Les compagnons de la branche rouge
événement
mythologique ou fabuleux. En fait, le nom d' Émain (dont
on ignore le sens exact) est des plus courants : il désigne en particulier
la mystérieuse Émain Ablach , la « Terre des Fées »,
analogue à l’île d ’Avalon de la légende arthurienne (voir « La Navigation
de Bran, fils de Fébal » dans la première époque de La
Grande Épopée des Celtes ). Mais si Émain Ablach est « Émain des Pommiers », Émain Macha est
en fait « Émain des Pâturages » (ou de la Plaine), conformément au
sens du terme macha . De toute façon, il s’agit du site
celtique d’Émania, ou Navan Fort, au sud-ouest d’Armagh, site des mieux repérés
et scientifiquement inventorié, capitale des anciens Ulates.
[24] D’après
un texte contenu dans le Livre de Leinster et le manuscrit
Harleian 5280, édité par E. Windisch dans Irische
Texte . Trad. française dans d’Arbois de Jubainville, L'Épopée celtique en Irlande , pp. 320 et sqq , Paris, 1907.
[25] En principe – principe corroboré par Jules César –, les druides n’étaient pas
assujettis au service militaire, mais rien ne leur interdisait de participer à
une guerre ou à une quelconque expédition. Cavad (Cathbad) signifie « qui
tue en combat ».
[26] Les Celtes comptaient volontiers par neuvaines (habitude qui imprègne toujours
certaines pratiques chrétiennes) et par vingtaines (en subsiste la trace dans
le français « quatre-vingts » et dans l’anglais score ,
littéralement « vingtaine », dont le sens s’est ensuite altéré).
[27] Il s’agit là d’un croisement de sens, probablement lié à un vague souvenir
totémique, car si nessa signifie bien « non facile », ness désigne la belette, animal fort cruel, comme on
sait.
[28] Ce cas de fécondation par voie buccale est loin d’être unique dans le
légendaire celtique, ainsi que l’attestent les contes populaires
bretons-armoricains, l’histoire d’Étaine (voir La Grande
Épopée des Celtes , première époque), ou celle de Taliesin (voir Le Cycle du Graal , première époque, « Le chef des bardes »).
En ce qui concerne l’union de Ness et de Cavad,
existent deux autres versions. Selon la première, Ness se trouve sur son trône,
à Émain Macha, quand passe le druide. Elle lui demande à quoi est bon le moment
présent, et il répond : « A faire un roi avec une reine. » Sans
plus de cérémonie, elle l’invite à s’approcher. « Alors Ness devint
grosse, et l’enfant fut dans son sein trois ans et trois mois » (Georges
Dottin, L’Épopée irlandaise , nouv. éd., Paris, 1980, p. 50).
La seconde version reprend le thème des vers mais prétend que Ness avait pour
amant le roi Fachtna Fathach, fils du druide Sencha. Il s’agit là d’une
rationalisation tardive destinée à démontrer l’ascendance royale de Conor.
[29] Entre Dundalk et la vallée de la Boyne, c’est-à-dire dans le Leinster.
[30] Divers manuscrits comportent une interpolation chrétienne dans le discours
prophétique de Cavad : « Il naîtra cette nuit dans l’est de la terre
un enfant qui sera au-dessus des hommes du monde, Jésus-Christ. » ( Livre Jaune de Lecan ) ; « Belle en vérité fut la
dignité qui naquit avec Conor, puisqu’il naquit au moment où le Christ naquit.
Sept devins avaient prédit, sept ans avant sa naissance, qu’il y aurait une
naissance illustre en même temps que la naissance du Christ sur la pierre où
naquit Conor, et que son nom serait illustre en Irlande ». ( Livre de Leinster .) Cette interpolation prépare les poèmes
dits un peu plus loin par Cavad, et surtout le récit de la mort de Conor :
il avait une pierre de fronde dans la tête et, pour survivre, devait éviter de
se mettre en colère ; or, sa colère éclata lorsqu’il apprit les
souffrances de Jésus-Christ sur la croix, la balle de fronde sortit de sa tête,
et il en mourut. Il ne faut pas négliger le fait que le manuscrit dit Livre de Leinster , qui contient la version la plus complète
de la Compert Conchobuir , c’est-à-dire la « conception
de Conor », fut rédigé par des moines de Glendalough (comté de Wicklow en
Leinster), et que ceux-ci s’efforçaient de rattacher le plus possible les
traditions païennes à des éléments bibliques.
[31] Mag Inis, littéralement « plaine-île », nom donné parfois à la plaine
de Murthemné.
[32] Il se peut que le nom de Conor, transcription phonétique de la graphie gaélique Conchobar ,
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