, sitôt qu’il saura ton arrivée, il accourra en personne pour t’accueillir
et te souhaiter la bienvenue. – Par le dieu que jure ma tribu ! s’écria
Couhoulinn, je n’ai pas pour habitude d’accepter l’invitation d’une femme à me
rendre dans son pays. – Eh bien ! dit Li Ban, viens dans mon pays sur l’invitation
d’un homme. Ne te souviens-tu pas d’avoir demandé à Loeg, fils de Riangabar, ton
cocher, de partir avec moi et de revenir te conter ce qu’il aurait vu et
entendu ? – Certes, dit Couhoulinn, mais où est Loeg, à présent ? – Je
vais te conduire vers lui, et il te dira tout ce qu’il sait de la Terre de
Promesse. »
    Couhoulinn la suivit donc, et elle le mena jusqu’aux bords
du lac où elle s’était embarquée avec Loeg. Ils l’y trouvèrent assis sur un
rocher que baignaient les flots. En l’apercevant, tout joyeux qu’il était, Couhoulinn
préféra ne rien montrer de son contentement.
    « Comment était-ce, ô mon père Loeg ? demanda-t-il
d’un ton brusque. – J’ai vu un pays merveilleux, répondit le cocher. Je t’affirme,
petit chien, que si rien n’est plus beau que lui, nulle femme n’est plus
charmante ni plus digne d’être aimée que Fand, fille d’Aed Abrat, celle que le
sort te destine. Mais comme, aujourd’hui même, doit

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