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Les compagnons de la branche rouge

Les compagnons de la branche rouge

Titel: Les compagnons de la branche rouge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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se dérouler une grande
bataille, et que cette bataille ne saurait être gagnée si tu n’y participes, il
est bon que tu m’accompagnes là-bas. – Je n’irai pas avec toi, ô Loeg, tant que
tu ne m’auras pas raconté ce que tu y as vu et entendu ! s’écria
Couhoulinn. – Très bien. Je ferai comme tu veux, petit chien. Sache qu’après
avoir atteint sans effort ce pays tout empli de merveilles, j’ai rejoint
Labraid et l’ai d’emblée distingué des guerriers qui l’entouraient en raison de
sa longue chevelure d’un blond éclatant. Il m’a accueilli avec bienveillance et
convié à l’accompagner dans la maison de Failbé le Beau. – Qui est ce Failbé le
Beau ? interrompit Couhoulinn. – Son frère, répondit Li Ban. Tous deux règnent
sur mon pays, tous deux y maintiennent la paix et l’harmonie pour le plus grand
bonheur de leurs moindres sujets. – Ensuite, ô mon père Loeg, dit Couhoulinn, qu’as-tu
vu ? – Failbé le Beau se trouvait en sa maison, entouré de trois fois
cinquante hommes, et, chez lui, j’ai vu cinquante lits du côté gauche, sur
lesquels étaient étendus cinquante chefs et, du côté droit, cinquante autres
lits et cinquante chefs. Magnifiques étaient ces lits, en bois de couleur rouge,
avec des colonnes dorées, et la lumière qui les éclairait provenait d’un
étonnant joyau fixé au plafond. Deux portes donnaient dans cette salle, l’une à
l’est, l’autre vers le soleil couchant, et des oiseaux y chantaient de
merveilleuses musiques. Au-dehors se dressaient trois vingtaines d’arbres à la
ramure abondante et dont les fruits parfumés et savoureux pouvaient nourrir
trois cents hommes. J’ai également vu une fontaine où l’on puisait une boisson
délicieuse que l’on distribuait à toute l’assistance sans qu’elle se tarît
jamais en aucune saison. – Et la femme qu’on nomme Fand la Belle ? L’as-tu
vue, ô Loeg ? – Sois patient, petit chien, noble fils de Sualtam. Dans la
maison dont je te parle, j’ai vu une femme d’une éclatante jeunesse, plus
distinguée que toutes les femmes d’Irlande, et sa chevelure blonde flottait
autour d’elle comme un parfum d’amour et de bonheur. Sais-tu ce que m’a dit
cette femme ? Elle a demandé qui j’étais et, quand elle a su que j’étais
ton serviteur, elle a prononcé ces paroles : “Il est fâcheux que l’homme
de Murthemné ne t’ait pas accompagné, car il est attendu avec impatience.” Oh !
Couhoulinn ! si l’Irlande tout entière m’appartenait, si j’en étais le roi
tout-puissant, sache-le, j’y renoncerais sans regret pour habiter le pays où je
suis allé… – C’est bien, ô mon père Loeg, dit Couhoulinn. Je pense que le pays
que tu me décris peut me convenir. – Mieux encore que tu ne penses, reprit Loeg.
En cette terre brillante et noble, où ne fut jamais proféré un seul mensonge, réside
un roi juste et sans défaut, Labraid à la main rapide sur son épée, et c’est
lui qui t’invite à le venir trouver. Sache que j’ai également vu là des
guerriers armés d’armes de toutes les couleurs, et braves et prêts à se battre.
Sache encore que j’ai vu là des femmes admirablement belles servir l’hydromel
au cours des festins. Sache enfin que j’ai entendu des musiciens jouer de leurs
instruments pour la femme qui t’attend, Fand la Belle, fille d’Aed Abrat. Ô
Couhoulinn, sans doute Émer, fille de Forgall, est-elle la plus belle de toutes
les femmes d’Irlande, mais la femme que j’ai vue là-bas ferait perdre la tête à
toutes les armées du monde. – C’est bon, dit Couhoulinn, j’irai donc dans la
Terre de Promesse. Conduis-moi, puisque tu en connais le chemin, et que Li Ban
vienne avec nous. »
    Ils montèrent donc tous trois dans la barque de bronze, et
celle-ci, traversant le lac, vint accoster à l’île où Li Ban avait déjà mené Loeg.
Ils y abordèrent et, de la maison qui leur faisait face, s’échappaient des
musiques délicieuses et charmantes à leurs oreilles. Comme ils approchaient, Labraid
à la main rapide sur son épée vint à leur rencontre et leur souhaita la
bienvenue. Puis ce fut au tour des femmes de s’empresser autour de Couhoulinn. Mais,
bientôt, Fand lui prit le bras l’entraîna à part, et leur entrevue fut aussi
tendre que passionnée.
    « Ô Beau Chien, dit-elle, béni soit entre tous ce jour,
puisqu’il t’amène près de moi ! Tu seras à jamais celui que j’aurai le
plus

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