Les compagnons de la branche rouge
breton-armoricain nenv ,
d’où le celtique nemeton , « sanctuaire », à
comparer avec le latin nemus , « bois sacré »).
[132] Si le procédé paraît peu digne de l’esprit chevaleresque qui anime généralement
les épopées, il s’agit en fait d’un mythe universel très archaïque : tout
guerrier invulnérable a son point faible, car nul n’est immortel, et il revient
toujours à une femme de dévoiler le secret de sa vulnérabilité. Voir Samson et
Dalila dans la Bible. Voir Achille, dans l’ lliade , ou
Sigurd-Siegfried dans la geste germano-scandinave. Un héros ne saurait être
vaincu que par trahison, parce que son héroïsme et son invincibilité sont, par
définition, d’origine magique. Voilà pourquoi Couhoulinn va s’initier aux arts
de la guerre et de la magie auprès des mystérieuses
femmes-guerrières d’Écosse qui lui enseignent des « prouesses »
secrètes. Voilà pourquoi, dans la version galloise de la Quête
du Graal , Peredur l’est à son tour par les non moins mystérieuses « sorcières »
de Gloucester (voir la sixième époque du Cycle du Graal, op. cit. ,
« Perceval le Gallois ». Dans cette même tradition galloise, la
quatrième branche du Mabinogi , « Math fils de
Mathonwy », fait état du procédé non moins choquant grâce auquel
l’énigmatique Blodeuwedd arrache le secret de son invincibilité à son mari Lieu
Llaw Gyffes pour le faire tuer par son amant Gronw Pebyr (voir la quatrième
époque du Cycle du Graal, op. cit ., « La Fée
Morgane »). Enfin, Couhoulinn recourra plus tard à un procédé analogue pour
venir à bout de Cûroi mac Daeré. Il est évident que la morale issue du
christianisme serait déplacée dans les récits mythologiques dont les
structures, exclusivement symboliques, légitiment tous les « écarts de
conduite » habituellement considérés comme déshonorants.
[133] Conformément à un usage très ancien, on honore le défunt en déposant une pierre
sur son tombeau lorsqu’on passe à proximité. Cet usage s’est perpétué depuis
lors par le geste de jeter une poignée de terre dans la fosse lors des
inhumations. Dans le cas présent, le geste a plutôt valeur d’exorcisme contre
les maléfices que pourrait encore dispenser la tête de Conganges.
[134] Faute de la moindre précision sur cette Veuve et son fils, on pourrait penser
qu’il s’agit de la veuve de Blai Briuga, mais rien ne justifie pareille
identification. Si l’expression « Fils de la Veuve » désigne depuis le XVIIIe siècle les adeptes de la
Franc-Maçonnerie, elle est trop tardive pour rien signifier ici. Mais on ne
saurait omettre que Perceval le Gallois est souvent nommé « Fils de la
Veuve Dame », et que son aventure, notamment son silence devant le Cortège
du Graal, la première fois qu’il assiste à cet étrange repas, rappelle en de
nombreux points certains rituels maçonniques. Il y a là un problème non résolu.
Voir la sixième époque du Cycle du Graal , op. cit.,
« Perceval le Gallois ».
[135] De nombreuses traditions populaires rapportent la découverte d’une statue
féminine dans le creux d’un chêne, statue probablement de déesse-mère, mais
qu’on identifie immédiatement à une représentation de la Vierge Marie et qu’on
appelle « Notre-Dame du Chêne ».
[136] Ces détails font penser à un autre animal dévastateur, Twrch Trwyth, sanglier
monstrueux de la tradition galloise que doit poursuivre et tuer le roi Arthur.
Voir la deuxième époque du Cycle du Graal, op. cit .,
« La chevauchée du Prince Kilourh ».
[137] Étonnante description d’un rituel magique.
[138] Ils accomplissent là un geste sacrilège qui justifie les calamités dont vont se
rendre responsables les animaux magiques – ceux-ci symbolisant les forces de
destruction du monde.
[139] Il a en effet trahi la confiance du chien, mais contraint et forcé par le
véritable geis prononcé contre lui par les Ulates le
sommant d’accomplir sa promesse de compenser le meurtre de Blai Briuga. Ainsi pris
entre deux geissa , il ne peut plus échapper à son
destin : il est châtié pour la faute qu’il a commise en tuant Blai Briuga
de façon non chevaleresque et en enfreignant le droit d’asile royal.
[140] Comme le chien est un monstre ravageur, son sang est nécessairement vénéneux.
[141] D’après Aided Celtchair Meic Uthechair , récit contenu
de façon lacunaire dans le Livre de Leinster , et
intégralement
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